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MARDI 5 SEPTEMBRE 2017 - 3 ans et 3 mois...

"Il y a quelque chose de terrifiant à être seul, plus même qu'à se sentir seul. Et à présent c'est ma vie. Cette solitude, cette angoisse, cette peur de l'heure suivante, de la nuit qui vient et du matin qui suivra".

Joyce Carol Oates

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Je ne me fatigue pas ce mois-ci. Je laisse en partie la parole à Joyce Carol Oates, ma sœur en veuvage, tout comme My qui a perdu son amour il y a trois mois et qui m'a fait découvrir ces mots que nous aurions pu écrire...

"Ne croyez pas que le chagrin est pur, solennel, austère et "élevé", ce n'est pas le Requiem de Mozart (...) pensez  plutôt à un gros gravier grossier qui blesse les pieds. Pensez aux miroirs couverts d'éclaboussures des toilettes publiques. Pensez au dérouleur d'essuie-mains bloqué qui ne vous offre pour vous essuyer qu'une longueur de serviette déjà souillée".

Le veuvage : "cette punition qui attend les épouses".
 
"La veuve habite une histoire dont elle n'est pas l'auteur".

Et ces pensées et ces questions, les mêmes sempiternellement, qui tournent en rond depuis 3 ans pour moi, un siècle, une seconde :
 
- l'incrédulité  "Comment est-ce possible ?",
- le sentiment persistant de l'"erreur" ; et s'il revenait ?,
- le choc des derniers messages ; le répondeur qu'on interroge pour le seul plaisir d'"entendre sa voix encore et encore",
- le point d'honneur que met la veuve à se "débrouiller seule",
- les antidépresseurs en catimini,
- l'obligation de sourire pour montrer que "ça va",
- l'importance de prononcer le prénom du mort aussi souvent que possible "de peur que ce nom se perde", et l'impression de déranger en le faisant...
 
"Le chagrin de la veuve n'est-il pas pure vanité ? Prétendre que la perte qu'on a subie est si particulière, si extraordinaire qu'il n'y en a jamais eu de comparable ? Le chagrin de la veuve n'est-il qu'une sorte de passe-temps ou de hobby pathologique - une sorte de TOC, comparable à la manie de se laver longuement les mains ou d'amasser toutes sortes d'objets sans valeur ?"
 

"La plupart du temps, la veuve habite un autre monde qui n'est ni ici ni là. Presque continûment, la veuve aspire à l'oubli ineffable du sommeil. Elle est un être posthume qui passe parmi les vivants. Quand la veuve sourit, quand la veuve rit, on voit luire la folie dans son regard, une actrice tentant désespérément de jouer son rôle comme les autres souhaitent qu'elle le joue, et seule une autre veuve, une autre femme ayant récemment perdu son mari peut apercevoir l'imposture.

Une veuve jetant un rapide coup d'oeil à une autre : C'est la même chose pour vous ? Vous êtes morte vous  ?"

Le temps du bonheur et des éclats de rire... 

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Commentaires

  • Rien à ajouter, tout est tellement vrai... Il ne nous reste donc que les larmes ?

  • Certaines le disent tellement bien.
    Pas tout le temps les larmes mais tellement souvent ! Et puis cette solitude me pétrifie parfois. Plus qu'au début il me semble.

  • Mon livre de chevet....je l'ai toujours pas terminé, à force de lire et relire les passages et de me dire " c'est ça, c'est tellement ça...". oui, il y a des jours sans presque de larmes ( mais je n'en suis "que" à 3 mois..)et puis des jours où c'est juste...terrible. Où " je ne suis pas assez forte pour croire qu'une vie aussi minimale vaille l'effort déployé à la prolonger" (JCO), c'est exactement ça...des jours où ma principale préoccupation est d'être encore en vie le lendemain. Heureusement, pas tous les jours, mais souvent.
    Vous êtes beaux tous les deux ! et comme ça doit te manquer, ces deux bras autour de toi... Quel incroyable gâchis...

  • Continuons le combat même si c'est insupportable !
    Oui c'est ça, elle a encore raison JCO "une vie minimale" où tu as l'impression que chaque jour il faut prendre une décision pour réagir à un problème, mais SEULE ! Usant.
    Désolée, j'aimerais te dire que trois ans plus tard, c'est supportable. ça doit l'être d'une certaine manière. Mais oui SES bras autour de moi, c'est finalement ce qui manque le plus. Pas besoin de discours quand on a ses bras là.

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