CÉSAR est juste…
Je dois vous l’avouer j’aime, j’adore et je ne raterais sous aucun prétexte cette remise de « hochets » annuels (comme dit Jean Rochefort) qui autocélèbre la grande famille du cinéma. J’adore les robes de princesses, les discours empêtrés, les autres plus élaborés. J’aime Antoine de Caunes qui présente la soirée comme personne. Il me fait rire même lorsque et peut-être encore plus il n’est pas fin-fin… parce que dans ce cas on entend comme un frisson qui parcourt la salle. Qu’il dise par exemple que le mime Marceau était mort depuis trois jours mais qu’on croyait qu’il répétait son nouveau spectacle… ça m’amuse et plus encore quand je vois les tronches de certains cakes qui semblent s’offusquer : « aucun respect pour les morts ! ». Donc, Antoine me fait mourir de rire et Jean Rochefort aussi, alors lors de cette soirée je m’amuse et je m’émerveille…et puis, quand les stars décachettent les enveloppes, je peux m’esclaffer « j’l’avais dit !!! », et là c’est le nirvana et c’est vérifiable.
Cela ne m’empêche pas non plus d’exercer lors de cette looooongue soirée mes talents critiques et ma mauvaise foi !
Donc, CÉSAR est juste…
Car il a sacré le beau film d’Abdellatif Kechiche « La graine et le mulet »… et contrairement à ce que nous laisse lire et entendre la presse, je dis que non, le César le plus prestigieux n’est pas celui de la meilleure actrice mais bien ceux du Meilleur réalisateur, Meilleur film, Meilleur scénario et Abdellatif Kechiche les a obtenus tous les trois. L’académie n’est donc ni sourde ni aveugle et pour ces trois César largement mérités j’lavais dit !
Addellatif Kechiche avait déjà surpris le monde du cinéma il y a quelques années avec « L’Esquive », outsider multiprimé !
CÉSAR est juste…
Car « La Môme » a obtenu quatre César techniques et c’est vrai que ce film sans âme, sans cœur et sans émotion est un film technique. Jetez-moi des cailloux si vous voulez, c’est l’un des plus mauvais films que j’ai vu en 2007.
César est étrange car il a sacré comme acteur et actrice, un acteur et une actrice qui ont un masque de latex sur la tête… Ce qui signifierait que pour être acteur, il faut changer de tête ! J’avais « voté » pour Cécile de France et Michel Blanc et là, j’ai tout faux.
Mathieu Amalric n’était pas là, il n’a donc pas pu faire son beau discours de sa belle voix étrange en direct… C’est Antoine qui l’a lu. Ce matin j’apprends par ma radio préférée que ce discours écrit risque de faire grand bruit car d’après Mathieu himself (en tournage sur le prochain « James Bond ») il aurait été censuré de sa dernière partie qui évoquait les multiplexes, les salles art et essai, le désengagement du gouvernement vis-à-vis de la culture (ça m’amuse toujours (mais jaune…) quand on associe CE gouvernement à la culture !!!)… etc. Mathieu est stupéfait : « ce serait donc si simple la censure ? ». Il semblerait qu’Alain Terzian ait des comptes à rendre prochainement. A suivre.
CÉSAR aime les filles… qui ne le lui rendent pas toujours.
La meilleure actrice est donc Marion Cotillard. Je n’ai rien contre Marion Cotillard en général mais ici en particulier son interprétation titubante, vociférante et alcoolisée d’Edith Piaf m’avait laissé muette à l’époque. Depuis presqu’un an qu’on répète à Marion qu’elle est la plus grande, qu’elle obtient moult récompenses à travers le monde et que peut-être c’est pas fini… on aurait pu imaginer qu’elle commencerait à s’habituer et que pour cette consécration annoncée, elle se donnerait la peine de se faire écrire un beau discours plein d’émotion certes, mais digne !!! Non, Marion a préféré jouer la surprise « ben merdalors j’m’y attendais pas du tout »..et venir sangloter (sans larmes) en direct live, en bafouillant, tremblotant et reniflant (décidément parfois les larmes, ça veut pas couler !) remerciant papa, maman et Dahan. C’était ridicule et je n’ai pas cru une seconde à l’émotion de Marion…
Mais nous n'en avions pas fini avec les surprises réservées par les filles.
Avant de remettre un César, Marie Gillain nous a offert une prestation alcoolisée (qui m’en a rappelé une autre…) pas drôle du tout et complètement à côté de la plaque.
Julie Depardieu (j’l’avais dit) absolument magnifique dans le rôle de la bonne copine homo compatissante et qui ne juge pas dans « Un secret » obtient le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle oblige son amie Ludivine Sagnier (très très bien par contre) à monter sur scène avec elle, refuse le César et sort quelques inepties en quittant la scène hilare et ridicule. Décevante ! Si elle avait l’intention de refuser le César, pourquoi est-elle venue ? Il faut jouer le jeu non ?
Hafsia Herzi, César du meilleur espoir féminin (j’l’avais dit) pour son beau et énergique rôle dans « La gaine et le mulet », choisit elle aussi de venir se moucher sur scène dans ses (très beaux) cheveux. Je plaide l’indulgence et le jeune âge de la demoiselle mais bon…
Fanny Ardant venue remettre un César d’honneur à Roberto Benigni nous inflige un de ses discours abscons, essoufflé, lénifiant et ampoulé comme elle en a le secret… C’est tout juste si d’après elle, le pauvre Roberto ne devrait pas être nommé au Prix Nobel de la Culture. Heureusement, Roberto vient remettre un peu de youpitralala dans tout ça et rappeler que ce sont des français qui ont inventé le cinéma !
Heureusement encore, pour relever le niveau féminin (apparemment "la classe", c'est inné)… l’immense Jeanne Moreau venue recevoir un César d’honneur nous offre l’un des moments les plus beau, émouvant et intelligent de la soirée. Elle remet son César à Céline Sciamma (réalisatrice du premier film « Naissance des pieuvres ») qui servira de « relais » à transmettre chaque année au réalisateur d’un premier film. Beau geste et beau symbole.
Voilà, pour les quelques moments les plus marquants de cette cérémonie. Pour le reste des « j’l’avais dit », j’avais dit que Sami Bouajila (beau, simple, sobre, élégant…) aurait le César du meilleur acteur dans un second rôle, qu’Alex Beaupain aurait celui de la meilleure musique (facile !), Florian Henckel von Donnersmarck celui du meilleur film étranger (évident) et Barbet Schroeder celui du meilleur documentaire (logique).
Malgré mes critiques, j’aime cette soirée et tout ce qui touche de près et d’encore plus près au 7ème art.
Allez au cinéma !