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LA FILLE DE BREST

d'Emmanuelle Bercot ***(*)

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Avec : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel

Synopsis : Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité.

Bien qu'on connaisse les tenants et surtout les aboutissants de la tristement fameuse "affaire du Mediator", médicament à haute toxicité qui a finalement été retiré de la vente et des prescriptions médicales, Emmanuelle Bercot prend son sujet et son personnage à bras le corps et réussit un étonnant thriller à suspens. Pourtant il n'y a rien de moins cinégénique que des gens qui discutent, se réunissent, effectuent des recherches et font des statistiques. Mais la réalisatrice met beaucoup d'énergie à suivre son étonnante, audacieuse et impétueuse actrice. Elle jalonne également son histoire de quelques incursions dans la vie privée d'Irène Frachon. Tellement amoureuse de son personnage qu'elle l'entoure d'un mari et de 4 enfants merveilleux. Et on espère que dans la vraie vie, elle a reçu le même soutien indéfectible de son entourage parfait. Au point de redemander en mariage son adorable époux (et là, je vois parfaitement de quoi elle parle et où va se nicher cette envie...) et d'accorder quelques miettes de son précieux temps à des enfants qui jamais ne lui font le reproche de les délaisser.

 

Il faut dire que l'enjeu est de taille. Et que voir mourir des patients, pour certains médecins comme Irène Frachon est absolument insupportable. D'autant plus quand ces décès pourraient être évités. Qu'elle parvient à faire la démonstration de l'influence de la prise du médicament sur la dégradation de la santé des patients qui l'ingurgitent et réussit également à trouver une "taupe" à la sécu, son "Père Noël" comme elle l'appelle, capable de faire le compte précis de l'incidence entre la pathologie mortelle que développent les patients et la prise du Mediator.

 

Grâce au traitement que la cinéaste fait de cette histoire, il ne s'agit plus d'une "simple" affaire voire d'un scandale totalement abstrait uniquement fait de chiffres que l'on entend distrait à la radio. Elle s'attarde sur le cas d'une patiente jeune qui sera l'incarnation de tous les malades et du coup l'affaire, le scandale s'incarnent et s'humanisent. Mais Irène Frachon, uniquement équipée de son humanité, de sa bienveillance, de sa compétence, de son empathie envers ses patients n'est pas armée pour affronter les fonctionnaires de l'Afsspas (Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé) et encore moins les responsables et dirigeants d'un laboratoire pharmaceutique. Avec sa générosité naturelle, sa grande foi en sa fonction de médecin, sa sensibilité, sa grande émotivité elle n'imagine pas à quoi elle va se heurter. C'est avec beaucoup d'ironie voire de mépris qu'on l'accueille pour faire part de ses observations vite balayées d'un revers de main : "on a encore le dossier H1N1 à traiter". Et la supériorité clairement affichée de l'élite parisienne "nous avons donc affaire aux recherches d'un CHU Breton !" s'entend-elle dire avec une ironie non dissimulée, la renvoie à son petit hôpital de province... A gerber !

 

Néanmoins, avec toute l'intelligence qu'on lui connaît, Emmanuelle Bercot, sans édulcorer son propos, ne fait pas le procès des Laboratoires Servier, mais plutôt le portrait d'une femme merveilleuse, un être humain d'exception qui est l'incarnation des années durant des combats de David contre Goliath. L'actrice magnifique Sidse Babett Knudsen l'incarne avec une passion, une détermination, une énergie et un humour dévastateurs qui sont en partie je pense la réussite du film. Elle est fascinante. Il ne faudrait pas néanmoins qu'Emmanuelle Bercot cède à l'hystérie de son amie Maïwenn en faisant hurler et pleurer son actrice plus que de raison (même si l'on comprend à quel point les situations qu'elle affronte ont de quoi rendre dingue). Mais je dois reconnaître que les colères et l'humour de Sidse/Irène font mouche et sont très très drôles. 

 

Il faut noter également dans le film deux scènes marquantes que je ne me souviens pas avoir jamais vues ailleurs : une opération à cœur ouvert et une autopsie. Ainsi que l'interprétation sensible et émouvante de Benoît Magimel, chercheur sacrifié sur l'autel de la vérité.

 

Emmanuelle Bercot reste pour moi l'une des réalisatrices françaises incontournables de ces dernières années et je n'oublie pas que La tête haute et Elle s'en va ont été dans le haut de mon classement annuel l'année de leur sortie respective.

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Quelques infos et comment lutter contre SERVIER quand on est pas Irène Frachon.

