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FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY 2016 - LES COW BOYS de Thomas Bidegain ****

PREMIER FILM HORS COMPÉTITION

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Une famille Ricorée idéale, papa Alain, maman, fifille Kelly et petit garçon Kid, se rend à la fête annuelle des amateurs de country. Cela se passe en France dans l'Ain (j'ai lu les plaques d'immatriculation) et on se croirait en plein Wyoming, grands espaces, stetsons, santiags, gadoue et air vif.

 

La musique country, les danses folkloriques, le rodéo mécanique, le barbecue ribs de porc and wings de poulet... tout est là et la fête bat son plein. Kelly danse avec son papounet d'amour. Et paf le chien... en pleine fête, Kelly 16 ans disparaît. On pense d'abord à une fugue. Mais rien ne laissait présager ce départ. Alain apprend que Kelly avait un petit ami, Ahmed, qui lui aussi a disparu. Rapidement, en fouillant la chambre de Kelly, ses parents découvrent des cahiers emplis de calligraphie arabe et de propagande de "barbus". Pas de doute, Kelly s'est convertie à l'Islam à l'insu de sa famille et a suivi son ami radicalisé... Alain, fou de douleur, de chagrin et de colère ne cessera plus un instant de chercher sa fille, brisant son couple, rejetant sa famille, ses amis, son travail et entraînant dans son enquête son fils Georges, surnommé Kid...

 

On passe sans problème, enfin moi je passe sans problème sur quelques facilités ou étrangetés, la facilité parfois à se retrouver sur la piste de Kelly (surtout au début), l'attitude étrangement détachée de la mère alors que le père agit, les nombreuses ellipses dans la seconde partie, une histoire d'amour prévisible et finalement très belle...

 

Parce que ce film m'a embarquée et emmenée loin loin loin. Au propre et au figuré. Le réalisateur n'y va pas par quatre chemins et nous entraîne en Belgique, au Yémen, au Pakistan. Suivre la piste de Kelly est un combat de tous les instants et Alain abandonne tout, famille et patrie pour retrouver sa fille qui a pris un nom arabe, a emballé, dompté son abondante tignasse rousse dans un voile puis dans un niqab, et donne avec parcimonie des nouvelles de sa vie à sa famille lors de grands événements.

 

Les années passent, des avions percutent le World Trade Center, un avion déraille à Madrid, des attentats ont lieu à Londres... Chaque fois, Alain et Kid pensent que Kelly est impliquée. Ils ne lâchent rien. Et c'est absolument incroyable. Un film ample, foisonnant, documenté qui palpite à chaque instant. Un premier "petit" film français qui a tout d'un grand parce qu'enfin il ose, n'hésite pas et fonce comme son acteur François Damiens, transfiguré, enragé, ivre de chagrin suivi de près par une révélation à tomber, Finnegan Oldfield, docile, sacrifié et brusquement capable de dire "non"... et de poursuivre la quête au détriment de sa vie qu'il met sans cesse en danger.

 

Que dire encore pour vous appâter ? Qu'en plein mitan de ce film déjà bien chargé en péripéties et émotions fortes, le réalisateur se permet un twist saisissant qui laisse songeur, KO, stupéfait pendant un long moment. Mais il faut repartir, continuer la quête pour aboutir à une scène finale, muette, intense, d'une beauté à faire frémir les plus blasés.

 

Le film dit aussi que la conversion puis la radicalisation peut entrer dans n'importe quelle famille, la plus aisée, la plus "sans histoire", la plus aimante, que les ados ont une aptitude inouïe à cacher ce qu'ils font en dehors de leurs parents justement parce qu'ils savent qu'ils font quelque chose de pas ordinaire. Qu'il faut être d'une vigilance sans répit d'autant plus quand ils balancent leur tirade : "ouais mais han c'est ma vie han !" car les barbus avec leurs trente mots de vocabulaire connaissent leur cible et leur première mission est évidemment de détourner ces ados fragiles de leur famille.

 

Réussir un film aussi romanesque, constamment surprenant, bouleversant, poignant sur un thème aussi actuel chargé de tant de peur et d'actualité c'est vraiment très fort. Thomas Bidegain s'en empare avec fougue et une putain d'audace (excusez le mot !) et s'entoure d'un François Damiens solide, enfin beau, filmé comme une bête à l'affût, à la fois fort, excessif mais brisé (et bravo à lui de s'être rasé la tête... j'avais déjà constaté sa ressemblance avec Richard-Je t'aime d'amour-Dreyfuss, elle est ici évidente) et de Finnegan Oldfield (français malgré ce nom follement irlandais) d'une présence magnétique, mais aussi de John C. Reilly dans un rôle court de pourriture grandiose difficile à oublier...

Commentaires

  • Pour un premier film c'est effectivement une vrai réussite. On aurait apprécié une indication de date quand 3 ans se sont passés et qu'il repart avec son fils qui a bien grandi. J'ai particulièrement aimé la deuxième partie, la quête du fils. Oui, très bon film !

  • On comprend vite quand même !
    Et oui c'est beau.

  • En fait de premiers films, y a quand même pas beaucoup de films nouveaux pour toi, si ?

  • Ben si tu regardes mieux, je suis arrivée vendredi et j'en ai déjà vu 8 que je n'avais pas vus :
    Rosalie Blum,
    Pikadero,
    Ex_Machina,
    Melbourne,
    Je me tue à le dire,
    Keeper,
    Wedding Doll.
    Sans parler de 10 %
    et des trois courts
    et de 3 000 nuits dont je n'ai pas encore parlé.

  • Tu n'avais pas déjà vu Ex_Machina ? Tiens, c'est rigolo, j'aurais juré que si. J'ai eu une claire impression de déjà vu en lisant ton billet.

  • Ah non et je m'en serais bien passé.

  • Alors j'ai lu l'avis de quelqu'un d'autre qui avait le même avis que toi. ou alors, as-tu particulièrement détesté Oscar Isaac dans autre chose récemment ?

  • Je crois que jusqu'à présent il ne m'avait jamais fait aussi mauvaise impression, non.

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