JANE EYRE de Cary Fukanaga **
Pour les quelques rares qui n'auraient pas lu le Roman de Charlotte Brontë, jetez-vous dessus, c'est magnifique et follement romantique. Je rappelle que Jane Eyre est une riche héritière (qui l'ignore) orpheline recueillie par une tante qui la déteste et la martyrise moralement et un cousin qui la déteste et la martyrise physiquement. Entre deux coups sur la tête et des enfermements dans une chambre rouge prétendûment hantée, Janette n'est pas à la fête pendant son enfance. Convaincue qu'elle est une mauvaise personne, la tata l'a fait enfermer dans un institut pour jeunes filles non désirées. Et les sévices continuent. Mais Jane y acquiert intelligence et éducation. Elle est ainsi engagée par Mrs Fairfax au domaine d'Eward Rochester pour éduquer la pupille de ce dernier. Le garçon est taciturne et plutôt mal embouché et dans son immense demeure il se passe de drôles de choses dont personne ne peut parler. Jane la parfaite, se fait admettre, désirer, aimer mais boude, persuadée (entre autre) que sa condition prolétaire ne peut convenir à l'aristocratique Edward ! Elle s'échappe, manque mourir, est recueillie par Saint John et ses soeurs et Edward dans tout ça ?
Well. Comment dire ? C'est beau, c'est bien fait, follement classique, tout à fait pris au pied de la moindre lettre du roman dont les fans pourront applaudir la fidélité. Et puis un film qui donne envie de (re)lire ne peut être tout à fait mauvais.
Mais ce qui ne va pas mais alors pas du tout c'est l'erreur monumentale et impardonnable de casting dont le film ne se libère jamais. Et oui, Mia parvient à être Jane lorsqu'elle est seule à l'écran mais en présence de Rochester campé ici avec beaucoup de prestance et de cynisme, comme le personnage l'exige par l'impeccable Michaël Fassbender qui a bien du mérite, on n'y croit pas, mais alors pas du tout. En effet, et c'est incompréhensible que ça n'ait pas sauté aux yeux du réalisateur... le couple Mia-Jane/Michaël-Rochester ne fonctionne à aucun moment. L'actrice, charmante au demeurant est ici amochie à un point incompréhensible. Elle est d'une fadeur voire d'une transparence impressionnante. Mais ce ne serait rien si la différence d'âge (réelle dans le roman) ne donnait constamment l'impression d'une petite fille face à son père. Et l'inceste n'est pas d'actualité dans le roman de Charlotte Brontë que je sâche. Mia Wasikowska a certes 23 ans mais elle en paraît 10 de moins et Michaël Fassbender qui n'a que 35 ans IRL en paraît 10 de plus. ça ne passe jamais à l'écran. En outre, Mia/Jane manque furieusement du feu de la passion qui anime Jane, et voir Michaël/Edward se consumer devant cette petite fille finit par devenir risible. Lorsqu'elle se trouve face à Saint John (Jamie Bell, très bien) qui lui aussi tombe amoureux d'elle... là encore, on n'y croit pas. De petite fille, elle se transforme en petite soeur ! Par ailleurs, le réalisateur oublie complètement de montrer comment Jane et Edward finissent par se comprendre et s'aimer. Comment leur complicité se joue de tous les obstacles.
Néanmoins, la fidélité au roman que j'ai tant aimé m'a fait passer un moment littéraire mais pas cinéphile ! Dommage.