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Capitalism : a love story de Michael Moore***

Capitalism: A Love Story

Le monde ne va pas bien. Ce qui tourne le moins rond c’est ce décalage, cet écart, ce goufre d'injustice entre les riches qui le sont très et les pauvres qui le sont encore plus. C'est élémentaire, simple voire simpliste comme raisonnement mais un peu de pédagogie ne fait pas de tort et Michaël Moore s'y prend toujours aussi bien pour expliquer les choses. Car oui, je fais partie de ces naïfs qui continuent de penser que des gens comme Michaël Moore et ses films sont indispensables et que nous ne risquons pas grand chose à nous faire secouer le cocotier de temps à autre.

Il pourrait se contenter de faire des films. Il en a le talent, car ses documentaires sont de véritables films avec une dramaturgie, de l'humour, de la colère et de l'indignation.

Comme je vis avec un garçon qui pendant des années m'a dit quasi quotidiennement "Chirac, il va aller en prison !" et qu'aujourd'hui son discours est "ça va péter un jour, ça va péter ! Il faut que ça pète"... je lui laisse le clavier pour vous parler de ce film.

"La lutte des classes continue, mais ce sont les riches qui l’emportent, c’est inacceptable".

Capitalism: A Love Story

  

Depuis vingt ans Michael Moore promène sa caméra pour saisir des instantanés qui doivent nous amener à réfléchir, mais surtout à agir. Parce qu’il en a un peu marre Michael que rien ne bouge et surtout de s'agiter tout seul.

Le film s’ouvre sur des images de péplum retraçant la chute de l’empire romain. Les commentaires établissent le parallèle entre le passé et le présent de l’empire américain, pour ensuite retracer la naissance, l’age d’or, les dérives, les petits arrangements entre amis du pouvoir et de la finance et le déclin du capitalisme.

L’utilisation d’exemples concrets et précis nous permet de comprendre les rouages machiavéliques qui ont permis à ce système d’arriver au bord du gouffre.

Depuis plus d’un an, nous entendons parler d’emprunts toxiques et de produits dérivés. Qu'est-ce qu'un produit dérivé? Deux financiers, tentent de nous expliquer, en vain, le mode de fonctionnement de cette usine à gaz. A l’écran, il semble qu’ils ne comprennent, eux mêmes, pas très bien comment ça marche.

L’illustration est donnée par la détresse digne d’un couple, dont la maison, payée depuis vingt ans est saisie par la banque. Tout s'enchaîne mécaniquement pour en arriver à l'expulsion : accident du travail, absence de protection, crédit à taux progressif pour vivre, saisie de la maison.

La philosophie de ce système est marche ou crève. Admettons. Alors,  pourquoi le système bancaire américain n’est il pas mort l’année dernière, comme l’avait décidé le congrès lors d’un premier vote ? Pressions sur les membres du congrès,  prêts à taux dérisoires accordés aux politiques ont eu raison de la fronde.

Pour marquer les esprits au pays du « god bless you » Moore utilise même l’argument ultime de la condamnation du système par les représentants de Dieu, et illustre les dérives du « let’s make money » par l’exemple des plus grosses firmes et banques qui assurent leurs employés sur la vie en se mettant bénéficiaires des primes en cas de décès de l’employé.

La solution se trouve peut être du côté de la démocratie. Avec l’exemple de cette entreprise qui appartient à part égale à tous les employés, où les salaires sont tous équivalents, et où toutes les décisions sont prises à mains levées par tous (oui, il y en a une aux states).

En conclusion, Michael Moore regrette que Roosevelt, mort trop tôt, n’ait pas eu le temps de faire voter un amendement à la constitution qui aurait rapproché le système américain du système européen ou japonais. C’est vrai que ce n’est pas chez nous que l’on verrait une telle collusion entre les banquiers, les grands industriels, et le pouvoir politique...

Commentaires

  • Et tu n'as jamais eu l'impression d'être manipulée à mort, de nager en pleine démagogie, d'assister à un mix pas savant de cas particuliers et de généralités ?

