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Poséidon de Wolfgang Petersen *

Au début, la croisière s’amuse, mais pas longtemps. Le réalisateur (Wolfgang Petersen quand même, excusez du peu, vieux routard habitué des in-submersibles et divers blockbusters inénarrables) ayant choisi de faire couler ses trois cent millions de dollars de décor dans les 10 premières minutes ! Et c’est tant mieux, je sais ça peut paraître sadique de dire ça alors qu’il y a 2 000 personnes à bord et que faire passer ce beau paquebot cul par-dessus tête, c’est quand même du gâchis… Mais les 10 premières minutes sont une véritable torture. Devant l’indigence des dialogues, des situations et de la psychologie béton armée des protagonistes j’avais choisi l’option 48ème degré. Bon, me dis-je, Wolfgang s’essaie à « Y a-t-il un capitaine à bord ??? ». Et puis ça s’arrange dès qu’une lame de fond, (phénomène rarissime, exceptionnellissime et imprévisibilissime) nous met tout ce joli monde la tête en bas. Dès lors, le but est de sortir de là-dedans et comme le fond est en haut, pour descendre, il faut monter : vous suivez ???

Danger numéro un : ceux qui ne vont jamais au cinéma ne se méfiront pas d'embarquer sur un rafiot répondant au doux nom de baptême de Titanic ou Poséidon. Il FAUT aller au cinéma, la survie de l'espèce est en jeu. Règle numéro deux : pour une croisière, si vous avez de l’eau de mer dans les yeux et que vous n’avez pas vu que votre rafiot réputé insubmersible, avec cloisons étanches, balast et canots suffisants s’appelle Titanic ou Poséidon… assurez-vous au moins de vous embarquer avec un ancien chef pompier (à la retraite mais comme c’est Kurt Russel, vous voyez tout de suite à ses mâchoires carrées, à la chemise qui cache à peine quelques beaux restes, qu’il en a encore sous le pied le pompier…), un spécialiste des sous-marins beau et maso (Josh Lucas fera l’affaire)… qui sait comme personne trouver les plan du bateau à tous les niveaux de la compétition... Evidemment il y a trente ans, je vous aurais dit de ne pas embarquer sans Mon Paul Newman, votre Steve Mac Queen et mon Clint Eastwood (je sais Clint Eastwood n’a jamais été pompier mais tant qu’à s’amuser en croisière, autant amener tout le monde…)… en ce troisième millénaire, les stars ne s’embarquent pas dans de telles mésaventures. Pourtant, que dis-je, il y a Richard Dreyfus (une des finesses scénaristiques étant de faire un gros plan insistant sur sa boucle d’oreille pour nous faire comprendre qu’il est homo…) et Richard a rocker around the clock, il a été l’Elu des E.T. et a fait une rencontre du troisième type, il est revenu sur terre en ange gardien pour expliquer à Holly Hunter qu’elle pouvait refaire sa vie… Djizeuce, les acteurs vieillissent et on ne m’avait rien dit…).

Donc, 1 500 morts plus tard (c’est réglé en 3 minutes) : no panic. Vous repérez votre pompier et votre sous-marinier et vous ne leur lâchez plus les basques même s’ils disent des choses impensables genre : « je vais m’en sortir, mais tout seul ». Rassurez-vous, personne ne le pense vraiment et rapidement le bon qui sommeille dans la brute fait surface pour se dévouer corps et âme à la Cause.

Je résume : ils partirent 2 000, 1 992 périrent dans le premier quart d’heure, les huit autres, sans une égratignure n’ont qu’à se laisser porter par le courant. On sait tout de suite qui est le chef. Je ne vous fais pas un dessin, oh et puis zut, un peu de suspens et de doute : c’est Kurt ou c’est Josh le chef ??? Pour arriver au sommet du fond (reprenez au début si vous ne suivez pas) il y a des épreuves successives et de plus en plus délicates et périlleuses. Dans le désordre, il faut : traverser sur une planche de 50 cms alors qu’en dessous y’a un précipice (oui madame, y’a un précipice dans un bateau !), ouvrir des portes que quand vous leur jetez un peu de vittel dessus vous voyez bien qu’elles chauffent, sans savoir ce qu’il y a derrière : un feu de camp ou un feu express ???, plonger dans l’eau en flamme, faire « moi Jane toi Tarzan » avec d’improbables lianes (mais avec Kurt Russel quand même...), vous mettre en apnée (de une minute à un quart d’heure…) lors d’épreuves de plus en plus longues (certains y restent, je ne dis pas qui), vous sacrifier pour arrêter les moteurs immergés (vous aurez assez de souffle pour l’allée mais pas pour le retour : je ne vous dis pas qui).

Résultat : 6 survivants (je ne vous dis pas qui).

Ce qui est fort appréciable et même au-delà c’est que toutes ces épreuves sportives s’accomplissent sans un mot de trop. Devant la pauvreté des échanges du début (quand tout le monde est encore sec) on pouvait craindre le pire. Pas du tout. Ces gens savent qu’ils n’ont qu’une heure 36 pour s’en sortir : pas de bavardage. Et puis les scènes de bravoure se succèdent à un rythme d’enfer qui ne vous laissent pas souffler un instant. Claustros s’abstenir, moi j’ai vraiment trouvé ça flippant. Et puis j'aime les catastrophes, j'aime voir ces gens bien ordinaires donner leur meilleur quand tout est au pire, j'aime voir la vraie nature humaine se révéler. C'est bon.

Enfin, et ce n’est pas le moins réjouissant : Céline Dion ne chuinte pas à la fin.

Et hop et plouf !

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