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il ya longtemps que je t'aime

  • Il y a longtemps que je t’aime de Philippe Claudel **

    Il y a longtemps que je t'aime - Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein
    Il y a longtemps que je t'aime - Elsa Zylberstein et Kristin Scott Thomas

    Après avoir purgé 15 ans de prison Juliette est accueillie, (recueillie ?) par sa sœur Léa. Les deux femmes ne se sont pas vues pendant toutes ces années. La famille, honteuse, s’étant chargée de faire de Juliette une paria. Elles vont se reconquérir, se ré-apprivoiser !

    Un film d’amour qui parle de ce lien étrange et fascinant qui unit deux sœurs ne peut qu’être attirant, troublant et effrayant tant ce qui peut souder et désunir deux êtres liés par la même histoire, les mêmes origines est parfois ténu. Elsa Zylberstein la cadette et Kristin Scott Thomas l’aînée incarnent parfaitement et à la limite du morphing parfois les facettes de ces deux vies. Léa dont la « normalité » (beau métier, belle maison, beau mari, beaux enfants) impressionne, va énormément s’agiter pour tenter de redonner goût à la vie à sa sœur, sans la brusquer, sans l’interroger en étant là, parfois maladroitement mais toujours tendrement et sincèrement. Elle va multiplier les sorties, provoquer des rencontres, des réunions entre amis. Sur certaines scènes de groupe, parfois cruelles tant la personnalité et la présence même de Juliette intrigue ou d’autres scènes de « café » plane manifestement l’ombre de Sautet, et c’est toujours bon de découvrir une référence adorée chez un nouveau réalisateur.

    Juliette, d’abord mutique, emmurée dans le silence et la douleur, qui sursaute au moindre bruit, parfois violente et inattendue dans ses réactions va peu à peu refaire surface, difficilement, longuement, douloureusement. Sans pour autant reprendre goût à la vie, elle va réapprendre à aimer et à se laisser aimer. A un « prétendant » qui tente une approche elle dira : « je suis encore loin vous savez», mais à sa sœur qui décuple les preuves d’amour elle va dire « merci ». Les deux actrices sont fascinantes d’intensité et de complicité. A la froideur parfois déchirante de Kristin Scott Thomas répond la fragilité discrète et douloureuse d’Elza Sylberstein. Pour elles deux, le voyage vaut mieux que le détour.

    On pourra également noter la visite touristique de Nancy et l’insistance du réalisateur à présenter un peintre local que j’adore, Emile Friant, et MON Caméo.

    Par contre, je regrette que Philippe Claudel ait choisi de ne pas garder le mystère de Juliette jusqu’au bout en la présentant dans une toute dernière pirouette à prestation césarisable comme une victime et faisant de son film "un secret révélé". Je regrette que la plupart des personnages secondaires soient trop stéréotypés : le flic dépressif, le mari méfiant, l’employé des services sociaux (très) souriante et (très) compréhensive, l'ami compréhensif lui aussi, les collègues agressives… Les maladresses (de jeunesse) telles que l’évocation de la guerre en Irak, de la maladie d’Alzheimer présentée comme un refuge… m’ont paru au mieux naïves, au pire déplacées…

    Ces réserves faites, vous pouvez plonger dans le regard de Kristin Scott Thomas, être boulerversé par la déclaration d'amour réciproque de deux soeurs et savourer une version absolument splendide de « Dis, quand reviendras-tu » de Barbara par Jean-Louis Aubert.

    Il y a longtemps que je t'aime - Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein
    Il y a longtemps que je t'aime - Kristin Scott Thomas