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3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE

de Martin McDonagh ****

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Frances McDormand,Woody Harrelson, Sam Rockwell, Cary Landry Jones

Synopsis : Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville.

Nous sommes dans le Missouri profond, chez les rednecks pur jus. Ici même la police, surtout la police, peut être anti-noir, anti-homo, anti-nain (Peter Dinklage est là) et s'en donner à cœur joie dans les discriminations et autres passages à tabac injustifiés. Le film est donc violent, très violent mais étrangement drôle aussi parfois parce que même au cœur d'un drame, la vie continue et ici chacun est sûr de son droit et surtout convaincu d'avoir raison.

Ce qui met le feu aux poudres de la petite ville imaginaire (je crois) et tranquille de Ebbing-Missouri est une mère au bout du rouleau, revenue de tout et qui entend que justice soit faite autour de la mort atroce de sa fille survenue 7 mois plus tôt. Elle trouve que la police est trop lente voire complètement passive et les trois panneaux qu'elle achète en se saignant aux quatre veines pour interpeller la population réveillent tout le monde. Y compris et surtout parce qu'il est en première ligne du message, le brave type de shérif. Mais l'initiative de Mildred ne lui ouvre pas la sympathie de ses concitoyens, au contraire, car justement ce brave type de shérif, connu et apprécié de tous est un brave type, entouré d'une jolie famille aimante mais atteint d'un cancer du pancréas. Lorsqu'il l'annonce à Mildred qui le savait, sa réponse est cinglante.

Je ne vous dirai rien des rebondissements en cascades, des péripéties et changements de cap que prend le film à de multiples reprises. C'est absolument vertigineux. Mais je peux évoquer les personnages. Je trouve assez remarquable de réussir un film aussi long (mais jamais ennuyeux) sans qu'aucun personnage ne soit réellement sympathique. Disons que chacun à un moment ou un autre de l'histoire se montre parfaitement antipathique. Même la victime que l'on peut croiser lors d'un bref flash-back n'est pas présentée comme un ange.

Le réalisateur a donc compris qu'un être humain n'était pas doté d'une personnalité se limitant à un seul trait de caractère et que même avec les meilleures intentions du monde, il est difficile de rester lisse dans toutes les situations. Il y va particulièrement fort avec les personnages de Mildred complètement enragée et de l'officier Dixon, adjoint très très véner du shérif. La première s'en prendra physiquement à son dentiste, à des lycéens et comme lui fera remarquer un personnage, elle n'est pas facilement impressionnable. On ne sait si c'est l'adversité (son mari l'a quitté pour une jeunette de 19 ans) ou la mort de sa fille qui l'a rendue ainsi, constamment furibarde. Verbalement, elle n'est pas plus tendre. Quant à Dixon, il est parfaitement odieux et semble parfois avoir le QI d'une huitre. Il écoute pourtant de la jolie musique. Il vit avec sa mère, une alcoolique mauvaise comme une teigne, sauf avec son garçon chéri, et il est toujours prêt à en découdre. Il ira jusqu'à défénestrer un jeune homme (pas innocent non plus) juste parce qu'il est homosexuel mais aussi sans doute parce qu'au fond de lui il se sent attiré par les garçons. Si tous les personnages sont intéressants, ces deux là son particulièrement soignés. Frances McDormand et son étrange visage est souvent flippante. Elle ne laisse que rarement libre court à son chagrin et pourtant on n'oublie jamais ce qui la motive. Elle ira très très loin pour faire avancer l'enquête. Sam Rockwell, acteur barjot, est une nouvelle fois incroyable dans la peau de ce personnage raciste, homophobe et violent.

Chaque scène m'a semblé être un morceau de bravoure. Aucune ne se termine comme on l'aurait imaginé, un couple séparé se prend la main pour s'unir un peu dans le chagrin, une biche apparaît comme le fantôme de la disparue, un dîner en tête à tête se termine par des reproches... rien ne prend la direction attendue. Le plus étonnant étant cette scène où, après un drame, l'officier Dixon indique en voix off toutes les bonnes choses qu'il faut accomplir en mémoire de quelqu'un qu'on a aimé, et à l'écran il accomplit exactement l'inverse de ce qu'il avance dans un déferlement de violence rare.

Après Bons baisers de Brugge et 7 psychopathes, le réalisateur Martin McDonagh prouve qu'il a passé la vitesse supérieure et dans ce film où se côtoient la haine, l'intelligence et l'émotion il ne nous dit pas que l'humain est une ordure sans nom car son film est également traversé de beaux moments touchants où l'empathie et la compassion s'invitent de façon tout aussi inattendue que le reste.

En outre, filmé parfois comme un western avec ralentis et musique envahissante, il est d'une grande beauté et bénéficie d'un casting haut de gamme.

Bravo.

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Commentaires

  • Ce film était justement le prochain sur ma liste.
    J'adore Sam Rockwell, ses choix sont toujours incroyables. Quant à Woody Harrelson, deux de ses films font partie de ceux qui m'ont donné un choc cinématographique (Tueurs nés et Larry Flint), je ne sais pas si c'était une question d'âge (j'avais 18/19 ans je crois), le fait que je commençais mes 1er vrais choix perso de ciné. Et depuis il y a eu True Detective qui m'a absolument captivée. Bref encore un film joyeux où je vais traîner mon homme qui préférerait sans doute aller voir Momo ! (non j'déconne !)

