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leonera

  • Leonera de Pablo Trapero ***

    Leonera - Martina Gusman

    Leonera - Martina GusmanLeonera - Martina Gusman

    Julia se réveille difficilement un matin. Deux hommes couverts de sang gisent près d’elle dans son appartement. L’un d’eux est mort. Julia ne parvient plus à se souvenir ce qui s’est réellement passé mais elle est incarcérée et condamnée pour meurtre. Elle découvre qu’elle est enceinte et doit donc vivre les premières années de sa détention (jusqu’aux 4 ans de l’enfant) dans un quartier réservé aux femmes qui ont des enfants nés en prison. Malgré les jouets, les poussettes, les cris d’enfants on est bien loin du paradis d’autant que Julia va devoir se battre pour retrouver son enfant lorsque sa mère va décider de lui enlever estimant que la place du petit n’est pas en prison…

    Après le film sur les conditions de vie dans une prison d’Irlande (« Hunger ») et celui sur ce qu’on est capable de faire par amour (« Pour elle ») voici le film qui cumule les deux thèmes et en explore un troisième, rarement aussi bien exploité au cinéma, l’instinct maternel. Car c’est de cet amour dont il s’agit, celui qu’une mère porte à son enfant et qui se révèle malgré l’horreur, l’enfermement, la promiscuité.

    N’imaginez pas (comme je l’ai fait) que « Leonera » est un prénom de femme, cela signifie à peu près « lionne en cage », et Julia va en devenir une, s’effondrer d’abord puis se relever. Son combat et sa résurrection sont magnifiques. D’abord terrassée par ce qui lui arrive elle reste prostrée dans sa cellule. Hostile à cette grossesse, elle va jusqu’à se marteler le ventre de coups de poing pour tenter de l’interrompre. A la naissance du petit Tomas, la mère et le fils vont se rejeter mutuellement mais provisoirement, puis s’apprivoiser l’un l’autre peu à peu. C’est le triomphe d’un sentiment, d’une attirance plus forts que soi. Grâce à la complicité, l’entraide, la fraternité (aucun mot n’existe pour les filles !!!) des autres et à la tendresse de Marta co-détenue patiente, admirable, maternelle et amoureuse, à l’amour démesuré qu’elle porte à son fils, Julia va retrouver le sourire et surtout des raisons de vivre.

    Malgré un sujet éminemment mélodramatique, à aucun moment le réalisateur (et sa fabuleuse actrice) ne sombrent dans le pathos et le misérabilisme et cela relève de l’exploit. Tout est traité avec dignité, sobriété et humanité bien qu’à aucun moment les conditions de détention dans cette prison de Buenos Aires ne soient présentées comme idéales. Au contraire, l’ambiance est déplorable et les bruits de fond, portes qui claquent, pas qui résonnent, sont constants. Mais la solidarité qui règne entre ces femmes, quoiqu’elles aient pu faire pour se retrouver là, leur façon de couver leurs enfants étreignent le cœur.

    Et Julia est incarnée par une actrice extraordinaire Martina Gusman (sosie d’Angelina Jolie par moments) vraiment impressionnante, qui porte en elle la rage, la révolte et l’émotion d’un rôle immense. Elle est de ces héroïnes, comme le font plusieurs personnages du film, qu’on a envie de prendre dans ses bras, de rassurer et d’embrasser.

    Tout le film est centré sur elle et pourtant il n’oublie jamais de nous rappeler constamment où nous sommes avec elle : en prison. La fin est peut-être invraisemblable mais le dernier quart d’heure n'en est pas moins absolument palpitant… J’ai vraiment hâte de retrouver cette actrice merveilleuse.