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LA PETITE DERNIERE

de Hafsia Herzi °

LA PETITE DERNIERE, Hafsia Herzi, cinéma, Nadia Meliti, Ji Min Park

Avec Nadia Melliti, Ji Min Park

Fatima a dix sept ans, passe le bac, prie chaque matin et découvre que son petit ami qui aimerait l'épouser dare dare et lui faire des enfants ne l'intéresse guère (on la comprend).

Fatima est attirée par les filles mais dans son milieu social et sa religion, c'est tabou. "L'instinct de l'homme est d'être attiré par les femmes, celui des femmes par les hommes" lui dira l'Imam qu'elle va consulter. Bon.

Que dire ? Je suis tellement embarrassée par ce film que je ne sais par où commencer, par quel bout le prendre. Je n'avais vu aucun des films d'Hafsia Herzi (en tant que réalisatrice, c'est une actrice vraiment merveilleuse) mais impressionnée par la critique en feu pour celui-ci, je craignais vraiment de rater quelque chose d'imparable. La bande annonce me laissait également perplexe : cette impression de voir le film condensé en 2 minutes 30 était tenace (et bien réelle). J'y suis donc allée avec des pieds de plomb ce qui m'arrive parfois et parfois j'ai tort et j'aime avoir  tort quand il s'agit d'une bonne surprise. Pas là. Je me suis ennuyée du début à la fin. Cette impression d'avoir vu cela des milliers de fois ne m'a pas lâchée. Pourtant le "thème" de l'homosexualité féminine n'a paraît-il jamais été traité aussi frontalement. Ah bon ? Et bien, les lesbiennes doivent pleurer en voyant ce film qui les présente comme des obsédées qui enchaînent les relations sexuelles. Bien sûr Fatima tombe amoureuse mais dès qu'il y a un pépin dans la relation, elle s'inscrit sur les réseaux et enquille les relations sans lendemain. Lorsqu'elle sympathise lors d'une soirée (organisée par les garçons de la fac... oui, entre temps elle a eu son bac et fait philo (on croit rêver !)) avec un couple de lesbiennes très délurées, les jeunes femmes plus âgées qu'elle lui assure qu'elles connaissent son secret car elles se reniflent entre elles c'est bien connu. S'ensuivent des scènes dignes d'un porno soft où d'ailleurs Fatima est la seule dont on ne voit jamais un centimètre de peau, avec un plan dégueulasse très long de bas en haut où Melissa Guers de dos se pétrit les fesses nues et ondule de façon suggestive. Pourquoi ? Une longue scène de voiture (qui a émoustillé Télérama) explique avec des mots, l'art du "bouffage de cul", du cunnilingus et du 69. Sachez que la langue doit être molle ("sinon c'est un mec"). En outre, Fatima qui n'assume pas son homosexualité et se cache (on comprend pourquoi, ce n'est hélas toujours pas simple, dans son milieu comme dans d'autres) mais participe à une marche des fiertés. Elle vit sa religion comme une superstition (si sa copine ne veut plus la voir, c'est qu'Allah la punit !!!). Elle découche, et sa famille, pourtant très à cheval sur les comportements de Fatima et de ses deux soeurs, ne dit rien. La mère s'inquiète si sa fille fait un jogging (en journée), elle va se faire égorger, et ne bronche pas quand elle sort en boîte. Le père est avachi non stop sur le canap' devant la télé. On l'a payé le gars pour faire ça ? Je n'ai pas relevé la quantité de choses agaçantes de ce film !

Mais ce n'est pas tout. Il a reçu la Palme Queer au Festival de Cannes (j'aimerais vraiment avoir l'avis d'homosexuelles) et Nadia Melliti le Prix d'interprétation. Mais POURQUOI ? Il est vrai que les films cannois de cette année n'avaient pas de rôles féminins très remarquables mais là, je suis sidérée. Cette interprétation consiste en un visage figé sur une expression unique boudeuse ou agacée (j'hésite) et le personnage est incapable de faire une phrase complète (j'ai failli dire comme la réalisatrice mais il ne faut pas abuser). Cela me fatigue ces films où les personnages ne se parlent pas pour s'expliquer ! L'usage de la parole est pourtant un merveilleux outil. Et puis c'est quoi ce truc de mettre toujours des personnages asthmatiques avec leur nébuliseur de Ventoline reconnaissable entre mille, il est bleu ? En tant que mère d'asthmatique, je suis exaspérée. L'asthme n'est pas un gadget et n'apporte ici rien à l'intrigue (l'intrigue, j'ai failli rire). En général, l'asthmatique se retrouve dans une situation inextricable où il a du mal à respirer et paf... il n'a pas son ptit nébuliseur. C'est ballot.

Côté réalisation. Hafsia a dû regarder en boucle La graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche. Ah bah oui c'est le film qui l'a révélée en tant qu'actrice. Etait-elle obligée de reprendre à la lettre ses tics de réalisation (un peu mieux maîtrisés chez son aîné) : filmer son actrice de dos, la suivre à la trace, multiplier les gros plans (mais vraiment très très gros plans, je pense que plus près la caméra lui entrait dans l'oeil), les bruits de déglutition (TRES nombreux, ARRÊTEZ DE FILMER LES ACTEURS A TABLE, merci, bisous), les baisers baveux en mode succion aspirante (mais qui embrasse comme ça ?)...

Auditivement j'ai AUSSI énormément souffert.

Je n'ai été ni émue ni intéressée. Plutôt consternée.

Seule la maman m'a semblé digne d'intérêt. Confinée dans sa cuisine, elle cuisine. Mais elle couve d'attentions sa nichée. Elle est vraiment douce et bien incarnée par une actrice sans doute non professionnelle. Cela fait bien peu.

P.S. : quand on pense qu'Hafsia a dit à Thierry Frémaux : "je reviendrai à Cannes et j'aurai la Palme". Pincez-moi !

Commentaires

  • Bonsoir Pascale, pas vu et tu ne donnes pas envie. Concernant le prix d'interprétation, je l'aurais donné à Lea Drucker qui est sensationnelle dans Dossier 137 de Dominik Moll. Le film qui sort bientôt est très bien et je regrette qu'il n'ait rien reçu à Cannes. Bonne soirée.

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