  • Non JAMAIS... Et je n'ai pas l'impression que les cas particuliers présentés ne peuvent illustrer les généralités. Ce serait impossible d'être exhaustif.
    Je trouve que ce film est plus pédagogique que démagogique.
    ça peut prêter à sourire mais l'injustice, les inégalités, ces puissants qui nous entubent, ces riches qui se goinfrent ça ME FAIT VERITABLEMENT GERBER ! Et je regrette que le film de Moore soit si inoffensif et qu'"on" ne le soutienne pas avec nos faibles moyens.

  • Démagogique? Oui le film l'est complètement, mais dans le sens ethymologique c'est à dire qui éduque et conduit le peuple.
    Oui, le film montre des cas particuliers, mais pas pour en faire des généralités, mais plutot pour illustrer ces généralités.

  • c'est ce que je dis ! Tu m'prends pour une fille ou quoi ???

  • Mais non. Pour une femme au foyer qui d'après les statistiques devrait passer plus de temps aux fourneaux qu'à l'ordinateur.
    Ils l'ont dit dans mon france inter ce midi. L'ordinateur est réservé à l'homme.

  • Moi tout ce que je sais c'est qu'on ne court pas dans les camps !
    A part ça, scuzez m'sieur dame j'm'en vais peloter l'mulot
    vu que c'est grâce à lui que j'peux bouffer
    (au resto)

  • je cherchais Madison , je suis arrivé ici ! à souvent !

  • hervé : moi ce que j'ai retenu de cette étude sociologistique c'est que dans les couples c'est 80 % - 20 %... ce qui est parfaitement respecté ici. Pour une fois qu'on entre pile poil dans les stats !!!

    Fred : Tu le sais mais je vois pas pourquoi on pourrait pas. J'ai eu un grand père déporté moi !

    Cactus : tu la trouves belle ma route ! C'est gentil de dire comment tu es arrivé ! Tu vas voir, on s'amuse des fois ici.

  • Tiens...
    Donc...
    Comme on se retrouve...
    Bon...
    J'dis ça...
    J'dis rien...

  • Sauf que c'est 80% à la charge de la ménagère logiquement et non l'inverse.
    Pour Noel, je t'offre une dinette.

  • Fred : tu vois qu'on pourra y courir !

    hervé : oui ben c'est ce que je dis aussi. 80% à la ménagère qui fait la dinette !
    Moi je voulais te faire la surprise mais ce sera une panoplie de pompier.

  • En ce qui me concerne je fais toujours ce que je veux
    quelquefois ce que je dois
    jamais ce qu'on me dit
    donc je courre où je veux quand je veux
    parce que je le veau bien !
    Grouiiiiik

  • Moi déguisé en pompier, toi en ménagère......
    Ca risque d'être chaud!!!!

  • Fred : meueueueueuh !

    hervé : tu vas sortir la grande échelle ?

  • Je me méfie à mort du bonhomme depuis les fausses images de la sécu dans Sicko et les faux témoignages filmés rémunérés.

  • Pfffffffffffff. C'est ça méfie-toi ! T'façon tu préfères les serials !

