Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

HOSTILES

de Scott Cooper *****

5152324_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Ben Foster

En 1892, le capitaine Joseph J. Blocker, légende de l'armée américaine, est chargé d'une mission qu'il accepte à contrecœur. Avec ses hommes, il doit escorter Yellow Hawk, un chef de guerre cheyenne en phase terminale de cancer, ainsi que sa famille.

Le Président a donné son accord pour que cette famille incarcérée depuis des années au Nouveau-Mexique retourne sur ses terres d'origine du Montana. Le Capitaine chargé de la mission refuse. Dépasser sa haine des indiens et de ce qu'il leur a vu commettre est au-dessus de ses forces. Mais sa hiérarchie lui rappelle qu'il a lui-même été responsable de nombreuses exactions, ce à quoi il répond, comme bon nombre d'exécutants le font, qu'il n'a pas à juger des ordres qu'il reçoit. Lorsqu'on le menace de lui supprimer la pension de retraite à laquelle il aura droit dès qu'il quittera l'armée, il n'a plus le choix.

C'est donc un homme qui a sacrifié sa jeunesse, a consacré 25 ans de sa vie à faire la Guerre de Sécession puis à lutter contre les indiens, un homme revenu de tout qui a vu mourir ses meilleurs amis, et au bout du rouleau qui accepte finalement la mission, contraint et forcé.

En exergue de ce film qui m'a littéralement mise KO, une phrase de D.H Lawrence : "The essential American soul is hard, isolate, stoic, and a killer" ("l'âme américaine est dure, individuelle, stoïque. C'est une âme de tueur"). Et tout au long de l'histoire qui se déroule en 1892, on ne cessera de penser à l'Amérique actuelle et à ce droit insensé du port d'arme et aux interprétations de l'obscur deuxième amendement de la Constitution américaine qui expose que : « le droit de chacun de posséder et de porter une arme ne doit pas être enfreint, pour ce qu’une milice bien organisée est nécessaire à la sécurité d’un Etat libre ».

Le film s'ouvre sur un massacre qui donne d'emblée le ton du film. Il sera violent et bouleversant. La violence surgira toujours de façon inattendue aussi bien à l'intérieur du groupe obligé à cohabiter, que de l'extérieur, après de longues périodes de calme imposées par la route à parcourir. Je n'ai jamais trop compris les nuances entre les différentes tribus qui pouvaient également se faire la guerre entre elles, et j'ai mis longtemps avant de comprendre ou plutôt d'apprendre de quel génocide les indiens avaient fait l'objet. Ici les méchants sont les Comanches assoiffés de sang. Mais les Cheyennes ont en leur temps commis des actes terribles. Si la première scène expose ce dont sont capables les indiens, la deuxième démontre la façon dont les américains les traitent en retour. Qui a commencé ? On n'a plus aucun doute aujourd'hui et le film le dit clairement. Les indiens étaient là et ont été spoliés de tous leurs biens par les "blancs" qui ont envahi le pays et se le sont appropriés. Mais le thème du film n'est pas là. Il parle avant tout d'humanité et la disparité du groupe que l'on accompagne et qui va être décimé peu à peu en est un échantillon.

En chemin le Capitaine Blocker et sa troupe découvre Rosalee Quaid (magnifique, merveilleuse Rosamund Pike), seule rescapée du massacre (qui ouvre le film) de sa famille auquel elle a assisté impuissante. Traumatisée, elle accepte de se joindre à l'expédition. Et c'est donc dès son arrivée que le cœur se serre car on assiste au spectacle de ce que l'homme, l'être humain, qu'il soit blanc ou peau-rouge a de plus beau en lui, la compassion, la bonté, la délicatesse. En somme l'humanité.

Jamais depuis la merveille d'Andrew Dominic qui me hante depuis des années, un film, un western, genre que l'on enterre depuis 40 ans, n'avait été aussi mélancolique, fort, majestueux, profond, grave, douloureux et puissamment bouleversant. Oui cela fait beaucoup d'adjectifs mais ce film est à la fois un coup de poing et un coup au cœur. Le martyre des amérindiens personnifié par la présence, la dignité, le beau visage, le sourire sincère et désarmant de Wes Studi (acteur au visage très connu, d'origine Cherokee) s'oppose à la prise de conscience, les remords de plus en plus envahissants du soldat. La narration monte en puissance à force que les hommes et les femmes contraints de partager ce voyage aux mille dangers apprennent à se connaître tandis que la réalisation ample se fait fascinante.

hostiles de scott cooper,cinéma,christian bale,rosamund pike

L'interprétation unanime s'accorde à la mélancolie et la profondeur ambiante. Aucun personnage n'est univoque et chacun  déploie toutes ses réserves d'humanité (et oui, encore une fois) et nous les balance douloureusement à la face. Sans l'avouer ils savent qu'ils ont en commun d'avoir connu, ou fait subir l'horreur. Ils ont vécu l'abomination chacun à leur façon. C'est étrangement ce qui va les rassembler et les faire s'ouvrir à l'autre, quel qu'il soit.

