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PRIX LOUIS-DELLUC 2021

Le prix Louis Delluc récompense tous les ans une œuvre cinématographique jugée comme étant le "meilleur film français sorti dans l'année". Considéré comme le Goncourt du cinéma, il est nommé ainsi en hommage à Louis Delluc (1890-1924) réalisateur, scénariste et premier critique de cinéma français, fondateur des ciné-clubs.

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Cette année, pandémie oblige, le Président du Jury Gilles Jacob a annoncé le nom des lauréats sur France Inter ce matin. Et à année exceptionnelle, prix exceptionnels. Ils sont attribués à un documentaire et un film d'animation. Deux films que j'ai beaucoup appréciés (EN SALLE) et que je vous recommande vivement.

 

Prix Louis-Delluc
 
ADOLESCENTES de Sébastien Lifshitz ***(*)

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Ce documentaire suit le parcours d'Emma et Anaïs de leurs 13 ans jusqu'à leurs 18 ans. Alors que tout les sépare, leur milieu social, leur établissement scolaire, leur évolution personnelle, elles sont amies et se retrouvent régulièrement.

Lorsque le réalisateur a décidé de s'intéresser à la vie de deux ados, alors que son projet initial était de suivre un garçon, il ne devait pas s'attendre à tomber sur deux filles aussi formidables et intéressantes. Moi-même, je suis bien surprise d'avoir passé plus de deux heures vraiment passionnantes en compagnie d'ados... Bien que très différentes l'une de l'autre, elles ont en commun un fort tempérament et un certain courage pour résister voire s'opposer à leur entourage familial que j'ai trouvé très perturbant aussi bien pour l'une que pour l'autre mais à différents titres.

Cela se passe à Brive, Sous-Préfecture de Corrèze car le réalisateur voulait s'éloigner de l'archétype de l'ado de banlieue. Si Emma évolue au sein d'une famille bourgeoise, Anaïs est issue d'un milieu populaire voire défavorisé et a même été "placée" un temps en famille d'accueil. Elles prendront des chemins divergents à partir de la seconde où l'une suivra une filière classique et l'autre professionnelle.

Anaïs est en surpoids comme sa mère  mais jolie et séductrice, elle semble se satisfaire de son corps. En classe, elle est plutôt cancre. Elle a un frère handicapé qu'on verra peu et un autre encore bébé lorsque le film démarre. La mère aimante mais complexée sombre régulièrement dans la dépression et fait des séjours à l'hôpital. Le père, dépassé, fait ce qu'il peut. Et Anaïs, dans cet environnement inconfortable affronte des drames. Je l'ai trouvée particulièrement solide face à ces moments et émouvante lorsqu'elle se découvre une vocation qui la surprend elle-même. Il lui arrive de se plaindre auprès de son père de ne pas se préoccuper de ce qu'elle ressent et d'exprimer ce qui la hante mais elle avance, étonnée de ce qu'elle est capable d'accomplir. C'est elle encore qui se charge de soutenir moralement sa mère qui s'effondre souvent.

Emma est une beauté pleine de talent. Plus "sage" que son amie, douée en classe, elle est en conflit permanent avec sa mère. Cette dernière, névrosée jusqu'à la moelle, antipathique du début à la fin est intrusive, autoritaire et geignarde, elle est incapable d'approuver les choix de sa fille, d'apprécier sa réussite, de se réjouir de ses succès. Cette femme épouvantable ne laisse aucun répit à sa fille, ne cesse de la sermonner, la critiquer, s'en plaindre. J'ai eu envie de la trucider deux cents fois et Emma lui dira à un moment : "mais jamais tu t'arrêtes, il faudrait te tuer". On comprend. C'est excessif certes mais on ne pourrait imaginer un personnage fictif aussi abominable. Lorsque le père, un commercial la plupart du temps absent, surgit c'est également pour faire des reproches et dire à sa fille que de son temps il était impliqué politiquement. On a envie de dire à ces gens : regardez quelle fille brillante vous avez !!! Et dire à Emma de se sauver...

