UN VRAI BONHOMME de Benjamin Parent ***

Avec Thomas Guy, Benjamin Voisin, Nils Othenin Girard, Tasnim Jamlaoui

Tom, un adolescent timide et sensible, s’apprête à faire sa rentrée dans un nouveau lycée. Pour l’aider à s’intégrer, il peut compter sur les conseils de Léo, son grand frère et véritable mentor. Léo va s’employer à faire de Tom un mec, un vrai, mais son omniprésence va rapidement se transformer en une influence toxique. Tom va devoir batailler pour s’affranchir de l’emprise de Léo et trouver son propre chemin…

Leo avait tout pour être le personnage d'ado exaspérant que laissent supposer les premières minutes où il s'admire et frime devant la glace face à sa mère en admiration. Par la grâce de Benjamin Voisin, un acteur à découvrir, à suivre (et que nous aurons le bonheur de retrouver bientôt dans un film qui m'a chavirée au Festival Effervescence de Mâcon en octobre dernier) jamais son personnage n'est agaçant. Au contraire, on sent même surgir au travers de son personnage, toute la pression mise sur les épaules des jeunes gens dès leur plus jeune âge pour être le plus fort (surtout en sport), le plus beau, le plus remarquable par des pères un peu trop masculins. D'ailleurs Leo évoque qu'il n'est pas forcément enchanté d'intégrer une école de sport études, ce qui en plus va l'éloigner de son frère chéri.

Face à lui, Tom (Thomas Guy, très juste également) maîtrise mal la balle  lors des matchs de basket. Il a plutôt tendance à être attiré par les boloss, les pseudos losers. Ce qui ne se fait pas. Il préfère lire Jane Austen et flasher sur la plus jolie fille du lycée, très grande, très sûre d'elle. Il lui faudra  donc du temps pour comprendre et admettre que la voie qu'il doit suivre n'est pas forcément celle de son frère adoré, admiré.

Ce ne sont pas les questions du genre et de l'orientation sexuelle qui sont explorées ici mais plutôt celles des différences à admettre, du fait de se rebeller contre ce qu'on attend de vous parce que simplement vous êtes une fille ou un garçon. On peut sans aucun doute être un vrai bonhomme et aimer lire, être timide, délicat, ne pas (savoir) shooter dans un ballon...

Le personnage de Tom veut à tout prix obéir aux injonctions de virilité auxquelles son frère répond si bien, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il y a un autre chemin à prendre et qui lui correspond beaucoup mieux. L'histoire de Tom et Léo est aussi celle d'un beau lien fraternel qui fait rêver mais aussi d'un deuil dont on sort inconsolable et perturbé, coupable aussi de survivre. Evidemment le cinéma exige souvent que les problèmes soient résolus au bout d'une heure trente, mais ça ne gêne pas. Nous avons devant nous deux personnages beaux et forts qui nous touchent dans un film intelligent et souvent très émouvant.

Il y a aussi une petite touche de fantastique habilement menée et il faut encore une fois admirer le travail de Tom qui souvent parle à un personnage qui n'est pas là et doit agir comme s'il ne le suivait pas d'une semelle. On peut admirer également la performance de Thomas Guy de réussir à exister joliment à côté de la tornade Benjamin Voisin.

Vous l'avez compris, IL FAUT voir ce film, un premier film d'ailleurs (Benjamin Parent étant également par ailleurs scénariste du très joli Mon inconnue), qui laisse augurer une belle carrière à suivre, et une douce et belle surprise de ce début d'année.

Et puis  il y a Benjamin Voisin dont nous allons entendre parler...

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LES ENFANTS DU TEMPS de Makoto Shinkai **

Jeune lycéen, Hodaka fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle urbaine et trouve un poste dans une revue dédiée au paranormal. Un phénomène météorologique extrême touche alors le Japon, exposé à de constantes pluies. Hodaka est dépêché pour enquêter sur l'existence de prêtresses du temps. Peu convaincu par cette légende, il change soudainement d'avis lorsqu'il croise la jeune Hina...

L'avenir de la Planète Terre est entre les mains des enfants, c'est je crois ce que nous dit ce film. Les pauvres, avec ce qu'on leur laisse en héritage, ils ont intérêt à se remonter les manches. D'autant que l'existence de filles soleil telle que Hina risque de ne pas venir sauver la mise au prix d'un sacrifice incroyable.

En effet, Hina a le pouvoir de faire revenir le soleil alors que Tokyo sombre littéralement sous des trombes d'eau depuis des semaines, qu'il se met à geler et neiger en plein mois d'août. Les adultes, toujours aussi dépendants de la météo se réjouissent lorsque le soleil se remet à briller. Mais à mesure qu'Hina met ses pouvoirs à profit, son corps disparaît. Hodaka ne peut le supporter.

L'animation, l'image sont belles, les personnages sont attachants mais je trouve que comme lors du précédent (beau) film du réalisateur, Your Name, il se perd dans des digressions ésotériques qui moi, me perdent un peu. Le surnaturel survient brusquement dans des situations absolument réalistes et du coup, le film perd de sa force. Dans Your Name j'avais été émue par ces deux ados qui se sentaient orphelins l'un de l'autre sans même se connaître. Ici, la fable écologique avec catastrophes climatiques à l'appui a de la force et j'aime la foi que le réalisateur met dans la jeunesse mais je n'ai pas été emportée comme j'aurais aimé l'être.

Ce dérèglement météorologique impressionnant donne lieu à des images d'une grande beauté et je suis désolée de ne pas réussir à défendre davantage ce film comme si je m'étais trouvée étourdie par de somptueuses images et pas vraiment émue par le sort des personnages.