  • Quelques mois après Sicko (que je n’ai pas vu), Michael Moore est déjà de retour avec un nouveau film et non pas un documentaire. En effet, c’est une nouvelle œuvre de fiction (pour ne pas dire œuvre de propagande) du bon vieux Michael Moore qui tire sur les mêmes ficelles : montage à sens unique des images pour délivrer son message (et écarter tout ce qui peut nuancer ou contredire son message).
    Pour ma part, j’ai nettement décroché depuis Bowling for Columbine et cette scène hallucinante où Moore interroge Charlton Heston et lorsque Moore lui présente la photo d’une petite fille victime d’une balle perdue (lors d’un règlement de compte des gangs je crois), Heston excédé demande l’arrêt de l’interview et quitte la scène et on voit Moore laisser la photo de la fillette devant la maison de Charlton Heston sur une musique sirupeuse digne d’une comédie romantique où l’on tire sur la corde sensible. Encore une fois le justicier Moore a vaincu un méchant au plus grand plaisir de son public. Scène d’un grand manichéisme et si caractéristique des films de Moore depuis.
    Une fusillade à Columbine ? Moore fait un film contre la vente libre d’armes à feux aux Etats-Unis. Une guerre préemptive en Irak ? Moore nous fait un film sur le 11/09 et l’utilisation de la peur par l’administration Bush. Barack Obama et Hillary Clinton font de la réforme du système de santé un des thèmes majeurs de leur campagne ? Moore fait Sicko. Crise financière ? Moore fait un film sur les dérives du capitalisme. Moore a en effet tout compris du capitalisme et sait vendre son produit (la contestation). Ce « Capitalism A Love Story » est sur la même ligne directrice.
    Dans ce nouvel opus, Moore va faire découvrir au bon peuple et aux masses laborieuses ignorantes ce qu’est le Capitalisme. Heureusement que Moore est là pour nous ouvrir les yeux. Le Capitalisme expliqué par Michael Moore, c’est un peu comme Sarkozy expliquant le communisme. Vous voyez à peu près le topo sans avoir vu le film. Au menu, on y trouve tout ce qui fait le succès de Moore depuis Bowling for Colombine à savoir démagogie, populisme, manichéisme et égocentrisme.
    Le film commence par des images de péplum sur l’Empire Romain et sa chute. Et durant tout le film, Moore glisse des extraits de films publicitaires (dont on n’ignore l’origine mais probablement des images datant de a Guerre Froide) vantant le Capitalisme américain pour servir son pamphlet anticapitaliste. Ensuite, Moore nous fait croire à un espèce d’âge d’or post-1945 où tout allait bien (ouvriers bien payés, vie heureuse, etc.) et nous explique le déclin de l’industrie US à travers l’exemple de l’industrie automobile et de son père qui était un ouvrier exemplaire. Rien que ce début nous montre la simplification à outrance et la méconnaissance de Michael Moore du capitalisme américain des années 50 (qui n’avait rien de glorieux ou équitable).
    Moore passe le reste du film à juxtaposer d’une part son expérience personnelle et familiale (lui-même car visiblement Michael Moore s’aime beaucoup, son père, son pasteur, sa ville, etc.) à travers des images super 8, des images d’archives et des entretiens faits pour le films, et d’autre part des cas particuliers illustrant à quel point les puissants (grandes entreprises, banques, hommes politiques) sont tous de mèche pour léser le gentil ouvrier américain et lui voler sa maison.
    D’abord on a des images de pilotes de ligne sous-payés où Moore fait le lien entre pilotes sous-payés et sécurité aérienne (sans y apporter la moindre preuve et en généralisant). Ensuite, on a le clou du spectacle avec les fameuses « dead peasant policies » où de grandes compagnies souscrivent des assurances sur la vie sur leurs employés sans les informer et empochent une grande partie de l’argent. Exemple intéressant car peu connu en France et exemple qui illustre parfaitement la mauvaise foi et la malhonnêteté de Michael Moore. Je passe outre les ridicules témoignages des familles où Moore nous les montre en train de pleurer (scènes digne d’une émission de TF1 de deuxième partie de soirée type Sans Aucun Doute où on peut à loisir taper sur les arnaqueurs de tous poils, voir le malheur des gens et les voir pleurer à l’écran, sous prétexte de les aider on utilise leur malheur à des fins d’audience et Moore fait la même chose) et raconter leurs déboires. Venons en donc à ces polices d’assurances. La grande supercherie de Moore est de faire croire au public que les entreprises sont d’ignobles profiteurs qui spéculent sur la mort de leurs employés et gagnent à tous les coups. Il nous expose donc le versant qui l’arrange (à savoir le montant de la police d’assurance-vie et ce que reçoivent au final les entreprises en cas de décès) en laissant croire que c’est du gagnant-gagnant à tous les coups mais il se garde bien de raconter l’autre versant (le coût et la complexité du système). En effet bien évidemment, les assurances c’est comme la bourse ou la loterie, le système ne marche que s’il y a des gagnants et des perdants. Les entreprises américaines ne gagnent pas à tous les coups.