Christian Bale en tête d'un casting impeccable puise au fond de lui tout ce dont il est capable de douleur, de douceur, de colère et de lassitude. Les autres lui emboîtent le pas magnifiquement dont Rosamund Pike, très émouvante.

Les paysages vous vous en doutez sont sublimes et le petit surdoué Timothée est là aussi.

hostiles de scott cooper,cinéma,christian bale,rosamund pike

hostiles de scott cooper,cinéma,christian bale,rosamund pike

Cette histoire m'a fait pleurer à plusieurs reprises. La sincérité, la bonté, on ne la croise pas à tous les coins de rue pellicule...

Pour conclure son film choc le réalisateur connaît également le moyen de faire définitivement chavirer sans plus de retenue le coeur de la spectatrice qui s'est déjà bien emballé, en ne montrant pas ce qui se passe derrière une porte qui se referme...

Commentaires

  • C'est un film pour moi : le thème des indiens me touche beaucoup, Christian j'aimerais qu'il me touche et le prodigieux Timothée joue également dans ce film ! J'y cours cet après-midi .... même si je sens que je mettrais 3jours à m'en remettre ! mais ce sera pour la bonne cause

  • Je nen suis pas remise. Jy pense sans cesse.

  • A mon programme, incessamment sous peu voire toutes affaires cessantes ou que sais-je .... Thimotée Calumet quoi ;-)

  • Il date de 2017.. tu vas détester :-)))
    Mais ceux qui ne le verront pas seront bannis de ma vie.

  • Le western, quasi mon genre préféré ....
    Dans la même veine j'avais bien aimé le 'Géronimo' de Water Hill avec déjà W. Studi dans le rôle titre, donc j'y vais sans crainte, même avec le prodigieux ( et puis koi encore ) Calumet.... ;-)

  • Bon. T'as intérêt à aimer.

  • Et ben dis donc ! Je ne suis pas sûre que j'aurais été tentée, mais là, avec un billet pareil, j'y vais ..

  • C'est violent aussi, attention. Mais tellement BEAU, HUMAIN, GENEREUX. Coup de cœur sans retenue.

  • Pareil qu'Aifelle. Impossible de résister à ton texte. Billets achetés dans la foulée.
    Bon week-end.

  • Ouah génial ! Je suis contente pour ce film dont je n'avais pas entendu parler et qui m'a mise par terre :-)

  • Thimothée Machin, je m'en fiche, mais le reste m'intéresse. Hélas, trop de films à voir, pas assez de temps.

  • Timothée a un tout petit rôle de toute façon.
    Ce film devrait devenir une priorité :-)

  • Bon bon.... A part Rosamund.... Je n'ai pas été séduite (grand moment quand elle hurle). Les "méchants" qui changent au fur et à mesure du film.... Bon bon bon. Il ne faut pas trop s'attacher aux personnages, le deuil est omniprésent. C'est long. La reconstitution d'une famille et tout sur la fin. Manichéen dans l'ensemble je trouve.
    Oui tu vas me traiter de P*** :) J'aurais mis deux étoiles moi, pas plus.
    La Souris n'a pas aimé non plus, encore moins que moi je pense (P*** aussi :))

  • Ah oui p... et NULS ! Ce n'est pas MANICHEEN pour deux sous et c'est ce qui fait une grande partie de la qualité de ce film.
    Chacun a commis des horreurs et le reconnaît et il n'y a pas de rédemption bas de gamme.
    Vous avez dû dormir.
    Vous êtes bannis de ma vie.
    Adieu.

  • Je n'en lis pas trop pour l'instant car je ne désespère pas de le voir... Il faudrait néanmoins que je me trouve une pause dans mon emploi du temps et un ciné qui le passe dans des conditions décentes (western = VO ou rien) à proximité.

  • L'UGC Saint-Jean, en plein centre ville, le propose en ce moment même ne V.O. et, oui, le film est très très bon !!!

  • Salut Flo. Merci de commenter :-)
    C'est à l'UGC St Jean que je l'ai vu.
    Et que j'y retourne !

