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NAPOLÉON

de Ridley Scott *

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Avec Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby (la farandole d'autres acteurs ne sert à RIEN).

Ascension, déclin et mort de Napoléon Bonaparte alias Nabulio, La Paille-au-nez, le Général Vendémiaire, le Petit Caporal, Boney, le Petit Tondu, Buonaparte, l'Usurpateur, Le Tyran, l'Ogre, Le Père-la-Violette, Jean de l'Epée, Nicolas, Lou Castagnié (je pense qu'il était important de le souligner).

Et accessoirement sa relation tumultueuse et (prétendument) passionnée avec sa Joséphine.

Si le film au départ destiné à une plate-forme payante et télévisuelle n'était pas sorti en salle, j'en aurais été bien désolée. Après l'avoir vu en salle, je me demande ce qui est passé dans la tête de Ridley Scott pour consacrer tout cet argent, toute cette énergie pour un tel résultat ? N'y a-t-il pas un personnage britannique qui mérite toute son attention car manifestement "notre" Napoléon ne l'inspire guère. Comme je n'ai ni habilitation, ni doctorat, même pas un petit master en historiologie, je suis comme beaucoup, je ne connais que le strict minimum de Napoléon, ce ne sont pas tant les approximations ou les imprécisions historiques qui m'ont chiffonnée mais bien le fait que je n'ai pas trouvé le film très bon. Je ne l'ai pas trouvé bon du tout d'ailleurs soyons réaliste. Pourtant de grandes fresques historiques (romancées, trahies ou non), je suis plutôt friande.

Bien sûr, les tatillons chagrins pourront noter (à raison) que nous ne trouvons ici rien, mais alors rien de rien, du positif comme du négatif, sur les desseins coloniaux de l'Empereur, le rétablissement de l'esclavage, ses réalisations en architecture et urbanisme, ses nombreuses réformes. Pas plus que nous ne le verrons assis à sa table de travail pour rédiger son abondante correspondance (il expédiait jusqu’à plusieurs dizaines de lettres par jour) voire la rédaction du Code Civil qui organise toujours (sauf erreur ou omission) la vie quotidienne des Français. Quant aux profanes en matière de napoléonneries, ils auront peut-être du mal à comprendre comment le petit sous-lieutenant en garnison à Valence est devenu Empereur des Français, quinze ans après une révolution et le renversement de la royauté. Et surtout pourquoi, mais pourquoi embarque-t-il sa grande armée en Russie comme à Toulon, en Egypte ou en Syrie ? En Egypte tiens, parlons-en. Même pas un petit : « Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! ». C'est tout l'inverse, c'est lui qui contemple d'en bas et balance deux boulets dans les pyramides !!! Chaque bataille (quatre ici je crois) n'est guère justifiée par des paroles mais plutôt par le fait que Ridley veut utiliser ses filtres moches grisouilles pour montrer que la pluie ça mouille, l'eau ça gèle et le vent ça souffle. N'ayons pas peur des mots, l'image est mochtronne à souhait. La plus belle scène est celle de l'auto couronnement, c'est simple c'est beau comme un tableau de Jacques-Louis David et là, Ridlounet peut utiliser ses filtres jaunes ocres.

Sinon, vous vous souvenez de l'une des premières scènes de (mon) Gladiator (adoré) lorsque Maximus Desimus Meridius, commandant en chef des armées du nord, général des légions Félix attaque les Marcomans dans une forêt ? Et bien il y a la même scène ici, dans la même forêt en pente. C'est peut-être un détail pour vous, mais moi, ça m'a donné envie de re re re re re re... voir Gladiator (de Ridley Scott). En tout cas, Ridley ici, comme c'est étrange, s'attarde plus sur la bataille de Waterloo que sur celle d'Austerlitz, allez comprendre pourquoi... Il y a du monde sur l'écran et ça s'embroche sévère.