    A la base c’est un système classique d’assurance-vie où les entreprises se prémunissent contre le risque de perdre un cadre dirigeant important (le chef d’entreprise, le directeur commercial, etc.) et difficile à remplacer du jour au lendemain et dont le remplacement occasionnera des pertes pour l’entreprise. Au départ il y a une réelle demande et un réel besoin (notamment des petites entreprises où le décès d’un cadre dirigeant peut entrainer l’entreprise à la faillite et au licenciement de ses salariés donc la police d’assurance-vie permettre à l’entreprise de survivre). Le législateur conscient de ce besoin va donc légiférer et pour pousser les entreprises à se prémunir contre ce risque (et des possibles faillites) les FISC américain a accordé des avantages aux entreprises : des déductions fiscales. Les entreprises font un arbitrage entre les intérêts payés et les intérêts reçus. C’est comme si on emprunte 10 000 euros (avec un taux d’intérêt de 5%annuel) pour jouer en bourse et qu’on les places avec un taux d’intérêt de 10%. Si l’Etat nous permet de déduire les intérêts payés (500 euros la première année) des impôts et de ne pas déclarer les intérêts reçus (1000 euros) alors on a juste à faire un arbitrage de façon à ce que la différence entre les deux soit positive et nous permettre de faire un profit. Pour cela on va souscrire des milliers de contrats d’assurance-vie (jusqu’à la limite du plafond autorisé par la loi) pour tous les employés de manière à diversifier le risque et multiplier les bénéfices.
    Cependant tout ceci n’est pas sans risque et on ne gagne pas à tous les coups. Le géant américain Wal-Mart par exemple a souscrit ce type d’assurance pour ses 36 000 employés auprès de AIG et a perdu 1,3 milliards ! Wal-Mart a même fait un procès à AIG pour l’avoir mal renseigné sur les risques de ce type de police d’assurance ! Au final, ces contrats d’assurance-vie pour les entreprises sont juste une nouvelle dérive du système américain et dans la droite lignée des hedge-funds : on marchande tout ce qui peut rapporter. Tout peut devenir un produit de spéculation . Y compris l’assurance-vie. Il suffit de trouver une niche fiscale et les entreprises vont s’y engouffrer pour réduire leurs impôts. Au final ce qui intéresse les entreprises ce n’est pas la prime d’assurance-vie mais la possibilité de spéculer et de payer moins d’impôts. Et ce n’est pas une lubie des entreprises, les particuliers cherchent aussi à payer le moins d’impôts en profitant des niches fiscales. Le système est écœurant c’est certain mais l’assurance-vie, même pour les particuliers, cela n’a jamais été un produit très joli. Les entreprises ont juste poussé la perversion de ce type de produit à la limite de la décence.
    Evidemment Michael Moore se garde bien d’évoquer les pertes de Wal-Mart et il se garde bien d’expliquer le système. Il se garde bien aussi de dire que durant les années Bush, en 2006, une loi est passée (COLI Best Practices Act) pour limiter les dérives en autorisant ce type de contrat assurance-vie uniquement pour les cadres dirigeants (ceux possédant au moins 5% de l’entreprise) et/ou les salariés les mieux payés (les 35% les mieux payés dans l’entreprise) et en obligeant l’entreprise à obtenir l’accord du salarié sur un papier mentionnant le plafond de la police et le bénéficiaire. Moore se garde bien aussi de dire que cette dérive a débuté au début des années 50 (lorsque la loi a permis les abattements fiscaux et un arbitrage de taux d’intérêts). Années 50 qui, si l’on en croit Michael Moore, étaient l’ âge d’or du capitalisme où tout allait bien, le paradis perdu en quelque sorte.
    La malhonnêteté de Moore et sa mauvaise foi se poursuivent dans le film avec le fameux plan Paulson très mal expliqué et dénaturé. Aussi scandaleux que ce plan fut (surtout dans son exécution), Moore laisse croire qu’on a donné 700 milliards aux banques en cash alors que ce montant était un plafond de garantie (et pas une sommé transférée aux banques comme ça du jour au lendemain). Le Plan Paulson était mal ficelé et consistait à sauver les banques pour éviter une panique et un effondrement du système. Là où Moore nous fait croire que suite au rejet original du plan Paulson les démocrates se seraient alliés aux républicains pour aider les banques, il simplifie et travestit la vérité comme d’habitude. Les démocrates ont demandé une révision du plan pour garantir les dépôts (pour éviter une panique et un retrait d’argent massif des particuliers), racheter les actifs toxiques des banques en contrepartie de prises de participations dans le capital des banques aidées. Ce plan est similaire à celui mis en œuvre par le gouvernement suédois (qu’on peut pas taxer de libéral ou néocapitaliste vu que la Suède a longtemps eu le meilleur système de protection sociale) en 1992 après l’éclatement de la bulle immobilière. Evidement Moore n’en parle pas du plan suédois duquel se sont inspirés les démocrates américains. Pourquoi informer les gens quand on peut les manipuler ?
    Ceci étant dit, cela ne justifie pas le Plan Paulson et sa mise en œuvre pour autant. Au lieu de s’interroger sur l’opportunité de sauver des banques de la faillite (alors que l’industrie automobile, celle du textile et d’autres se sont effondrées occasionnant des milllions de pertes d’emplois suite à la mondialisation et sans aucune intervention étatique), ce qui est une réelle question qui peut être débattue, Moore nous sert son habituelle démagogie avec les appels des américains à leurs représentants pour leur intimer l’ordre de rejeter le plan. Moore nous érige ça en exemple de démocratie alors que ce genre de scène se produit régulièrement et qu’à la moindre loi sur l’immigration les élus US reçoivent des appels de leurs citoyens furieux leur demandant de ne surtout pas voter de loi pour la régularisation des clandestins. La démocratie ne consiste pas à faire pression sur son député des qu’une loi nous déplait mais à élire celui qui est le plus à même à le représenter et à représenter ses convictions. Si tout se passait comme pour le plan Paulson alors en France la loi sur l’abrogation de la peine de mort ne serait jamais passée en 1981 vu que la majorité des français était contre. Le Peuple n’a pas toujours raison et il faut arrêter ce manichéisme « le bon peuple face aux élites ». Tout n’est pas blanc ou noir.
