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ANNETTE

de Leos Carax ****

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Avec Adam Driver, Marion Cotillard

Los Angeles, de nos jours. Henry et Ann vivent leur amour passionné sous le feu des projecteurs et de la presse people. Une petite fille Annette, naît de cette union et elle devra lutter pour se faire une place au milieu de ce couple amoureux de son propre amour.

Le premier mot qui me vient à l'esprit pour évoquer ce film est flamboyance. Le jury cannois présidé par un Spike Lee (hilarant lors de la cérémonie de clôture) y a sans doute été sensible en lui décernant le Prix de la mise en scène. Dès l'ouverture où la voix de Carax lui-même enjoint élégamment le public à la fermer, voire à ne pas respirer pendant la projection, un énergique travelling arrière nous encourage à suivre (ou à précéder) une partie de l'équipe du film qui marche à vive allure au son de l'enthousiasmante musique des Sparks. Ce moment devrait figurer désormais au rang des scènes cultes du cinéma. L'enivrante chanson So may we start (que j'écoute en boucle depuis) est un véritable moteur pour emballer le film et le cœur du spectateur. Si à l'instar de cette scène on ne démarre pas sur les chapeaux de roue, il est conseillé de sortir. Bien que le film ne restera pas perché à la hauteur de cette ouverture, il est d'une beauté foudroyante qui m'a hantée plusieurs jours.

A l'issue de cette scène inaugurale trépidante, les deux stars/personnages du film finissent par se séparer chacun continuant sa course vers son destin/métier. Ann est une cantatrice mondialement reconnue, Henry est un comédien de stand-up à l'humour noir, très très noir.

Je peux reprendre ici mot pour mot ce que Leos Carax disait lors de la sortie de son précédent film Holy motors (où le seul grand moment était musical et revenait à Denis Lavant déboulant dans une église avec une bande d'accordéonistes, j'en ai encore des frissons) : "A chaque sortie de film, j'ai cette pensée obsédante qu'il existe quelqu'un qui le verra bientôt et ensuite en éclairera pour moi magiquement la raison d'être. Je cherche toujours son ombre". Encore une fois je ne trouve pas de thème principal au film, même si j'ai lu qu'il traitait de l'enfance brisée, je trouve qu'il aurait tout aussi bien pu s'appeler Henry car c'est davantage il me semble le portrait d'un homme qui se perd dangereusement en ne sachant concilier amour, métier et paternité. Adam Driver est extraordinaire.

Je comprends que Leos Carax ait réalisé un film musical, comédie musicale ou opéra rock, les avis sont divisés. Il survole aussi en quelques images le harcèlement sexuel, le pouvoir néfaste des paparazzi mais aussi la versatilité du public. Les deux longues scènes de stand-up sont sidérantes. Henry se présente à son public pieds nus dans des chaussures bateau et vêtu d'un peignoir largement ouvert sur un torse... avantageux. Le système de l'humour d'Henry consiste en l'agression et la provocation. Le public hilare en redemande. Lors de la seconde scène, le public conspue son idole pour les mêmes raisons qu'il l'avait adoré. Henri serait allé trop loin dans la provocation.

Quant à Ann, elle se produit devant un public conquis qui s'émeut de la voir mourir sur scène. Parfois le décor s'ouvre et Ann se retrouve perdue en forêt.

Aparté : Ce théâtre incroyable existe réellement, à Bussang dans les Vosges. Lors de certains spectacles, le fond s'ouvre sur la forêt qui s'intègre au spectacle. C'est mag(n)i(fi)que :

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Marion Cotillard mange des pommes, diaphane et fragile, minuscule à côté de son partenaire, elle ne cesse de mourir sur scène et récolte l'enthousiasme du public. Adam Driver mange des bananes, il est véritablement le coeur du film et perd peu à peu son emprise sur le sien.

Au milieu de ces deux monstres, une petite fille étrange, adorable, manipulée, utilisée, exploitée tente de trouver sa voix et sa voie. Dans la toute dernière scène, surprenante, le réalisateur lui accorde enfin une mue bouleversante.

Mais, il y a un mais, pourquoi avoir fait chanter Adam Driver dans une tessiture trop haute qui n'est pas la sienne alors que Marion qui n'est pas chanteuse lyrique a été doublée ? Car oui le film est pratiquement intégralement chanté et cela va en refroidir certains. Dommage. Tant pis.

Et encore oui c'est fiévreux, baroque, chancelant, excessif mais sur moi ça marche. A fond.

 

Commentaires

  • Je comprends. Moi j'étais transportée rien que par la bande annonce. Le film a confirmé cette impression ce qui n'est pas toujours le cas (concernant les bandes annonces).

  • ah génial, je me sentais seule sur ce coup.

  • Tu es la première à parvenir à me donner une envie irrépressible de le voir !
    Faut que je trouve à me le programmer maintenant...

  • Oh quelle joie de lire ça !
    J'espère que tu vas aimer ce film punk.

  • J'en suis sortie enchantée ! Il ne me tentait pas et pourtant, m'a complètement séduite. Il y a des scènes fabuleuses comme Henry sur scène, ou celle du pianiste devenu chef d'orchestre. Je fais partie de ceux que Annette a emballé !

  • Oui c'est un film qui enchante (ou qui doit horripiler).
    J'ai aussi adoré Henry sur scène.
    Je ne parle pas du pianiste chef mais j'ai beaucoup apprécié son personnage.

  • Bonjour, je viens de comprendre en écoutant le Masque et la Plume (et votre post me le confirme !) qu’Annette a été tourné à Bussang. En voyant le film à sa sortie je pensais à un trucage sans faire le lien avec ce théâtre que je ne connais que de réputation

  • Je vous encourage à visiter cet endroit sublime et mieux encore y assister à un spectacle. Cet endroit est unique.

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