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HADEWIJCH de Bruno Dumont ****

HadewijchHadewijch

 

Céline est au couvent pour devenir religieuse. Elle veut consacrer sa vie à Jésus, à Dieu dont elle est « amoureuse ». Elle ne veut qu’aucun homme ne l’approche ou la regarde. Elle prie. Elle refuse de se nourrir. Elle ne se protège pas du froid, s’impose des mortifications. Devant le radicalisme absolu de cette foi, la mère supérieure la chasse, pour son bien, du couvent et lui recommande de reprendre contact avec le monde extérieur. De retour à Paris dans l’appartement luxueux de ses parents qui la laisse complètement livrée à elle-même, elle prie encore.

 

 

Puis rencontre Yassine et son frère Nassir. Ce dernier qui organise des séances de réflexion sur des thèmes religieux va l’emmener encore plus loin dans l’extrémisme. En côtoyant l’Islam le plus dur, elle s’imaginera être prête à aller au bout ou au-delà de sa foi, guidée par Dieu.

 

 

Que ce film est difficile, mais qu’il est beau ! Incroyablement, infiniment, vertigineusement beau. Foudroyant.

 

 

Dumont pose sa caméra et ne la bouge plus. Ce sont ses acteurs qui ont des jambes en bon état de fonctionnement qui bougent vers elle ou autour d’elle. Merci à lui pour cette stabilité qui nous donne jusqu’au vertige la possibilité de contempler, d’admirer chaque plan, de méditer, d’être terrassé de tant de beauté ou d’apprécier le visage miraculeux de sa nouvelle actrice, l’ensorcelante Julie Sokolowski. Tout en elle, jusqu’à sa voix, n’est que grâce et ferveur. Mais sans emphase. Dumont l’éclaire littéralement par moments et tout autour d’elle semble s’éteindre. Dire qu’elle est habitée, possédée n’est en rien péjoratif. Sa foi l’obsède, la porte jusqu’à la hanter et la détruire, la pousser à commettre l’horreur. C’est elle, cette petite jeune fille toute frêle à la drôle de démarche, au visage multiple, avec ce rôle profond et ambigu, d’une intensité rare qui porte seule ce film curieux, terrible et énigmatique. Cette fille folle et amoureuse ou folle amoureuse d’un « être » qu’elle ne voit pas et qui lui manque.

 

 

« Dumont fait sa Thérèse " et le chemin de croix de sa folle du seigneur est d'une troublante beauté »

Commentaires

  • Ben c'est gentil de me citer...
    Par contre c'est vilain de dénoncer...
    C'est pas une question de courage...
    Satan m'habite...
    Je suis donc un poil trop occupée actuellement...
    Viens répondre au questionnaire...
    On verra si tu fais ta maligne...
    Aie confiance...
    Viens...

  • Je l'ai vu le jour de sa sortie la semaine dernière et j'allais justement te demander quand allais tu en faire la critique (d'autant que j'ai remarqué hier que ce film était déjà parmi tes vertiges de 2009).

    J'ai beaucoup aimé aussi cette histoire de "il était une foi" (ce jeu de mots te plait-il plus que celui d'hier ? Ou dois-je persévérer ?). Comme les autres films de Dumont et en particulier "la vie de Jesus".
    Le fait de prendre des acteurs débutants et anonymes sert bien l'histoire qui est universelle. Julie Sokolowski est admirable dans le rôle de Céline qui pourrait très bien être votre voisine (si comme Pascale, vous êtes pétée de thunes et habitez dans un grand appartement dans l’île de la Cité).

    Cette errance de Céline en perte de repères et cette fuite en avant collective (avec Nassir) sur le chemin de la passion de Dieu est vraiment troublante. Le mot a été bien choisi par Frederique. Troublant dès le début avec la mère supérieure qui est elle même troublée par le comportement de cette Céline. Troublante ensuite est la liberté, l'audace et la bonté de cette Céline qui répond par l'affirmative à une invitation de trois garçons dans un bar sans réfléchir, sans les juger, sans leur prêter des intentions (vraies ou fausses). Céline a un comportement atypique, elle est à la fois totalement libre (elle ne se conforme pas aux conventions de son milieu social bourgeois, elle n'obéit à aucune règle ou convention sociale, elle se balade en jupe et en habits simples, elle va en banlieue, se balade seule le soir, elle circule librement, répond à l'invitation de garçons dans un bar, n'a pas peur des autres, fusse-t-ils d'une autre couleur ou d'une autre religion, etc., en bref elle fait des choses que la plupart des autres filles de son age ne font généralement pas) et totalement subordonnée à sa passion amoureuse pour le Christ. Cette dualité est vraiment fascinante.

    En ex-prof de philo, Bruno Dumont nous offre un film simple et beau sur les dangers de la passion sans en rajouter. Sans excès. Aussi bien dans les mots que les images. Lorsque Céline s'égare sur la voie de l'extrémisme, on peut associer ça à un crime passionnel d'ailleurs. Cet épisode est d'ailleurs significatif car filmé très sobrement et sans sombrer dans des clichés ou des jugements de valeurs. Sans juger et sans condamner.

    Comme dirait Spinoza (oui moi aussi j'ai fait de la philo en terminale), la passion est vraiment une servitude. Ne dit-on pas de ceux qui entrent dans l'Eglise qu'ils servent Dieu ?

    Bon ok. J'arrête ! Allez voir ce film !

  • Amen.
    Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme... (Simone - cathéchisme 2ème année) : désolée je me suis arrêtée en 4ème mais j'ai fait mon cathé.
    Le jeu de mots : bof. J'avoue que je ne suis pas très friande mais sans abuser je peux goûter.
    Une erreur à noter cependant... Hélas je n'ai pas un grand appartement sur l'Île (oui chez nous, on dit "l'Île"...), mon rêve, mais un duplex de taille raisonnable dans le VIIème.

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