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el gusto de safinez bousbia

  • EL GUSTO de Safinez Bousbia ***

    El Gusto : photoEl Gusto : photo

    El Gusto : photo

    Alors qu'elle achète un petit miroir dans une boutique algéroise, Safinez Bousbia sympathise avec le commerçant, un vieil homme qui lui montre d'anciennes photos. Elle découvre que cet homme a eu le Premier Prix du Conservatoire d'Alger et qu'il a fait partie d'un groupe de musique arabo-andalouse célèbre, que ce groupe a été séparé de faits par les "événements" et que ses membres ne se sont pas revus depuis 50 ans. Touchée par la passion encore vive du vieil homme, la réalisatrice se met en tête de retrouver les membres du groupe dispersés entre l'Algérie et la France et de les réunir. Plusieurs années de travail, heureusement couronnées par la re-formation du groupe baptisé "El Gusto" qui signifie en gros : bonne humeur, celle qui fait "oublier la misère, la faim, la soif".

    Le mot qui vient à l'esprit pour évoquer ce film est nostalgie. Cependant tout au long de ce voyage à travers le temps on peut parler également de gaieté, jubilation, passion. Il faut dire que ces charmants messieurs n'ont pas leur pareil pour décrire et faire revivre avec énergie toute une époque située entre la "guerre d'Allemagne" comme ils disent et la "révolution". Une émotion très forte saisit le spectateur en découvrant la casbah d'Alger dégradée, détruite ou à l'abandon. Et pourtant les vues, la visite d'Alger sont sublimes. Au début des années 60, ses habitants en ont été chassés, rapatriés en France ou relogés dans des cités à l'extérieur de la ville. C'est ainsi que tous les membres de ces orchestres jadis renommés ont été séparés nourrissant chacun de leur côté une profonde nostalgie de l'époque. Chacun regrettant par dessus tout de n'avoir jamais pu vivre de la musique, obligé d'exercer un métier n'ayant rien à voir avec leur passion. Evidemment les côtés les plus négatifs voire franchement douloureux sont juste effleurés mais il m'est impossible de reprocher à un film aussi enthousiasmant d'être optimiste et d'insister copieusement sur le côté "c'était mieux avant". Il n'en demeure pas moins qu'interviewés séparément de chaque côté de la méditerrannée ces musiciens gourmands vantent avec infiniment de conviction un climat, une atmosphère, une époque où juifs, chrétiens et arabes vivaient en harmonie, de la même façon. La religion ou plutôt LES religions semblaient n'être que ce qu'elles devraient toujours être : une affaire privée !

    C'est donc avec beaucoup d'intêrêt, d'émotion et le sourire aux lèvres qu'on suit le récit de ces hommes qui ont la musique chaâbi (mélange de musiques berbère, populaire et andalouse) qui coule dans les veines. Et c'est avec infiniment d'impatience qu'on attend la dernière partie du film où ils sont enfin rassemblés en France. Leurs retrouvailles festives sont scandées comme le repète Robert Castel par "tu te souviens ?" où certains craignent de ne plus être à la hauteur des autres artistiquement et aboutissent à des concerts ébouriffants à Marseille puis à Paris. Les voir saisir leurs violons, darboukas et autres ouds et tout l'univers s'arabojudéoandalouïse et c'est magnifique :