A l'origine de Xavier Giannoli****
A l'origine, il y a un scarabée. Mais reprenons au commencement...
Philippe est un petit escroc qui vit d'arnaques plutôt gonflées à des entreprises. Avec de faux documents et un téléphone il organise un trafic de revente de matériel. Jusqu'au jour où en passant devant le chantier de construction d'une autoroute il découvre un projet abandonné depuis deux ans suite à une plainte des écologistes. La population, dont 25 % est au chomage, reprend espoir à l'arrivée de Philippe qui se fait passer pour un représentant d'une des filiales du chantier. Jusque là il n'avait eu affaire qu'à des anonymes mais en rencontrant certains habitants de cette petite commune du Nord de la France sinistrée depuis l'arrêt du chantier, il va être pris à son propre piège. Il ne va pas, comme les autres fois, réussir à s'échapper une fois son forfait accompli et va se retrouver à la tête d'un chantier colossal : construire un bout d'autoroute. Son mensonge devient peu à peu plus grand, plus énorme, trop grand pour lui de toute façon, mais des liens se tissent avec une jeune femme attachante et courageuse, Monika (la jeune Soko, extraordinaire) qui cumule deux petits boulots pour essayer de s'en sortir, son petit ami Nicolas (Vincent Rottiers, formidable) en qui Philippe doit sans doute reconnaître le jeune homme magouilleur qu'il a dû être, et surtout Stéphane, la Maire de la commune qui va non seulement lui accorder une confiance aveugle mais lui réapprendre à sourire, à aimer, à vivre. Un peu...
Xavier Giannoli filme avec beaucoup d'ambition cette histoire invraisemblable (et pourtant tirée d'un fait divers) à la fois épique et intime. On pourrait évoquer Ken Loach tant l'aspect social est au cœur même du film. Mais le réalisateur ne tombe jamais dans le misérabilisme ou la compassion facile. Il filme ample des paysages un peu désolés, des briques rouges souvent assombries par la pluie, des ciels bas à l'horizon du plat pays. Il donne aux machines des allures d'oiseaux métalliques, de grands monstres en fer irréels et leur fait exécuter de véritables ballets nocturnes. C'est magnifique mais pas seulement. Giannoli donne une dimension supra-sensible aux joies, aux espoirs et aux drames humains qu'il met en œuvre dans cette aventure incroyable. Il parle d'enthousiasme collectif, d'équipe, de solidarité.
Peut-être qu'à l'origine, les hommes étaient comme cela...
Et tout cela en nous racontant l'histoire d'un petit malfaiteur sans grande envergure mais plutôt malin et opportuniste. Ce truand c'est François Cluzet, une nouvelle fois épatant. Tendu, nerveux, silencieux, parfois désorienté par l'étendue de sa propre escroquerie, puis transfiguré par le bonheur des sentiments qu'il découvre (amour, amitié), il est constamment d'une justesse inouïe. Face à lui, Emmanuelle Devos rayonne de douceur.
Ce film asphyxiant à cause de l'ombre de l'imposture qui plane sur lui, est un GRAND film.
Commentaires
je confirme : un très bon film français servi par des acteurs excellents de justesse.
Merci.
En plus y'a François Cluzet...
je vais y courir.
n'oublie pas tes moon boots !
C'est l'été indien, il fait 19 degrés :P
La canicule tu veux dire ! Dingue !
Xavier est grand et Pascale est son prophète ! :D
Cluzet, Devos, le p'tit Rottiers et les autres ne sont pas mal non plus ;)
Xavier est grand et je lui ferais bien sa fête.
Perverse ! :)
ah ben je croyais que c'était une contrepétation.
Et pas perverse... normale !
Être perverse serait ne pas avoir envie de !
un très bon film français servi par des acteurs excellents de justesse