Alors, évidemment, "sur le terrain" (militaire) le garçon (Napo, pas Ridley) n'a pas l'air manchot et n'hésite pas à foncer dans le tas sabre au clair. Mais passer successivement de lieutenant, à capitaine puis général en chef grâce aux succès des campagnes et expéditions pour finir Premier Consul puis Empereur sans la moindre explication politique, c'est un peu court jeune homme et abscons. Bien sûr, Monsieur Scott n'est pas là pour nous faire réviser les bases de notre Histoire à nous, nous sommes au cinéma et le réalisateur a l'amabilité de détailler sur l'écran et en toutes lettres chaque évènement qu'il choisit de mettre en images. Mais faire de Napoléon un petit mec assez minable, hargneux sur le champ de bataille, qui se bouchait les oreilles dès qu'on tirait à boulets rouges sur l'ennemi

Napoléon » : Ridley Scott a-t-il vraiment pris des libertés avec l'histoire  ?

très besogneux au lit, piètre amant (si l'on en juge par la mine déconfite, désolée, pressée d'en finir de Joséphine toujours "honorée" à quatre pattes) est assez sommaire. Aucune subtilité ni complexité dans ce personnage fruste, vulgaire et simpliste. Ce qu'il était peut-être, sans doute même, mais avec peut-être néanmoins quelques nuances qui lui ont permis de grimper au sommet de l'Etat.

Revoir l'histoire pour en donner sa vision, ok, mille fois d'accord, on est au cinéma pas dans la revue Historia. Encore faut-il amorcer l'embryon d'un point de vue qui semble être ici : Napoléon est un pauvre type. A m'entendre écrire (oui, je m'entends écrire) je ne voudrais pas faire croire que je défends d'une quelconque façon ce tyran mais il se trouve que je n'ai vu ici qu'un militaire lambda, plutôt bas de plafond et pas bien chanceux en amour. Juste avant le générique, Ridley fait le décompte des millions de morts sous le règne de son héros. C'est une réalité mais pour ce bilan réducteur, un court-métrage voire un post-it suffirait. Pourtant le réalisateur avait traité cette époque dans son excellent Les duellistes. Il est clair que Napo ne l'a pas inspiré.

Et Joséphine dans tout ça ? OMG !!! Lors de sa première apparition, on a l'impression qu'elle sort d'un camp de concentration ou qu'elle s'est fait tondre à la libération. Alors oui, elle a fait quelques mois de prison (la révolution, la terreur tout ça) mais il est peu probable que la coquette qu'elle était se soit présentée dans le monde ainsi coiffée, maquillée à la truelle (ça déborde de partout) et attifée. Soit. Mais dès lors qu'elle séduit Napo, qu'ils se marient, elle ne cesse de lui dire que sans elle il ne serait rien. Elle le dit, elle le répète. Mais RIEN dans le film n'amorce le début du commencement de cette influence qu'elle revendique. C'est surtout son ventre stérile qui intéresse. Bien qu'elle ait eu deux enfants de son union avec de Beauharnais (raccourci pendant la Terreur) et malgré toute l'application de Napoléon à la besogner (je ne vois pas d'autres termes pour qualifier son ardeur misérable), son ventre reste vide. Et l'Empereur ne peut s'envisager sans succession. Il ira testé d'autres utérus plus avenants qui prouveront que la "faute" ne lui incombe pas. C'est d'un chic ! J'ai quand même entendu parler de féminisme (quand on peut pas placer résilience on place féminisme) concernant ce personnage. Euh, Nicolas Schaller de Première, tu t'es mis à la boisson ou bien ? Revenons-en à Jojo, bannie mais grassement rémunérée pour l'humiliation (le divorce hein pas les cornes de cerfs qu'elle a sur la tête), Joséphine se retire à la Malmaison mais prend froid car elle passe sa vie dehors à scruter le fond du jardin. Keuf keuf keuf et paf. Au fond avec son manteau bleu et son bicorne (qu'il ne quitte même pas pour dormir) vous voyez Napo qui vient lui présenter le bébé qu'il vient d'avoir avec Marie-Louise. L'élégance jusqu'au bout.