J'étais surprise de constater à quel point ce film est tendre, lumineux mais aussi douloureux parfois. Sébastien Lifshitz sait capter ces instants délicats et subtils en famille, en classe, lors de sorties entre amis. C'est amusant aussi de les entendre à 18 ans parler de gamines de 14 ans qu'elles observent et découvrent qu'à leur âge c'était très différent. Déjà.

Le réalisateur observe l'époque que les filles traversent, surtout au travers des différents attentats qui ont émaillé ces dernières années (Charlie, Bataclan, Hyper Kasher). Les réactions et commentaires des élèves en classe après ces évènements est particulièrement émouvant, tout comme l'intervention d'Anaïs qui explique à ses parents qu'un musulman n'est pas un terroriste. L'élection d'Emmanuel Macron fera dire à Anaïs : ça y est on est foutus !

Après le beau et émouvant portrait de la transexuelle Bambi, Sébastien Lifshitz nous cueille une nouvelle fois et nous fait aimer deux jeunes filles prometteuses à qui l'on souhaite le meilleur et dont le plus beau geste est, je trouve, de s'éloigner de leur famille respective.

Adolescentes" : l'amitié prodigieuse ?

Prix Louis-Delluc du premier film

JOSEP d'Aurel ***

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Voix : Sergi Lopez, Bruno Solo, Gérard Hernandez, François Morel, Valérie Lemercier

Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barcelone à New York, l'histoire vraie de Josep Bartolí, combattant antifranquiste et artiste d'exception.

Un camp de concentration en France ? Mais où vont-ils chercher tout ça ? Dans la réalité obscure et honteuse. On n'a qu'à se servir. Comme beaucoup, je ne connaissais pas cet épisode glorieux de la joyeuse année 1939. Rien que pour cette découverte, le film vaut le détour, mais pas seulement.

Même si le film est assez manichéen, j'ai aimé voir les dessins d'Aurel et par conséquent de Josep s'animer (ou l'inverse) bien que l'animation saccadée demande un temps d'adaptation que j'ai franchi allègrement. On est effaré de voir que les réfugiés politiques exilés se retrouvent parqués pire que des animaux, à même le sol. Heureusement un gendarme, plus conscient que ses collègues de la folie de la situation offre un crayon à Josep qui va mettre sa captivité en images.

J'ai bien aimé l'évolution du jeune garçon, chargé de "garder" à contre cœur son grand-père qui perd un peu la boule. Il n'était autre que le gentil gendarme du camp de concentration. Le garçon deviendra lui aussi dessinateur. L'intervention de Frida Kahlo dont Josep devint l'amant ajoute un côté romanesque au film.

Pour ce film, ce sont les dessins de Josep combattant républicain et artiste qui alimentent la narration. Ses dessins relatent l'abomination qui sévit au camp et c'est grâce à eux que Josep, à même le sol dans la boue parfois, préserve son humanité.

Le casting des voix est formidable.

Commentaires

  • Ils te plairaient.

  • Je n'ai vu ni l'un, ni l'autre, mais tu (re)donnes envie de les rattraper. Merci.

    En attendant, tu m'as également poussé à aller regarder de plus près le palmarès de ce(s) Prix. Il y a là quelques longs-métrages que j'ai beaucoup aimés, y compris dans la liste des lauréats du Prix du premier film.

  • Tant mieux :-)
    Oui c'est un prix qui ne fait pas de bruit mais assez prestigieux.

  • Oui, deux excellents choix pour ce prix.

  • Bonjour Pascale, Adolescentes pas vu et c'est resté peu de temps à l'affiche à Paris. Il faut espérer qu'il sera projeté à nouveau avec ce prix Delluc. Et quant à Josep, l'histoire est intéressante mais j'avoue que le côté "animation" ne m'a pas plu. Désolé. Bonne après-midi.

  • Bonjour dasola, Dommage pour Adolescentes. J'y croyais moyennement et j'ai été emportée et très émue par leur histoire.
    Pour Josep, j'ai trouvé ça très beau pourtant.

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