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Le soleil d’Alexander Sokourov****

 

Ce film est une œuvre d’art, inclassable, incasable et hors du commun.

Il s’agit du troisième volet d’une trilogie consacrée aux dictateurs du XXème siècle. Après Hitler et Staline, voici Hiro Hito, Empereur du Japon pendant la seconde guerre mondiale. Hiroshima et Nagasaki ont été atomisées et l’Empereur vit cloîtré dans une espèce de bunker où règne une ambiance mortifère à l’opposé de l’effervescence et de l’hystérie qui régnaient autour d’Hitler dans son souterrain. Hiro Hito marmonne et s’apprête à la reddition, honte suprême, et à la renonciation à son ascendance divine, cette part d’ombre du monstre.

Gloire à Ogata Issey, acteur stupéfiant qui compose ici une partition habitée, hallucinée et hallucinante ! A la fois profondément émouvant et parfaitement irritant, il est comme un pantin disloqué, une sorte de marionnette ventriloque ébahie. C’est le crépuscule d’un Dieu, la fin d’un monde. L’acteur et le film évoquent Dick Bogarde, pathétique et attendrissant et « Mort à Venise » dans sa torpeur inquiétante et sa beauté oppressante.

Contre toute attente, l’humour n’est pas absent de ce film magnifique, notamment lorsque l’Orient rencontre l’Occident et que le Général Mac Arthur (Robert Dawson) stupéfié et courtois vient arrêter le monstre. L’homme divinisé ne peut pas être approché à plus de trois mètres et la séance photos offerte aux journalistes américains venus rencontrer le phénomène est purement burlesque. L’Empereur s'y livre à une véritable représentation en prenant des poses absurdes. Le découvrant ridiculement petit et vêtu d’un costume et d’un chapeau, un des journalistes s’écrit : « on dirait Charlie Chaplin ». Il se trouve que quelques instants avant nous l’avons vu feuilleter un album photos rempli de stars hollywoodiennes avec Charlot en vedette. Et l’Empereur de s’inquiéter avec fierté : « Je ressemble vraiment à cet acteur américain ? ». Pathétique mais drôle !

Alors qu’un être et un monde s’effondrent, le film est comme incendié par des images somptueuses. Rarement tant de beauté a envahi un écran !

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