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La scène la plus drôle, car Ridley et Joaquin sont deux comiques, est la rencontre avec Marie-Louise. La petite n'était pas chaude chaude à l'idée de venir en France vu qu'on avait quand même séparé le corps de la tête de tata Marie-Antoinette. Mais quand Napo voit la choupinette, il lui dit : "vous êtes toute petite, je n'ai pas l'habitude".  Du haut de son mètre soixante huit il était plutôt habitué à ce que les filles lui mange la soupe dans le bicorne. On ne verra rien de plus de Marie-Lou. Dommage car son union avec Napoléon était plutôt croquignolette.

Question musique, soit le génial Hans Zimmer devait être occupé ailleurs soit Ridley a voulu faire le malin en engageant un obscur tâcheron, Martin Philipps. Je ne ferais pas dans la dentelle et affirme que la partition donne tout bonnement envie d'aller se pendre pour abréger nos souffrances. Pas de risque qu'elle reste immortellement en tête comme celles de Inception, Gladiator, Batman et compagnie.

Côté Joaquin... disons que le fait qu'il ait l'âge de Napoléon en fin de vie alors qu'il n'a que vingt ans au début de l'histoire gêne un peu. A la fin, il ressemble à un vieillard et sa mort est un peu copiée sur celle de Marion Cotillard dans Batman. Je pense qu'il se donne à fond mais pour la première fois, il n'impressionne pas.

Curieusement le film dure 2 h 38 min. et entre deux micro-siestes, le temps ne m'a pas vraiment paru long. Je crois que j'attendais coûte que coûte qu'il devienne enfin passionnant. Cela n'est pas arrivé. J'apprends qu'une version longue de 4 h 30 min. nous pend au nez. Manifestement Ridley et Sam Restivo (le chef monteur) n'ont pas donné les coups de ciseaux aux bons endroits. Affirmer que je verrai les 4 h 30 pour m'en assurer n'est pas certain.

A vous de jouer.

P.S. : j'aime bien l'affiche.

Commentaires

  • Le dossier Napoléon n'est pas bien passionnant ici alors qu'il y avait matière je pense.

  • Nous n'avons lu que de critiques mitigées, nous n'irons pas le voir. Pourtant, on a vu de bons films de Ridley Scott ...dommage

  • Il semblerait que les coupes rendent le film... étrange.

  • Je préfère donner envie d'aller au cinéma que le contraire, mais franchement celui-ci j'ai du mal à le conseiller.

  • J'ai lu en diagonale (si tout va bien, je rejoins l'Empereur dès demain sur le champ de bataille), mais visiblement ton avis rejoint les échos grincheux que j'entends depuis sa sortie.
    Avec Scott, c'est toujours un peu quitte ou double dans ces grandes fresques historiques, tout dépend de qui lui mâche le scénario. Je me souviens d'un "1492" qui m'avait passablement navré, souvenir effacé plus récemment par l'enthousiasmant "le dernier duel" confié par Affleck et Damon. Sachant que Judy Comer devait jouer Joséphine, je me disais que, peut-être, la sensibilité "Thelma et Louise" du père Scott allait de nouveau flotter sur l'étendard de la grande Histoire. Pas franchement une réussite apparemment.
    Il reste aussi la jurisprudence "Kingdom of Heaven" : vilipendé lors de sa sortie en salle, puis très largement réhabilité dans sa version longue et intégrale. ça laisse un peu d'espoir à notre petit Corse qui sait ? Dans 100 jours on aura peut-être une version DVD qui le remettra sur le trône ?

  • Bravo si tu y trouves ton compte.
    C'est très laid visuellement j'ai trouvé.
    La musique est un appel au suicide.
    Les dialogues sont navrants.
    La psychologie rase les pâquerettes.
    J'en passe et des meilleures...