  • De rien, c'est un plaisir !
    Catherine m'a dit que tu disais du bien de ce film et il se trouve que c'était LE film en salle accessible de la semaine (il y en avait d'autres évidemment, mais c'était des comédies françaises déprimantes - "Tout le monde debout" en tête dont rien que la bande-annonce me hérisse le poil - ou du déjà vu - "Coco", "La forme de l'eau").

    De ce fait, j'ai eu la curiosité de lire ce que tu en dit. Je ne lis les critiques qu'après coup pour garder la surprise. De même, je ne regarde jamais les bande-annonces sauf si elles me sont imposées dans l'avant séance.

    Belle journée à toi !

    P.S. : en même temps, c'est bien vu d'avoir mis "Tout le monde debout" en salle accessible, vu le succès intemporel de l'affreux "Intouchable", les programmateurs ont dû croire qu'ils suffit de mettre des acteurs en fauteuil pour déplacer les handicapés. ;-)

  • Contente que tu aies pu voir ce film admirable selon moi. Et un peu grâce à moi (et Catherine :-) )

    J'ai vu Tout le monde debout. Ce film m'a mise mal à l'aise du début à la fin (et je n'avais pas apprécié Intouchables...). Je voulais justement avoir l'avis de personnes véritablement en fauteuil et même si tu ne l'as pas vu, je vois qu'il ne t'attire guère ce que je comprends car je ne sais à qui ce film peut s'adresser. Je n'ai jamais ri ni été émue. J'étais gênée, mal à l'aise et c'est très inconfortable au cinéma.
    Même si le film démontre que le véritable handicapé est Franck Dubosc et son personnage de menteur pathologique... il n'en demeure pas moins que cette splendeur d'Alexandra Lamy en fauteuil, qui pète la santé, sportive, intelligente, intellectuelle (j'abrège la liste), qui peut y croire un instant ? Assez affligeant je trouve (même si filmiquement parlant ce n'est pas si mal).
    Je me souviens que pour la vie de Marie Heurtin (une jeune sourde du XIXème siècle) les séances étaient accessibles aux personnes sourdes. J'avais demandé au directeur du cinéma pourquoi ce n'était pas systématiquement le cas ? Car, m'avait-il répondu, en général les sous-titrages (et audio description) gênent les "bien entendants" !!! J'ai honte.

  • Toutes ces conditions ça fait beaucoup. Moi-même grande fut ma surprise qu'il passe dans un UGC en ville et en VO qui ne programme que des films en VF et plutot les "grandes" sorties...
    Ce film bénéficie d'une étrange distribution.
    C'est incompréhensible...
    j'ai vu le film français d'une réalisatrice avec 2 actrices rousses... très bien "vendu", je ne pouvais allumer la radio sans en entendre parler...
    Il faudra que je me calme pour en parler poliment.
    Jusqu'à présent "sans intérêt" me semble ce que je peux dire de plus poli.

    Alors que je suis tombée sur Hostiles par hasard. Rrrrr.

  • J'avoue que 2 jours plus tard j'ai encore les images du film en tête et cette phrase que Rosamund (mon dieu qu'elle est belle) dit à la fin "you're a good guy Joe". Peut-on considérer que cet homme est un good guy ?
    Hubby (mari en anglais) a beaucoup aimé aussi.

  • Ah génial.
    c'est un good guy qui a eu une grosse période bad guy. Il fait partie de ce genre de personnes qui exécutent les ordres, finissent par, sans y prendre goût, le faire par routine, et le regretter car il a un cerveau et un cœur.
    Il a été un good guy de bout en bout avec elle. Quelle délicatesse !
    Et cette actrice... je n'ai pas de mots, elle est toujours exceptionnelle.
    Je te recommande (si tu ne les a vus) Gone Girl (elle y est GENIALE)
    http://www.surlarouteducinema.com/archive/2014/10/09/gone-girl-de-david-fincher-5464915.html et United Kingdom (elle y est sublime)
    http://www.surlarouteducinema.com/archive/2017/04/08/united-kingdom-5930890.html.

    Une semaine après, je suis encore imprégnée du film.
    Good hubby. Garde-le :-)

  • Je confirme, c'est un excellent film à voir et à revoir. Un grand western comme on les aime.

  • Ravie de ton appréciation. A revoir en effet car il imprime fort sa marque dans le temps :-)

  • J'ai explosé en larmes à la fin... un chef-d'oeuvre et je ne le dis pas si facilement pour des films, surtout récents (vu qu'on n'a pas toujours assez de recul). Magnifique de A à Z, profond, bien écrit, réalisation impeccable, acteurs excellents, musique sublime (j'ai commandé la BO). Parfait.

