LUMIÈRE PÂLE SUR LES COLLINES
Les relations entre la jeune femme et sa mère Etsuko sont tendues, la mère se montrant peu chaleureuse avec sa fille. Les éléments biographiques vont se révéler peu à peu, notamment par le fait qu'une pièce est inoccupée dans la maison. Nikki, journaliste, souhaite écrire un livre sur la vie de sa mère qui se trouvait à Nagasaki pendant la guerre et a quitté le Japon peu après. Etsuko est d'abord hostile puis réticente à l'idée de faire le récit de ses souvenirs et finalement lors d'une insomnie des deux femmes, la mère commence à se livrer, à tenter de remettre ses souvenirs en ordre.
Les incessants allers et retours temporels entre le Japon et l'Angleterre plus de trente ans après sont limpides et ne nous perdent pas. Il est plus difficile par contre de faire parfois le lien entre les personnages du passé et du présent. On comprend tardivement (ATTENTION LA SUITE RESSEMBLE A UN GROS VILAIN SPOILAGE) que cette impression est "normale" car la mémoire d'Etsuko modifie quelque peu la réalité.
Adapté du roman de Kazuo Ishiguro - Lauréat du prix Nobel de littérature, le film est formellement une splendeur visuelle, surtout au Japon (même si le jardin anglais de Tetsuko a tout du jardin zen) où chaque plan est une caresse pour le regard. Quant aux actrices qui se font face, elles sont tellement belles et délicates qu'on dirait des estampes sur de la soie. Tout le film est d'ailleurs empreint de délicatesse sophistiquée. Autant dire que pour les yeux le spectacle permanent est de toute beauté.
Sur le fond, on a plus de difficultés à saisir les intentions. Traumatismes liés à la bombe atomique, transmission familiale, deuil... les intentions des uns et des autres (surtout des unes) ne sont pas toujours claires. Et notamment lorsqu'il s'agit de l'hostilité de certains. Pourquoi le mari japonais d'Etsuko est-il si peu affectueux avec elle alors qu'elle lui est toute dévouée ? Pourquoi ce même mari se comporte-t-il tel qu'il le fait avec son père ? Le second époux britannique n'apparaît qu'en photo. Il y a trop de lacunes dans les récits qui s'entrecroisent pour qu'on comprenne réellement les personnages et la fin nous laisse nous dépatouiller avec ce que l'on a vu.
Il n'en reste pas moins une histoire où domine la relation pourtant imaginaire entre deux femmes blessées interprétées par deux actrices magnifiques.
De ce réalisateur, j'avais vu, revu et adoré A man l'année dernière. Je continuerai donc à le suivre sans la moindre hésitation.