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CAPTAIN FANTASTIC

de Matt Ross ****

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Synopsis : Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes. Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

Le destin qui frappe la famille est la mort de la maman, pas la peine de faire de mystère. On s'en doute immédiatement et ça arrive très rapidement. Nous ne la verrons d'ailleurs jamais évoluer dans cet Eden monstrueux bien qu'elle soit l'instigatrice de ce mode de vie. Dès le début, elle est à l'hôpital, loin, très loin et l'on comprend qu'elle est mal en point, psychologiquement parlant.

On assiste en ouverture à des scènes muettes où les enfants, du plus jeune au plus âgé, armés jusqu'aux dents de couteaux, arcs et flèches vont chasser dans la forêt pour nourrir la famille. Ils subissent ensuite un entraînement quasi militaire à base d'escalade de parois rocheuses à mains nues, de courses dans les collines, de gymnastique, de séances d'abdos... Le soir, autour du feu (ils vivent sans électricité, forcément) chacun lit en silence.  Puis le père prend sa guitare, suivi par le fils, et enfin chacun abandonne sa lecture et voilà que se forme une chorale improvisée sous la lune. Cela semble idyllique et en même temps, on a une sensation de malaise durable. On se dit que ce père est un malade, un taré, un gourou. Qu'il a transformé sa famille en secte. Que ses propres enfants sont les victimes inconscientes et contraintes de son esprit tourmenté. Et peu à peu, on découvre l'amour. L'amour inconditionnel de cet homme pour sa femme son "hirondelle" et surtout pour ses enfants à qui il apprend à vivre et aussi à survivre ainsi que l'amour qu'ils lui portent en retour. Cela peut être contestable car quelle "chance" avons-nous d'avoir un jour à survivre seul au milieu d'une forêt, mais l'éducation qu'il leur donne, basée sur les principes libertaires de Noam Chomsky (pour faire vite) en a certes fait des adultes miniatures mais pourquoi l'école ne forme-t-elle pas les enfants à devenir des êtres humains cultivés et intelligents ? Là encore, on peut contester, trouver que c'est un peu facile jeune homme, de tout contester et envoyer balader (qui peut le faire concrètement ?) et être agacé par ces petits singes savants qui ont une connaissance quasi universelle, parlent 6 langues et peuvent s'en sortir dans un milieu hostile. Là encore, on finit par changer d'avis car le réalisateur et les acteurs sont plus subtils que les théories.

Evidemment on se pose des questions. Et surtout on veut savoir. Cet homme a-t-il tort ou raison ? Est-ce que moi j'aurais pu ? La réponse est "non", j'ai peur d'une araignée... Mais voir cette famille en pleine nature, couvée par ce père (évidemment Viggo n'a rien du cro-magnon, ça doit aider) qui jamais n'élève la voix, répond à toutes les questions même les plus délicates comme celles sur le sexe avec des mots simples mais précis, a décidé de ne jamais mentir à ses enfants : "votre mère est morte", rejette la société de consommation dans son ensemble... ça fait peur, mais c'est beau et on y croit.

Pourtant, si les parents (la mère revient en "rêve" à son mari) sont convaincus d'avoir accompli quelque chose d'exceptionnel et qu'ils pourront ainsi vivre en autarcie jusqu'à la fin des temps, c'est compter sans la personnalité et l'évolution de chacun. Et puis le terrible retour à la civilisation pour essayer d'assister aux obsèques de leur mère va être un dur retour à la réalité. Les enfants sont d'une intelligence et d'une culture largement supérieures à la moyenne mais sont totalement inadaptés à la vie en société. Le passage dans la famille les met en présence d'une famille conventionnelle où les deux enfants sont des caricatures d'abrutis à qui on a envie de faire avaler leur joystick, voire pire... et les parents constamment en train de négocier pour obtenir d'eux ne serait-ce qu'ils passent à table. C'est excessif bien sûr mais plutôt réaliste je crois.

 

La confrontation avec les grands-parents qui ne connaissent pas leurs petits enfants et qui enterrent leur fille en suivant leurs croyances cathos (alors qu'elle a écrit un testament où elle souhaite un enterrement selon les rites bouddhistes) est cruelle mais là aussi particulièrement bien vue. Chacun mettant finalement son intelligence, son expérience, ses certitudes et son savoir vivre au service des enfants. 

Finalement, après avoir dépassé l'agacement et la terreur du début (ce type est un fou égoïste qui met ses enfants en danger), je n'ai plus vu qu'une histoire d'amour d'un père pour ses enfants et réciproquement. Un hymne à l'amour, à la nature, à la liberté !