  • Woody est extra ici.
    Il est souvent très bon et ici il ne cabotine pas et a un très beau rôle.
    J'aime les films que tu cites mais dans True détective, une des rares séries que j'aie vue, c'est Matthew qui m'a fascinée.

  • Une priorité pour moi ce w-e ou la semaine prochaine :-)
    Frances McDormand, 1000dieux, pitin la bonne actrice .....

  • Rien ne presse... Moi j'avais trop hâte de le voir.
    Pas Glamour la Frances :-) mais quel rôle. Elle a intérêt à faire de la place sur sa cheminée.

  • Bonjour Pascale, j'ai aimé ce film même si j'ai trouvé certaines situations un peu outrées comme certaines actions du personnage de Frances McDormand. Quand elle brûle de le poste de police par exemple. Sinon, j'ai aimé voir l'acteur Sam Rockwell que l'on voit trop peu sur les écrans (Et j'avais eu la chance de le voir au théâtre à Broadway en 2010 face à Christopher Walken) Bonne journée.

  • Bonjour Dasola,
    Elle ne connaît plus ses limites...
    Sam et Christopher, quelle soirée ce dût être !!!

  • Coucou Pascale
    Un putain de film digne d’un Clint
    On est à fond derrière cette mum
    Quelle interprétation magistrale
    Un super bon moment de cinéma comme on voudrait en vivre plus souvent
    Après la promesse de l’aube qui m’avait laissé sur ma faim
    Là je dois dire que ça fait un bien fou
    Je t’embrasse

  • Bonjour Marijo
    Tu n'es pas la première à me parler de Clint a propos de ce film. Je n'arrive pas à trouver mais il doit y avoir quelque chose qui évoque.
    Et oui c'est un film de grande qualité qui remue pas mal. Bises.

  • Un formidable film dans une Amérique violente sur l'acceptation du deuil et la culpabilité, avec des personnages bien écrits et un scénario qui s'éloigne de ce qu'on pourrait attendre habituellement.
    J'ai hâte de voir les Oscars arriver pour qu'on récompense McDormand et Rockwell qui mériteraient tellement ces prix ! :D

  • Oui c'est profond, surprenant et terriblement bien interprété. Ils auront sûrement leur statuette.

  • Un poil déçu, j'en attendais probablement trop.
    Joli film dans la moyenne haute cela dit, bien interprété & tout & tout, manque cependant quelque chose, pour autant je ne saurais dire quoi ...... :(

  • Tu as aimé (ou presque) un film du XXIème siècle????
    Champagne!

  • Un Champomy fera l'affaire :-)

  • Oui d'ailleurs, je déteste le Champagne, même dans les grandes occasions.
    Se torpiller au champomy ça me va !

  • Autre chose, la traduction française du titre 'Les panneaux de la vengeance' !
    De quelle vengeance on parle là, je saisis pas.

  • Je n'ai pas vu le temps passer. J'ai juste un bémol : la nouvelle copine de l'ex-mari n'avait pas besoin d'être idiote et la mère du flic odieuse (enfin c'est juste mon avis). Sans ça, c'était parfait je trouve :) Mais bon j'ai tout de même vraiment bien aimé.

  • Et le mari n'avait pas besoin d'être moche :-) mais le QI de sa copine va s'améliorer. Elle a 19 ans.
    Quant à la mère, et comme c'est TOUJOURS LA FAUTE DES MERES, sa haine de l'humanité explique le comportement de son fistounet. Mais il y a de l'espoir Madame Frodon.

  • Je n'ai vu hier et je suis encore sous le coup de cette projection. Il m'a heurtée ce film, et rien que cela prouve qu'il est réussi, je cogite encore, il est marquant. Comme tu l'écrit, rien de sympathique. Ce qui m'a gêné, c'est cette tendance western, mais je reconnais que c'est dans l'esprit.

  • Je crois que c'est l'Etat dans lequel ça se passe qui donne cet aspect western. La ville ressemble à ce qu'on voyait dans les westerns des années 50. Je ne serais pas étonnée que ce genre de ville-rue existe encore.
    Et oui, c'est fort ce qui se passe ici. Et les personnages évoluent bien.

  • Heu... Brugge, c'est une ville imaginaire du Missouri? J'ai aussi repéré quelques coquilles qui traînent (chacun plutôt que tous, son et pas sont, un "n'" qui manque...). Besoin d'un petit secrétariat de rédaction?
    A part ça, je verrai probablement ce flm en DVD le moment venu...
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

  • Etant née à la frontière belge, j'ai tendance à écrire le nom des villes dans la langue du pays. Si tu passes en Belgique tu verras Brugge écrit ainsi si c'est ce que ta première phrase laisse entendre.
    Non merci pour le secrétariat. Je n'ai pas besoin de statistiques. Pour les fautes ou coquilles, merci d'être plus précis, ça m'évite de chercher.
    Dommage de voir un tel film sur petit écran.

  • Beau film, MacDonagh a du talent et sait le faire valoir. Un peu en roue libre malgré tout sur l’écriture ce qui donne parfois des situations un peu too much et une fin limite. Mais dans l’ensemble comme dirait Ronnie, c’est la moyenne haute.

  • Si Ronnie avait vu un film datant d'après 1956 ça se saurait :-)
    Moi j'ai aimé et ne me suis pas encombrée de réserves.

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