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LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS

de Saverio Costanzo ****

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Quatre époques significatives dans la vie de Mattia et Alice dont l'enfance est détruite par un événement effroyable qui va influer sur le cours de toute leur existence. 1984, Mattia et Alice sont des enfants. Ils ne se connaissent pas mais sur chacun d'eux pèsent des responsabilités et des obligations disproportionnées à leur âge qui leur sont imposées par des parents inconscients, démissionnaires ou vaniteux. 1991, Mattia et Alice sont adolescents, ils se croisent, se "reconnaissent" ou plus précisément perçoivent en l'autre cette différence qui les rend étrangers aux autres. 1998 les jeunes adultes qu'ils sont devenus peinent considérablement à trouver comment exprimer l'amour qui les unit presque malgré eux. 2007, épilogue foudroyant...

Que de force, de chagrin et de douleur dans ce film et chez ces deux êtres fracassés très tôt contre les murs d'une vie que leurs parents leur ont imposée ou ont rêvée pour eux, à leur place ! Ils n'auront de cesse de résister en se refusant au bonheur qui parfois s'offrait à eux. Dans l'enfance Mattia surdoué en mathématiques a quasiment la charge de sa petite soeur jumelle, sorte d'autiste douce et docile qui brusquement se met à pousser de déchirants hurlements que seul Mattia peut calmer. Il aime et protège sa soeur mais rêve d'anniversaires et de chahuts plus adaptés à son âge. Être comme tous les autres. Un clown sinistre et terrifiant le ramènera brutalement vers "sa" réalité. La mère monstr(ues)e incarnée par Isabella Rossellini capable de proférer que la naissance de ses enfants lui a gaché la vie et que son fils lui fait peur est une scène choc, définitivement traumatisante pour Mattia. Quant à Alice, elle doit se débrouiller entre l'idéal de gloire que son père a rêvé à sa place et une mère-enfant qui observe, comprend mais laisse faire le carnage.

L'adolescence, époque de toutes les douleurs et de l'infinie cruauté de leurs semblables ne sera pas plus joyeuse pour Alice et Mattia qui prendront néanmoins conscience de leur différence et de ce lien indéfectible et comme irrépressible qui les rapproche. Mais la culpabilité les accable, les isole et les enferme encore davantage. Ils sont incapables physiquement de dépasser cette certitude que le bonheur n'est pas pour eux. Il est rare de voir deux êtres aussi tristes et malheureux tenter de se dépatouiller de la tyrannie des démons qui les possèdent. Et ce qu'ils font subir à leur corps toute leur vie aurait pu donner lieu à un film fantastique voire d'horreur. Mais le réalisateur a la bonne idée de se "contenter" de ne faire voir que le résultat de ce que Mattia et Alice se font subir et jamais comment ils y parviennent.

Tant mieux, cela donne un film d'une tristesse insondable mais d'une force incroyable et totalement bouleversant. Il faut dire que les 6 acteurs qui donnent "corps" à Alice et Mattia aux différents âges de leur vie sont tous et sans exception époustouflants. Quant à Luca Marinelli et Alba Rochwacher qui les incarnent adultes, on peut dire qu'ils ont poussé leur interprétation au-delà de ce que les limites d'un rôle imposent habituellement. Outre leurs beaux visages fascinants et leur intensité dramatique, ils ont cédé aux exigences du réalisateur Saverio Costanzo qui considère que l'acteur doit s'impliquer physiquement : "J’ai d’abord demandé à Luca Marinelli et Alba Rochwacher, mais aussi aux autres interprètes, de faire un travail spécifique sur le corps pour deux raisons. La première est d’ordre politico-philosophique : le corps est aujourd’hui, je crois, un élément politique important, et sa « destruction » est une révolution que l’on est capable d’accomplir à l’intérieur de soi, un moyen personnel de s’opposer. La seconde est purement concrète car restituer de façon crédible le passage du temps à l’écran demandait un changement corporel."

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Commentaires

  • Voilà.
    Et comment il va faire notre Edouard avec son panoptique ?
    5 étoiles, il a pas ça dans sa besace !

  • Je n'ai pas trop aimé le roman, je n'avais donc pas l'intention d'aller voir le film, mais 4 étoiles ... voilà qui mérite réflexion.

  • Fred : ben ça va là, y'en a 4.

    Aifelle : c'est étrange, surprenant et bouleversant je trouve.

  • Lire cet excellent billet me replonge dans ce film terrible.
    "Mais la culpabilité les accable, les isole et les enferme encore davantage. Ils sont incapables physiquement de dépasser cette certitude que le bonheur n'est pas pour eux."
    Quel drame de voir ces enfants vouloir vivre leur vie mais rendue improbable avec leur vécu respectif.
    La métamorphose physique d'Alba Rohrwacher et Luca Marinelli est exceptionnelle.
    Un grand film à n'en pas douter.

    Par contre je ne comprends pas le: épilogue foudroyant ?

  • Disons que je suis foudroyée quand je vois dans quel état ils se sont mis... Et que ce qui se passe sur le banc n'est pas forcément pour moi une promesse de bonheur !!!
    La métamorphose fait peur et peine à voir !

  • Ben la fin c'est qu'ils ont compris que bon jamais quoi hein j'ai pas compris faut rien dire mais bon reste plus qu'à se flinguer définitivement attention ceci est un spoiler, personne ne lit, merci

  • t'inquiète, j'ai pas lu !

  • Je suis d'accord pour la métamorphose. L'implication des acteurs a été totale.
    Je vois vos lectures du dénouement.
    J'ignore leur avenir mais j'ai vu qu'au moins ils n'étaient pas seuls mais ensemble.

  • Je suis moins péremptoire que la fighteuse du dessus tu as remarqué !

  • Je ne pensais pas susciter de réactions. Je m'interrogeais vraiment, pour une fois que je voyais un aspect positif (c'est pas d'bol :p)
    Après tout ils pleurent tous les deux dans cette scène. J'vais arrêter de spoiler. Faut aller le voir tant qu'il est encore en salle :)

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