Père jusqu'à l'extrémité des poils de barbe, Viggo Mortensen, mal coiffé, pas rasé, mal attifé est LE père de rêve. Il porte le film sur ses larges et solides épaules mais avec sa grandeur d'âme, sa générosité permet à chacun des 6 enfants du casting, d'exister, d'exister vraiment. Ils sont tellement formidables avec en tête le très charismatique George MacKay (attention jeunes filles, un tombeur est en chemin) que j'ai envie de les citer tous :

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En partant de Viggo : Nicholas Hamilton, Samantha Isler, Shree Crooks, Charlie Shotwell, Annalise Basso, George MacKay, Trin Miller (la maman) et au centre le réalisateur Matt Ross. J'ajoute pour terminer que dans le film, les parents ont créé eux-mêmes le prénom de leurs six enfants afin qu'ils soient uniques au monde. Ils s'appellent donc respectivement Rellian, Kielyr, Zaja, Nai, Vespyr et Bodevan. Les parents sont très simplement Ben et Leslie.

Commentaires

  • Je ne changerais pas un mot à ton billet, c'est exactement ce que j'ai pensé et éprouvé à ce film. Le père ce taré, au début, même si c'est Viggo, et puis les choses qui évoluent doucement. Il y a de quoi animer de grandes discussions en famille après si on y va avec ses enfants !

  • :-)
    Oui c'est dingue. Je l'ai d'abord détesté : on ne fait pas ça à des enfants ! Et puis on comprends et je crois qu'il y a du bon. Il faudrait un mix entre ces surdoués, sages comme des images dès qu'ils ont un livre dans les mains, sans peur la nuit dans la forêt et les abrutis accrochés à leurs écrans qui n'ont aucune culture et trois mots de vocabulaire MAIS un appareil dentaire :-)

  • Tout à fait d'accord avec ton ressenti, ma Pascale. Moi aussi, j'ai d'abord été mal à l'aise, voire choqué par certains comportements jusqu'auboutistes du père, élevant ses mioches de façon hyper sectaire. Ce n'est qu'ensuite que je me suis assoupli en voyant tout l'amour et toute la bienveillance qui sous-tendent la démarche des parents, loin du modèle de nos sociétés modernes déconnectées de la Nature au sens large. La vérité est sans doute ailleurs, dans un juste milieu entre les deux extrêmes. D'un certain point de vue, Viggo tout comme sa soeur, par leurs méthodes d'éducation, fabriquent des "freaks" chacun dans leur genre (qu'ils soient incultes et capricieux ou socialement inadaptés). Bref, un très beau film jamais manichéen qui ouvre un débat passionnant.
    Et une mention spéciale à toute la distribution, Viggo en tête, toujours aussi classe (tu sais qu'il vient de fêter sa 58ème bougie? Dingue!!), et le jeune George McKay, habité et magnétique (découvert en jeune gay timide rejoignant le mouvement dans "Pride", remember?).
    Bises du dimanche***

  • On ne fête pas des bougies babache, on les souffle... Et t'as quoi contre les gens qui fêtent leur 58ème ???

  • Il est extra ce film. En fait il reste bien en tête. J'en parle beaucoup autour de moi.
    Il ne peut laisser insensible. Quel retournement dans ce qu'on ressent en le voyant.
    Je crois aussi qu'il faudrait un mix entre les deux éducations. Mais franchement le réalisateur a vraiment chargé la mule avec les deux abrutis et leurs jeux vidéos.
    Et la fin semble montrer que les deux façons de faire/voir sont possibles. J'ai l'impression que malgré leur maison solide, les enfants sont toujours aussi exceptionnellement studieux.
    Les critiques toujours grincheux disent que Viggo renonce à son idéal. Je ne trouve pas. Il réalise qu'il mettait peut-être ses enfants en danger et réagit intelligemment.
    Quel homme, quel acteur, quel père :-)
    Quant au petit George je me demandais où j'avais déjà vu ce Choupinou. Il est incroyable. Magnétique en effet. Il est de la trempe de Tye Sheridan.

  • J'ai énormément aimé ce film, drôle, émouvant, bien écrit et bien interprété. Je trouve que le réalisateur a su poser les bonnes questions, remettre en question les personnages avec leur fantaisie et mode de vie utopique, tout en ayant une sorte d'admiration pour avoir le courage de vivre sa vie telle qu'on l'entend, même s'il y a des conséquences.

  • Drôle, je n'ai pas trouvé mais quelle surprise !!! Tu vas en écrire 12 pages j'imagine :-)

  • J'attendais ta critique, gros gros GROS coup de cœur en ce qui me concerne. Depuis que je l'ai vu, j'écoute en boucle la BO et me remémore des scènes du film. Il y a Viggo bien sûr, mais aussi une belle brochette de jeunes acteurs. Comme lu plus haut, j'en ai parlé à tout le monde. Ce film unique pose mine de rien de très belles questions : que signifie "être éduqué" ? Peut-on / doit-on dire toujours la vérité, sans l'édulcorer ? Que souhaitons-nous transmettre à nos enfants ?

  • Oui il FAUT dire la vérité, ça rend intelligent je crois.
    Viggo et ses enfants sont MEEEEEERVEILLEUX !

  • C'est déjà en ligne effectivement (oooh 12 pages, t'exagères ! :p ).

  • Je vais aller voir :-)

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