    Le Plan Paulson n’était pas brillant et est tout à fait débatable mais avec Moore il n’y a pas de débat. Comme cet épisode populo-égocentrique où il va devant les banques pour réclamer (rendez l’argent) avec des sacs pour mettre les billets. Comme d’habitude, le clown Michael Moore se met en scène et c’est un spectacle. D’où l’idée d’œuvre de fiction dont je parlais au début. Pour Moore il n’est pas question d’informer le public mais de se mettre en scène à travers l’actualité et faire un film qui va réjouir son public. Michael Moore ne cherche pas la vérité, il ne cherche pas à convaincre, à la manière d’un précheur il passe son temps à prêcher des convaincus et flatter son auditoire avec le même refrain « salauds de riches ! » et dans la salle il y a parfois des sifflets ou des applaudissements soulignant bien qu’on est face à une farce, à un divertissement, à un clown et pas face à un réel documentaire visant à informer le public et les pousser à en savoir plus. J’ai parlé de prêcheur et il est justement question de religion dans le film. Moore nous ressert son passé de catho de la classe moyenne américaine, on apprend qu’il s’est marié à l’église et il filme un pasteur condamnant le capitalisme et le décrivant comme le Mal. D’un côte il fustige les prêcheurs qui disent que la capitalisme est conforme avec la Bible et d’un autre côté il délivre le message inverse et condamne le capitalisme à travers un homme d’église. La réalité est que la Bible ni ne condamne, ni ne recommande le capitalisme. Au final, Moore fait la même chose que les gens qu’il dénonce : il travestit la réalité et prêche pour imposer son propre point de vue (à savoir qu’un homme de foi doit condamner le capitalisme). Pour ma part, je n’ai de sympathie ni pour les prêcheurs pro-capitalistes, ni pour les prêcheurs anticapitalistes. C’est les deux côtés d’une même pièce de monnaie.
    Le film aborde sa dernière partie avec Obama (candidat soutenu officiellement par Moore) et cette nouvelle Amérique en train de naître avec plus de démocratie et d’humanité. Moore nous présente un portrait idyllique d’Obama (décrit comme un socialiste par ses adversaires, oh que c’est pas beau ! sauf que c’était aussi le cas des candidats démocrates précédents et en particulier Bill Clinton, rien de neuf) et de l’Amérique d’en-bas qui se révolte et prend son destin en mains. Bien entendu, Moore oublie de préciser que le Secrétaire au Trésor d’Obama se nomme Robert Rubin. Rubin a 26 ans de service chez Goldman Sachs (dont deux en tant que Vice-Président de la banque) et a ensuite fait carrière politique dans l’administration Clinton. En 2007, il est entré chez Citigroup et en est parti quelques mois après avec 126 millions de dollars en indemnités diverses (stock options, retraite, etc.) et il a été nommé par Obama Secrétaire au Trésor (équivalent du ministre des finances). Obama a aussi nommé Directeur du National Economic Council un ancien secrétaire au trésor de l’administration Clinton à savoir Larry Summers. De 2001 à 2006, Summers était le président de l’université d’Harvard et il a investi 3,5 milliards de dollars en produits dérivés (à travers les hedge funds) et a fait perdre à Harvard 1 milliard ! Il a d’ailleurs été viré d’Harvard. Summers s’était aussi illustré à la Banque Mondiale en affirmant que les pays pauvres (en Afrique) étaient sous-pollués dans la mesure où la densité de population était faible dans certaines parties d’Afrique et qu’il était normal de transférer les produits toxiques et entreprises polluantes en Afrique pour mieux redistribuer la pollution sur la planète ! Autant dire un grand humaniste et chantre de l’égalité.
    L’économiste Dean Baker (qui avait prédit la crise immobilière et financière des 2002) a d’ailleurs ironisé en disant que nommer Rubin et Summers au Secrétariat au Trésor et Conseil Economique c’était comme confier la lutte anti-terroriste à Ben Laden.
    A partir de là, on peut s’interroger si Moore est naïf, mal informé ou de mauvaise foi sur le cas Obama ?
    Je crois que dans la mesure où il l’a soutenu publiquement et le public de Moore est pro-Obama, Moore ne va pas chercher plus loin et se contente de relayer la bonne image d’Obama auprès des classes défavorisées. Moore ne veut surtout pas fâcher son public. Il est vrai que taper sur George Bush et lui faire porter le chapeau comme le bouc-émissaire de tout ce qui va mal, c’est plus facile que de voir plus loin que le bout de la lorgnette sur Obama et essayer d’aller plus loin dans l’analyse. Surtout ne pas enquêter et s’apercevoir que la réalité n’est pas vraiment conforme à ce que l’on croît.
    Pour finir, Moore nous fait l’apologie de Franklin Delano Roosevelt et de son deuxième Bill Of Rights. Le même Roosevelt qui s’est partagé le monde à Yalta avec Staline et Churchill et a posé les fondations de l’après 1945, l’age d’or capitaliste si cher à Moore. Et Moore nous laisse penser que ce deuxième Bill of Rights (une déclaration des droits fondamentaux en quelque sorte) aurait empêché la dérive du système capitaliste depuis 60 ans. Comme d’habitude avec Moore, on est dans un monde de Gentils ou d’Humanistes (Roosevelt, Obama, son père, son prêtre, etc.) et de Méchants ou Profiteurs (Bush, Goldman-Sachs et les Banques en général, les vautours qui profitent des saisies de maisons, etc.). On est dans le même manichéisme ambiant. Aucune nuance. On se met à regretter le Michael Moore de « Roger et moi ».