    Xavier Giannoli m'a bien fait rire ce matin dans ma France Inter.
    D'origine Corse, il a simplement dit : Pardon Napoléon :-)))))))

  • Cette affiche-là est bien, l'autre est juste hideuse.
    Un peu comme le film d'ailleurs qui, à bien des endroits, me rappelle le désastreux "Dix Commandements". Je penche pour une malédiction pharaonique sur Monsieur Scott.

  • Oui le film est laid comme l'autre affiche.
    De quels 10 commandements parles-tu ? De Cecil B ? Je ne vois pas le rapport.
    On peut parler de catastrophe industrielle non ?

  • On peut... mais laissons une chance à la version longue.

    J'avais oublié le titre de la version Scott : "Exodus". Du coup je lui ai donné le titre du chef d'oeuvre de De Mille.

  • Tu as l'intention de te faire la VL ?
    Cela dit, je parie que je m'y collerai aussi.

    Ouf. J'ai revu Charlton qui cause à son buisson, cette année je pense. Une somme ce film.

    Tu m'as encore fait peur, j'ai cru que tu parlais de l'Exodus d'Otto avec MON Ari Ben Canaan, un de mes films de chevet que je revois régulièrement.
    Tu l'as vu, j'imagine.
    J'ai complètement oublié l'Exodus de Rid. Parfois il se plante en beauté.

  • Forcément, s'il prend à chaque des titres qui ont déjà été faits par d'autres avant : Exodus, Napoléon, Robin des Bois,...

  • Tu crois qu'il s'attaquerait à Gone with the wind ?

  • Chiche

  • Tu lui souffles à l'oreille ? DE NE PAS LE FAIRE.

  • Bonjour Pascale, je passe mon tour, la bande-annonce m'a suffi, je ne suis pas fan de Napoléon et qu'un Anglais fasse cette bio est pour moi, un crime de lèse-majesté. Bon dimanche.

  • Bonjour dasola, Si l'anglais avait fait un bon film ce ne serait vraiment pas grave. Ce n'est pas le cas, du tout.

  • Un pamphlet d'un anglais qui veut ridiculiser Napoléon comme le faisait les caricaturistes de propagande de l'époque... En 2023 ce film révisionniste est un scandale, d'autant plus que Ridley Scott omet toute once d'humour ou de dérision, il est bel et bien en mission de sape avec ce film.

  • Scandaleux, révisionniste... faut peut-être pas exagérer. Je pense que Scott n'a pas bien étudié son sujet et qu'il a buté devant la somme colossale de documents.
    Ça commence dès la 1ère scène. Faire assister Napo à l'exécution de Marie Antoinette alors qu'il était en train de guerroyer à Toulon.
    Tout cela n'est pas bien grave, c'est un film, un mauvais film.

  • Je me demande si je préfère quand tu aimes ou quand tu détestes, mais à la réflexion, j'adore quand tu hais ." Il était habitué à ce que les filles lui mangent la soupe dans le tricorne", je ne m'en remets pas ... d'ailleurs, n'était-ce pas plutôt un bicorne ?
    Continue ainsi tes commentaires au vitriol, ils illuminent nos journées plombées par le mauvais temps.
    Et tu as raison, pourquoi Ridley n'a-t-il pas choisi Nelson, Wellington, lord Byron, cet ange maudit ou Godiva ou George Eliot , puisqu'il se pique de féminisme ?

  • Tu as tout à fait raison, c'est un bicorne, c'est bien suffisant pour sa petite tête.
    Tu fais partie de ceux qui préfèrent quand je n'aime pas. Hélas je n'écris plus forcément sur les films que je n'aime pas. Cela prend du temps mais quand le vase de la déception déborde, je me lance :-)
    Entendre parler de féminisme pour ce film est vraiment une aberration. Il faudrait vraiment creuser profond pour en découvrir. Joséphine est à la limite du ridicule.

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