Je ne sais si vous ferez comme moi mais tout de suite après le film, je suis allée dans mon armoire à pharmacie (vous savez, celle en haut à droite, que des fois on fait le tri dedans et qu'on découvre des médicaments à la date  d'utilisation largement dépassée) pour voir si j'avais des médicaments SERVIER et BIOGARAN... car oui, Servier n'a plus la côte, il se fait appeler Biogaran le gros malin, dans l'intention de les jeter et de dorénavant bien préciser à mon pharmacien que non... pas Biogaran ! (ainsi que Euthérapie, Biopharma, Therval, Ardix, Surval).

C'est peu de choses, mais quand on a ni l'âme ni la carrure d'une Jeanne d'Arc on peut agir à son PETIT niveau (par exemple, un autre de mes petits combats : je ne commande JAMAIS sur Amazon).

 

Avant le Mediator, le puissant labo avait déjà fait l'objet du retrait d'un de ses médicaments en 1997, l'Isoméride, responsable d'effets secondaires catastrophiques et de plusieurs décès (il s'agit comme pour le Mediator d'un "coupe-faim").

Par ailleurs, l'inefficacité démontrée du Locabiotal a conduit elle aussi à son retrait.

Quant aux médicaments Servier à éviter car il ne faut plus engraisser ces gens, ce sont :

l'Arcalion, le Coversyl, le Daflon, le Diamicron 30mg, le Fludex LP, l'Hyperium, le Muphoran le Pneumorel, le Preterax-Bipreterax, le Procoralan, le Protelos, le Stablon, le Trivastal 50mg LP, le Valdoxan , le Vastarel 35mg  et le Vectarion.

Personnellement, ça ne me coûtera pas grand chose de dire à mon médecin et à mon pharmacien que SERVIER et compagnie ne passeront plus par moi. Quitte à recevoir un sourire compatissant face à ma grande naïveté !

Commentaires

  • Ah bien voilà un film que me tente ! Bon, il faut dire que j'apprécie beaucoup également la réalisatrice Emmanuelle Bercot, et que je garde de très bons souvenirs de Elle s'en va et La tête haute, vus au cinéma également. Puis j'aime bien Sidse Babett Knudsen. Oui, oui, tentant ce film...

    Dis donc, on fait son Che à sa petite échelle ? C'est bien ça ;-)

  • Anecdote : Emmanuelle je la love d'amour.
    En général je ne parle pas aux acteurs et réalisateurs sauf exception. Je ne sais quoi leur dire. Et encore moins à ceux que j'aime... A lyon lors du festival en octobre, je me baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu... Non, sous le chapiteau au "Village du Festival" et paf, le chien, je tombe nez à nez avec elle. Je dis, ça m'a échappé : "Emmanuelle Bercot!!!" Love love love chabadabada. Et là elle me dit : "on a rendez-vous". Pas une question, une affirmation...
    En fait, elle avait rdv pour une interview avec une personne qu'elle ne connaissait pas... Et vu que je lui suis quasiment tombée dessus.
    Bref, j'ai réussi à lui dire que bon... La tête haute et Elle s'en va... trop love je suis en amour. Et que tout ce qu'elle fait, je valide. Que c'est de mieux en mieux.
    Et en fait, c'était simple de lui dire parce que c'est vrai.
    Et là, elle me serre le bras (pas dans ses bras hein !) et me dit que c'est trop gentil et que ça lui fait vraiment plaisir.
    Voilà, c'est tout. C'était MON histoire d'amour avec Emmanuelle Bercot. J'en frissonne encore.

  • J'ai entendu Irène Frachon dire ces jours-ci à la radio qu'elle trouvait le film formidable ! avec une validation pareille, evidemment je vais y aller. Et j'admire énormément ces individus qui ont le courage d'aller au bout, malgré leur isolement et les coups reçus. Tu imagines la société, s'il y en avait plus des comme elle ...

  • Il y en a peu des comme elles... Mais malgré l'exemple qu'elle donne c'est difficile de s'impliquer autant. Oui admirable !

  • Oui un très beau film ! Décidément Emmanuelle Bercot ne s'engage pas à faire un film pour rien, c'est du lourd avec elle : des sujets traités avec rigueur et passion, qui rendent tout captivant ! Même un sujet comme celui-ci, qui paraît austère au départ, devient un film beau et émouvant, très crédible, attachant car sans caricature, tout en nuances : un beau combat de femme, honnête et libre, qui fait croire à l'humain (s'il en était besoin) !
    Bon évidemment, quant aux institutions d'état, c'est une autre chanson...

  • "qui fait croire à l'humain (s'il en était besoin) !" :-))) je te reconnais bien là.

  • J'y allais sans conviction et pourtant ce film m'a vraiment surprise, dans le bon sens du terme. Super prenant, une actrice merveilleuse, et ce sujet qui pourtant ne m'interessait pas, m'est devenu passionnant.

  • Emmanuelle Bercot réalisatrice, ne se plante JAMAIS :-)

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