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YURT / QUELQUES JOURS PAS PLUS

YURT, Nehir Tuna; cinéma, Doga Karakas, Can Bartu Aslan, Ozan Celik, QUELQUES JOURS AVEC MOI,all

Quelques mots sur deux films qui n'ont a priori rien à voir l'un avec l'autre (quoiqu'ils évoquent tous deux des fléaux de notre monde qui fout le camp : la religion, le sort des migrants en Europe et en France) et qui méritent votre meilleure attention.

YURT de Nehir Tuna ***(*)

YURT, Nehir Tuna; cinéma, Doga Karakas, Can Bartu Aslan, Ozan Celik, QUELQUES JOURS AVEC MOI,

Avec Doga Karakas, Can Bartu Aslan, Ozan Celik

Turquie, 1996. Ahmet, 14 ans, beau et doux comme un ange est issu d'un milieu relativement aisé. Il se soumet à la volonté de son père radicalisé. Le jour il est élève dans une école privée nationaliste qui avant le début des cours chante les louanges de l'Atatürk. Le soir il doit rejoindre en cachette un pensionnat religieux, un "yurt", où il reçoit, à coups de triques l'enseignement coranique.

Le jour, il est un élève brillant qui n'a d'yeux que pour la belle Sevinç. Le soir dans un dortoir surpeuplé, il reçoit les brimades d'autres pensionnaires ou les coups de ceintures d'un religieux particulièrement zélé dans l'art de montrer de quel bois il se chauffe. Grâce à Hakan, plus âgé, moins bien loti socialement pourtant, il va réussir à supporter l'atmosphère étouffante et terrifiante de l'endroit.

Cet excellent et magnifique premier film d'un réalisateur de 38 ans parle à n'en pas douter d'une expérience personnelle. Emprisonné entre deux orientations le garçon qui ne parvient pas à sentir malgré ses efforts la présence de Dieu en lui, obéit sagement à son père qu'il admire même s'il ne le reconnaît plus. Les rares beaux moments entre eux prouvent qu'il y a eu entre eux une belle complicité. La mère n'a rien à dire mais, confiante, ne voit pas la menace que peut induire cette schizophrénie éducative. Et aucun des deux n'imagine le traitement que les pensionnaires du yurt endurent. Entre autres joyeusetés, les garçons sont appelés deux par deux, doivent se mettre face à face et s'envoyer des baffes de plus en plus violentes. J'imagine bien que cette pratique doit être inscrite dans le Coran... L'embrigadement est admirablement montré ainsi que la douce résistance de Ahmet. On est révolté une fois de plus par les dégâts, les aberrations et les méfaits de la religion mal comprise, mal enseignée par des religieux proches du fanatisme.

Le film évoque également les antagonismes du pays pris entre religion et laïcité dans un beau noir et blanc qui subtilement fait place à la couleur lors d'une scène où la lumière semble jaillir dans la vie perturbée d'Ahmet et offre aux spectateurs la possibilité de sourire et respirer enfin, sortir du malaise.

Dans le rôle de l'adolescent à la douce révolte, le réalisateur a trouvé une perle rare, un joyau brut à la prometteuse carrière. Tour à tour enfantin et d'une maturité folle, Doga Karakas passe d'une émotion à l'autre dans la même expression. Il est impressionnant tout du long dans ce film passionnant qui ne souffre que du petit quart d'heure de trop (petit flottement au milieu) propre à beaucoup de premiers films mais qui finit par redémarrer et nous emmener ailleurs. Remarquable !

P.S. : j'ai adoré l'explication d'Ahmet au fait qu'il éteigne et allume toujours trois fois avant de sortir d'une pièce. La pression que se mettent les enfants parfois !!!

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QUELQUES JOURS PAS PLUS de Julie Navarro ***

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Avec Benjamin Biolay, Camille Cottin, Amrullah Safi, Makita Samba, Loula Bartilla Bresse

Pour avoir fait de gros dégâts dans un hôtel sous l'emprise d'un bonbon aux effets incontrôlables (scène racontée de façon TRES drôle), le critique de rock Arthur Berthier se voit relégué par son patron aux informations générales. Envoyé pour couvrir l'évacuation d'un camp de migrants, il reçoit malencontreusement un coup de matraque. Quelques jours plus tard Mathilde, une des responsables de l'association Solidarité Exilés prend de ses nouvelles. Il se rend à l'association et accepte, presque contraint et forcé d'héberger Daoud un jeune migrant afghan dans l'attente de lui trouver une place dans un centre d'accueil.

Jolie surprise que ce film qui même s'il montre le chemin vers l'engagement humanitaire d'un homme un peu revenu de tout qui souhaite surtout que la jolie Mathilde s'intéresse à lui, n'en est pas moins juste et émouvant.