    Au final, je vois conseille vivement ce film si vous êtes un ou une fan de Michael Moore. Vous en sortirez avec vos convictions confortées. Le film est en quelque sorte un meeting politique. En revanche, si vous souhaitez être informé et en savoir plus sur la crise financière, les dérives du capitalisme, les inégalités, etc. je vous conseille de faire des recherches sur le web et choisir des articles de presse ou simplement de lire des livres sur le sujet (la bibliothèque municipale à côté de chez vous ou votre libraire mérite une visite). Dans tous les cas, faîtes vous votre avis et ne prenez pas pour argent comptant (c’est le cas de le dire) tout ce qui est dit dans le film de Moore (ni même ce que je peux dire). Documentez vous et faîtes vous votre propre opinion.

    PS : désolé ! J’ai fait une énorme tartine ! J’ai été trop long. Du coup c’est pas très lisible et concis. J’essayerai de faire plus court la prochaine fois ou même mieux je n’irais pas voir le film de Moore et ne contribuerais pas à l’enrichir un peu plus. Même si j’ai une carte d’abonnement, ça m’embête un peu de lui avoir filé du pognon…

  • En effet, je viens de voir comment c'est publié et c'est pas très lisible et très long. Du coup, personne va le lire ! Pour une fois que j'étais sérieux. Sniff sniff ! Zut ! Prout !

