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Harry : antidépresseur !

"Sur le divan" par Samuel Lepastier, psychiatre et psychanaliste

Harry, enfant du placard

Harry est l’archétype de l’orphelin maltraité, abandonné, qui vit chez ses parents adoptifs dans le placard à balais sous l’escalier. Mais ce petit garçon martyre est doté d’un destin extraordinaire. Les personnes incomprises et mal aimées peuvent potentiellement vivre des choses fabuleuses. Cette perspective jouissive et fédératrice séduit les enfants comme les adolescents du monde entier.

Harry et son balai

 

Le balai n’est pas l’instrument du sorcier mais celui de la sorcière, personnage très sexué. C’est un objet phallique qui symbolise le grand pénis. Harry va utiliser ce balai au moment de sa puberté : il découvre alors les transformations de son corps, et cet objet représente, en terme analytique, ses premières érections. Dans le livre, le balai saute d’ailleurs dans la main gauche d’Harry lorsque ce dernier parle…

Harry fédérateur ou menteur

 Avec ses lunettes cerclées et sa cicatrice sur le front qui prouve ses souffrances passées, Harry a un visage d’adulte. Cette marque est essentielle : elle le distingue des autres enfants car sa peau porte les traces d’une stigmatisation… Harry est l’élu sur lequel les enfants transfèrent volontiers leurs aspirations intérieures.

Harry a peur

Harry n’est jamais en sécurité. Que ce soit dans sa famille d’accueil, avec ses camarades ou à l’école de Poudlard, il est constamment menacé et agressé. Les épreuves qu’il traverse sont autant d’aventures initiatiques dont il sort à chaque fois grandi. Mais il affronte des ennemis en permanence. Dans un temps où l’insécurité morale et économique touche le plus grand nombre, ce processus d’identification ne peut que fonctionner à plein régime.

Harry et sa maman…

Voldemort, l’ennemi juré d’Harry apparaît dès le premier chapitre du premier tome. C’est celui « dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » sous peine d’éveiller la terreur collective. Voldemort était autrefois plus puissant. Il renvoie donc l’image de ce que les lacaniens appellent « la mère archaïque », la mère terrifiante qui règne à la période où le bambin dépend complètement d’elle. Chaque arrivée de Voldemort est d’ailleurs annoncée par des araignées, créatures paralysantes et castratrices qui symbolisent une féminité dévorante et dangereuse. Voldemort s’affirme donc comme un symbole profondément maternel et non comme l’incarnation d’un père absent.

Harry et sa tristesse

 

Harry porte en lui la tristesse de quelqu’un qui a été privé de son enfance. Le monde dans lequel il vit est celui de la dépression et il est lui-même un enfant très déprimé surtout dans le premier tome de ses aventures. Mais dès qu’il intègre l’école des sorciers à Poudlard, il sort de sa détresse pour atteindre la toute-puissance Il s’extrait du placard sous l’escalier pour enfourcher son balai et s’envoler dans les airs avec une liberté et une virilité retrouvées. Il incarne alors le rêve de tous les dépressifs. Harry Potter est le héros de la dépression.

 

Commentaires

  • Harry me plait parce qu'il n'est pas parfait. Le cinquième tome est le plus torturé, et quand je vois mes élèves de seconde, je me dis que c'est très bien vu. Après les ados prennent plus de risques, ont encore un peu d'inquiétudes, mais comprennent mieux ce qui leur arrive.

  • C'est ta vision lacanienne du sorcier donc !

  • Mais dites moi, c'est que çà tricote des neurones ici.
    Lacan, c'est pas un mec qui faisait tourner les tables?

  • On est des filles, on aime le tricot ! Mais tu confonds avec Freud qui faisait tourner les ciboulots !

  • Ah oui! S'cuse, c'est le barbus et son histoire de sournois qui tape sur moi?

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