  • J'adore lire ça!
    Je l'ai revu et au lieu d'exploser en sanglots, j'ai failli applaudir... C'était mon coeur qui explosait. J'avais envie de dire merci comme si le réalisateur nous faisait un cadeau... Cette scène où Mme Quaid dit : this is it... on y est. Et Jo muet hagard...

  • (t'as vu, ça m'arrive d'avoir un p'tit coeur parfois hihihihi)
    AHAHAH tu l'as déjà revu !!!!! :D :D je ne sais pas si j'aurais le temps de le revoir vu tous les films que je veux voir (mais je l'achèterai en dvd, c'est déjà prévu !).

  • Oui ça t'arrive et c'est beau.
    J'espère que tu ne chipoteras pas dans ton article :-)
    Je l'ai revu au détriment d'un autre forcément, mais je ne pouvais faire autrement. Il m'obsédait. C'est encore mieux la deuxième (je n'ai pas dit seconde...) fois. Et mon petit cinéma lui accorde une troisième semaine ! Joie.

  • (je l'ai presque fini et il n'y aura aucun chipotage, mais aucun de chez aucun).
    AHAHAH le suspense : iras-tu le voir une 3e fois ??? :D :D

  • AUCUN ??? Je bois l'apéro à cette bonne nouvelle.
    Même pas un petit : "bon je dois bien reconnaître qu'à ce moment là..." ???

    Oui si je peux !
    Mais je ne pourrai... Il sera donc dans ma dévéthèque dès que possiblement.

  • 1000 fois Alléluia !
    Pitin, je marche dans les mocassins de Yellow Hawk désormais. :-)

  • Ah je suis contente. Quel film, mais quel film !
    Tu as bien compris qu'il s'agissait d'un film de 2018 !!!!

  • Ah c'est ça le truc... il faut qu'il y ait 70 dedans ! Je commence peut-être à comprendre.

    Tu peux peut-être trouver une belle photo inédite de ce film.

  • Je te rejoins totalement c'est un très grand film avec un Christian Bale toujours aussi énigmatique et charismatique ! Merci pour cette très belle critique. Je découvre ce blog. Bravo ! :)

  • J’ai failli me faire avoir,scotché pendant près de vingt minutes. Mais dès qu’ils se mettent en route, ça commence à aller moins bien. Toujours superbe et vraiment très bien mis en scène, mais qqchose dans l’écriture alourdit l’ensemble. Cooper n’est ni Ford ni Eastwood à qui il fait des clins d’œil à chaque détour de piste. Il charge bien le pathos sur les épaules de Bale qui adore ça, offre un rôle décoratif à la pourtant merveilleuse Rosamund Pike, et part vers le Montana avec ses beaux idéaux humanistes. Heureusement, le grand Wes Studi, toujours très digne, sauve l’honneur.

    Je vois déjà la volée de flèches que je vais recevoir en retour. Je suis plus dur ici que dans le texte que j’ai écrit (et que je publierai d’ici peu) dans lequel je préfère souligner les multiples qualités de ce film malgré tout d’une redoutable efficacité.

  • Un rôle décoratif à Rosamund ??? Tu as dû t'assoupir. Elle est au centre de l'évolution de tous ces hommes.
    L'histoire s'alourdit quand ils partent ???
    Au contraire tout ce qui aurait pu être prévisible n'advient pas.
    Tant d'humanité sans pathos justement, c'est rare voire unique.
    Tout est fascinant dans ce film, de la réalisation à l'interprétation jusqu'à l'évolution des personnages au bout du rouleau qui puisent et trouvent en eux ce qui leur reste d'humanité.
    C'est beau, c'est bouleversant.
    Utopiste, irréaliste mais tellement séduisant.
    Adieu.

  • Quant à Rosamund, je maintiens. Peux-tu m'expliquer à quoi elle sert à part à faire la vaisselle et ajouter des ennuis à ce convoi qui n'en avait que trop ?
    Pas très crédible qu'elle se remette aussi vite de sa folie après un tel trauma. Désolé, je n'y ai pas cru, même si, je reconnais, l'actrice fait des efforts.

  • Relis le dernier mot de mon précédent commentaire. Désolé ou pas. rmc.

  • Ben du coup je suis passé voir ce que tu avais écrit. Je suis assez d'accord dans les détails, mais je n'ai pas été aussi accroché, ému, que je l'aurais souhaité. Je suis plutôt de l'avis de Prince Ecran Noir, il y a de nombreuses choses intéressantes, des qualités en particulier dans l’interprétation, mais le metteur en scène n'est ^pas à la hauteur. J'avais beaucoup aimé le film de Dominic.

Écrire un commentaire

Optionnel