  • De toute façon des commentaires aussi longs ne seront pas lus (c'est ma longue expérience des blogs qui parle). C'est pourquoi, vu que tu as plein de choses sérieuses à dire je t'avais suggéré de créer un blog.
    Cela dit malgré la longueur de ton réquisitoire anti-Moore, tu fais toi aussi des raccourcis saisissants.

  • c'est vrai !
    faut créer votre blog !
    c'est gratuit en plus et ça peut rapporter de nombreux avis discordants !
    ainsi va l'avis !

  • Oui je savais que ce ne serait pas lu, je m'en suis aperçu des que j'ai fini de l'écrire. Après il faut soit retravailler le post, le jeter à la poubelle ou le publier tel quel. Il me semble difficile de parler du film sans entrer dans le détail comme pour les dead peasant policies. J'aurais pu dire comme toi que Moore fait des raccourcis mais ça n'aurait pas aidé le lecteur à comprendre mon grief envers Moore. A un moment on peut pas critiquer un tel film (qui brasse beaucoup de sujets) en restant à la surface. Retravailler le post à la manière d'un journaliste pour raccourcir et le faire entrer dans un format n'était pas une option. Fallait soit publier ou jeter à la poubelle.

    Je pense pas avoir fait de si gros raccourcis que ça mais bon mon post reste assez confidentiel et écrit d'un jet. Il n'est pas destiné à un auditoire de plusieurs millions de personnes. Moore a passé des semaines, voir des mois sur son film. Il a amplement le temps et le matériel (une équipe qui recherche des images, des articles, des infos, etc.) pour faire un film cohérent et en adéquation avec la réalité. Au lieu de ça, Moore flatte son public et prêche des convertis (rien de noble à ça) et lui dit ce qu'il a envie d'entendre. Là où un Pierre Carles (qui n'est pas parfait non plus) fait un docu de 2h sur Bourdieu (la sociologie est un sport de combat) qui explique pas mal de choses, Moore se complait dans un nombrilisme et un rôle de clown qui au final convient parfaitement aux pouvoirs en place et ne les met absolument pas en danger.