Inspiré par le roman du compagnon de la réalisatrice "De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire" le film est aussi l'occasion de démontrer, la fatigue, l'épuisement des "humanitaires", des bénévoles qui se défoncent jour et nuit pour porter secours aux migrants, leur offrir un repas, un endroit où passer la nuit etc. en l'absence de toute autre solution. Cet aspect du film est quasi documentaire et a dû faire l'objet d'une belle documentation. Cela rend le film vraiment réaliste, sincère et très bienveillant. Si Camille Cottin ne m'a pas vraiment convaincue dans le rôle de l'ex avocate finalement dévouée aux autres, le choix de Amrullah Safi est vraiment excellent. Il est dans la vie comme dans le film un jeune réfugié afghan cuisinier d'une grande douceur. La séquence où il se rend dans l'école de la fille d'Arthur pour répondre aux questions des lycéens et où il évoque son périple pour venir parfois à pieds d'Afghanistan en France est saisissant et bouleversant alors qu'il n'ajoute aucun effet mélodramatique à son récit.

Quant à Benjamin Biolay, il tient là c'est sûr son meilleur rôle au cinéma. Avec son perfecto, ses tee-shirts de collégien, son humour et sa nonchalance, il avait tout pour incarner ce critique rock cynique et un peu las. Bien que le thème de la cohabitation entre un bobo parisien et un jeune migrant soit parfaitement traité, il est la carte maîtresse du film et il parvient sans le moindre cynisme cette fois à nous faire croire à son engagement solidaire et durable. Même si obtenir un rendez-vous avec Mathilde reste une priorité. Ses relations compliquées avec sa grande fille ado sont un régal aussi. Il est extra en papa cool parfois exigeant mais toujours dépassé par les sautes d'humeur de la demoiselle. Il est drôle, il est parfait.

Et à la fin, j'ai pleuré...

Commentaires

  • Eh bien, je constate que tu ne t'ennuies pas en attendant le polar !
    Pas l'air très drôle cette "Yurt", même pas une petite chorale pour rendre tout ça plus joyeux ?
    L'autre film ne m'attire pas du tout.

  • Je ne voulais pas rater Yurt et l'autre est une belle surprise. Rien à signaler côté réalisation mais le ton est très juste et BB brillant.
    Pourquoi une chorale, tu trouves que cela ressemble aux choristes ? Un film à voir.
    Hâte de découvrir les polars.

  • Bonjour Pascale ! A la lecture de ton avis et au vu de l'affiche Yurt me tente beaucoup. Mais je ne l'ai pas vu passé ? C'est tellement le genre de films qui me parlent. Je vais essayer de le voir la semaine prochaine, si jamais il passe toujours quelque part !

  • Bonjour Aurore. Il a pourtant bénéficie d'une belle promo mais sur France Inter. Tu le trouveras sûrement à Paris.

  • J'étais tenté par quelques jours pas plus, voir BB dans des tee-shirts de collégiens (dis, c'est quoi des tee-shirts de collégiens ?... je m'inquiète parce que peut-être, sans le savoir, je porte moi aussi- des tee-shirts de collégiens)

  • Va le voir, c'est chouette.
    Des tee-shirts floqués à l'effigie de ton groupe préféré :-) Je suis sûre que tu en portes.
    Je trouve cela régressif mais trop mignon. Cela n'a rien d'inquiétant.
    https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fquai-m.fr%2Fmagazine%2Fle-t-shirt-leffigie-dun-groupe-de-rock&psig=AOvVaw02wJY714yju6sWP2GFEaqK&ust=1712734651013000&source=images&cd=vfe&opi=89978449&ved=0CBQQjhxqFwoTCLiV1f3PtIUDFQAAAAAdAAAAABAE

  • Mince... oui, alors effectivement, j'en porte plein... des tee-shirts et des sweats... collégiens...

  • Je ne suis pas surprise et n'imaginait pas un costume cravate :-)

  • Il y a c est vrai quelques chansons ( patriotiques) dans Yourt.
    En tout cas jolie surprise que ce beau film et ce jeune acteur. Très content d avoir lu la petite fiche trouvée au Caméo sur ce film avant de le voir, cela expliquait un peu la situation sociale et politique de l'époque en Turquie.
    Si j'ai le temps j'irais voir quelques jours. Mais dans ma liste il y aussi Paternel et Sean Penn et aussi La promesse verte et une famille.. Mais je pense je devrais faire des choix... Bon festival à Reims

  • Beau film et bel acteur oui.
    Quelques jours... et Paternel sont très bien.
    Je n'ai pas vu Sean Penn (dommage). Je n'irai pas voir Une famille, La promesse verte est ratée (je préfère ne pas en parler :-) ).
    Merci.

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