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UNE VIE SIMPLE de Ann Huy ***

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Ah Tao a toujours été au service de la famille de Roger.

Elle s'est occupée de trois générations d'enfants. Aujourd'hui, Roger quarantenaire scénariste et producteur de cinéma vit seul avec celle qu'il considère comme sa nounou. Elle le couve, le materne, lui prépare ses repas. Au retour d'un de ses déplacements Roger trouve Ah Tao inanimée. Elle a eu une attaque et à l'hôpital elle se rend à l'évidence, elle ne pourra plus travailler et décide d'entrer dans une maison de retraite médicalisée. C'est Roger qui se renseigne, cherche le meilleur endroit possible qui manifestement n'existe pas. Ah Tao s'installe donc dans une maison pour vieux où on ne trouve qu'une unique pièce commune et en guise de chambres de petites alcôves séparées par des paravents. La chance d'Ah Tao est de bénéficier d'une alcôve pour elle seule...

La première constatation universelle et que démontre parfaitement ce film est à quel point on ne voit ou ne regarde plus les personnes proches de nous. Désormais seul chez lui, Roger n'est pas seulement incapable de se faire cuire une soupe aux nids d'hirondelle, il constate qu'Ah Tao lui manque. De son côté Ah Tao humble et effacée ne réclame rien. L'endroit où elle se trouve est un mouroir sinistre où elle côtoie toute la misère humaine où des personnes en fin de vie crèvent d'ennui et de solitude. L'observation du quotidien fait froid dans le dos mais il n'y a aucun misérabilisme dans cette peinture de la vieillesse souvent abandonnée. La réalisatrice s'attarde sur le papy encore vert qui "emprunte" de l'argent qu'il ne rend jamais pour aller voir des prostituées, la vieille qui reçoit les visites de sa fille et ne fait que réclamer son fils qui ne vient jamais, celle qui veut s'échapper, l'autre qui bave... ainsi que sur les fêtes obligatoires (scène cruelle où une jeune chanteuse vient faire sa B.A. et sa promo et où l'on reprend les friandises aux vieux dès que la caméra ne filme plus), la vie ordinaire d'une maison de retraite comme on en a tous vue ou entendu parler.

Mais ce qui fait palpiter le coeur est la relation nouvelle qui s'établit entre Roger et Ah Tao. Les visites de l'homme pourtant fort occupé se font de plus en plus fréquentes et les rôles sont inversés. Il se sent comme redevable et prend conscience de tout ce que cette femme lui a apporté, lui a sacrifié et à quel point il l'aime. Il est bien plus proche d'elle que de sa propre mère. Le rapport de classes est anéanti dans cette relation où peu à peu les sentiments s'expriment. La complicité et la connivence de cette femme et de cet homme sont bouleversants. Les moments partagés ne sont que tendresse, échange et générosité.

Un film vibrant, émouvant, à conseiller à Michael Haneke, où deux acteurs magnifiques Andy Lau et Deanie Ip parlent d'Amour et de compassion avec sensibilité, pudeur, évidence.

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