    Pour le blog, c'est trop de travail de maintenance pour si peu de choses à dire (je poste quand même pas très souvent sur ton blog) et ensuite ça devient presque un métier de critique. Je me contente donc de lire les blogs et de répondre lorsque j'en ai envie. Les blogs sont intéressants aussi par les réactions qu'ils suscitent (je parle pas de moi ici hein ! lol). J'aime bien ce blog car il y a beaucoup de réactions diverses et pas forcément de bloggeurs (de personnes qui ont déjà un blog). Voilà j'ai fini.

  • rebelote pourtant , j'aime bien votre script si ça vous remonte l'immoral !
    vive le ciné !
    ce soir chiné-club chez moi !

  • myrtle_gordon : ça ne te demanderait pas plus de travail de poster sur TON blog qu'ici. Je ne me plains pas que tu viennes, l'entrée est libre et gratuite... mais "discuter" par écrit me paraît impossible !

    Cactus : il a dit qu'il avait fini !

  • Pascale, ce que tu ne comprends pas c'est que mes posts sont une réaction aux films mais aussi et surtout à ta critique et aux réponses. En résumé mes posts sont une réaction globale et pas seulement au film. Je ne vois pas bien l'intérêt de démarrer un blog vu que c'est une réponse à ton blog et aux réponses. Je lis des blogs et des forums et je réponds quand j'ai quelque chose à répondre et de préférence pour dire quelque chose qui n'a pas été souligné (sinon c'est pas vraiment la peine que je donne mon point de vue s'il a déjà été exprimé totalement par d'autres).

    Maintenant, je peux aussi faire des one-liners, des "formidable" "je suis d'accord avec toi" "le film est super et les acteurs sont beaux" ou des jeux de mots pourris si tu préfères :) (ah tu vois j'ai même fait un smiley).

    Pour quelqu'un qui a un blog, ta conclusion me paraît surprenante. L'écrit est justement la meilleure forme de dialogue vu qu'on peut prendre le temps de réfléchir et échanger des points de vue au lieu de débiter des banalités du café du commerce ou les choses entendues ici et là et surtout qu'on peut échanger des points de vue avec des personnes différentes qui ne partagent pas du tout le même point de vue et sont parfois plus informés que soi dans des domaines qu'on ne maîtrise pas. J'ai appris plein de choses sur le web comme ça.

    Enfin, je vais m'arrêter là et dire, comme disent les anglais, "we agree to disagree" même si j'aurais préféré qu'on discute plus du fond que de la forme. Puisque tu dis que tu te plains pas que je vienne ici alors je vais rester :)

  • Toi non plus tu ne comprends pas.

    Moi aussi je donne MON avis sur un film. Je n'ai jamais prétendu "critiquer" mais parler de ce que je ressens.
    Par contre, débattre PAR ECRIT je trouve cela impossible. C'est mon point de vue et je ne m'attarde jamais sur les forums tel Agoravox car sans l'image de la personne et le son (le ton) de la voix, je trouve que ça tourne vite aux monologues de sourds. Donc ça ne m'intéresse pas.

    Si quelqu'un me dit "je suis allé voir ce film car tu m'as donné envie de le voir", je suis ravie.
    Si quelqu'un me dit "je n'irai pas le voir parce que ce que tu en dis ne me donne pas envie", ça me gêne parce que je trouve qu'il n'y a rien de mieux que de se faire une idée par soi-même.

    Je crois que j'accepte, comprends qu'on aime pas alors que j'ai aimé ou qu'on aime alors que je n'ai pas. A aucun moment je ne souhaite qu'on me serve : "des "formidable" "je suis d'accord avec toi" "le film est super et les acteurs sont beaux"...

    Si je te dis d'ouvrir un blog c'est que tu sembles toi par contre vouloir "discuter" (ce que TU appelles discuter) par écrit à l'infini avec les personnes qui commentent. Tu remarqueras que même si tu réagis aux propos des autres : personne ne te répond. Par contre si le blog t'appartenait tu pourrais réagir aux uns et aux autres.

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