METEORS
d'Hubert Charuel, Claude Le Pape ***(*)
avec Paul Kircher, Idir Azougli, Salif Cissé
Mika, Dan et Tony sont trois amis inséparables.
Si Tony a pas mal réussi en créant sa petite entreprise de BTP, Mika et Dan qui habitent ensemble sont plus précaires. Mika gagne quelques sous en travaillant chez Burger King (je vais vomir et je reviens) tandis que Dan, alcoolique et drogué n'a qu'un rêve, partir à la Réunion avec Mika et s'occuper des animaux mal en point d'un chenil. Ils veulent aussi retrouver, puisqu'une récompense est offerte, une carpe géante qui a disparu (sans doute kidnappée) de son milieu naturel Le lac du Der. A la suite d'une grosse connerie : conduite en état d'ivresse sous l'emprise de cannabis et vol d'un chat Main Coon (chats géants très chers qui peuvent peser jusqu'à 10 kgs) dans l'intention de le revendre, les deux amis se retrouvent au tribunal avec un retrait de permis et une mise à l'épreuve de six mois au terme de laquelle ils devront démontrer leur bonne volonté. Tony les fait embaucher dans une entreprise qui recycle les déchets nucléaires.
Après son excellent Petit paysan qui traitait du cas d'un agriculteur désespéré car confronté à une épizootie qui décimait son troupeau, le réalisateur peine un peu en multipliant ici les thèmes : les addictions (alcool et drogue) chez les jeunes et leur avenir bouché dans une région sinistre voire sinistrée, le traitement des déchets nucléaires... Cela fait beaucoup. Par contre, je me suis totalement laissé embarquer par l'histoire d'amitié qui m'a même tiré quelques larmes grâce sans doute à un casting magnifique en parfaite osmose.
Les addictions sont observées du point de vue de Mika qui regardent son ami Dan tomber et tente constamment de le relever, de le protéger, de l'aider à s'en sortir. Mais comme toute personne addicte, Dan n'est pas digne de confiance. Il planque les bouteilles, poursuit ses consommations diverses et variées en cachette, jusqu'au malaise et ne veut pas entendre parler de désintoxication. Les réalisateurs décortiquent cette amitié parfois compliquée mais solide et sincère tant les divagations de Dan incontrôlable et tourmenté sont difficiles à gérer et nous touchent en plein coeur.
Les vues de la Tour Miko de Saint-Dizier (clic) offrent des moments incroyables presque surréalistes comme celles de la "poubelle nucléaire" transformée en labyrinthe sans issue.
Ce qui élève ce film au-dessus de la banalité c'est son trio d'acteurs très contrasté qui réussit le petit miracle de la connivence et de la complicité et nous touche en plein coeur. Salif Cissé (Tony) le plus pragmatique des trois brillait déjà dans le rôle d'un répondeur en juin dernier (ici). Idir Azougli (Dan) que l'on retrouvera en janvier dans le magnifique Ma frère (comptez sur moi pour vous le rappeler) est aussi touchant qu'agaçant dans son obstination à l'auto-destruction. Mais celui qui m'a chaviré le coeur, j'en suis vraiment heureuse car j'avais jusque là trouvé le garçon très surestimé, c'est Paul Kircher. Doux, fiable, obstiné, inquiet, il tricote pour apaiser son mental et n'a jamais été aussi convaincant, expressif et émouvant (et beau) que dans ce rôle.