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HOLY MOTORS de Leos Carax °

Holy Motors : photoHoly Motors : photoHoly Motors : photo
Leos Carax lui-même en personne s'éveille, allume une clope, traverse le mur de sa chambre et se retrouve dans une salle de cinéma où un film est projeté.Tous les spectateurs y sont endormis, ou morts. Allez savoir. Un chien ou plutôt un molosse suit un bébé dans l'allée centrale...
Au petit jour, Monsieur Oscar quitte son domicile bunker et rejoint sa limousine blanche. Au volant, Céline, une belle dame âgée, la gracieuse, gracile et énigmatique Edith Scob et son chignon hitchcockien ! Elle va trimballer Monsieur Oscar à travers Paris jusqu'à l'aube suivante. Entre temps, son passager aura changé une bonne dizaine de fois d'identité, vécu un épisode de la vie de chacun des personnages, succombé plusieurs fois à l'âge, la maladie ou à un coup de surin mais se sera relevé autant de fois. C'est ça la magie du cinéma. Les morts se relèvent à la fin de chaque scène. Heureusement que Leos Carax vient nous le rappeler.
Je me suis lovée dans mon fauteuil bien décidée à vivre une expérience inédite, une rencontre du quatrième type, tous sens en éveil et prête à chavirer d'émotion... Sauf que, non, rien. Encéphalogramme plat. Je n'ai été ni éblouie, ni impressionnée et encore moins émue. Si ce film m'est resté totalement hermétique et que je n'ai pu décoder une seule des énigmes qu'il est censé contenir, au moins comprends-je mieux aujourd'hui les propos rassurants du réalisateur qui lui non plus ne sait pas à quoi sert son film. Il laisse le soin à ceux qui aiment se faire des noeuds au cerveau de le lui expliquer : "A chaque sortie de film, j'ai cette pensée obsédante qu'il existe quelqu'un qui le verra bientôt et ensuite en éclairera pour moi magiquement la raison d'être. Je cherche toujours son ombre". Cherche gamin, cherche... Je l'espère satisfait car ce garçon semble toujours très accablé par le monde et l'injustice qui y règne. En tout cas, s'il ne l'est pas (satisfait) c'est qu'il fait preuve de mauvaise volonté car les interprétations de sa promenade en limousine foisonnent. J'ai  par contre beaucoup plus de mal à comprendre cette affirmation : "On fait les films pour des morts, ils sont vus par des vivants". Y voir un mépris certain pour le pauvre spectateur bas de plafond (que je suis) serait sans doute désobligeant de ma part. Ou bien suis-je trop vivante pour comprendre Leos Carax !
Je ne peux bien sûr nier la performance multiple parfaite de Denis Lavant, muse consentante et abandonnée aux mains de son créateur. Indépendamment de son talent de transformiste, l'acteur met toute son énergie, sa fièvre et sa souplesse au service de personnages contrastés. D'abord banquier qui parle CAC, il brosse consciencieusement une perruque et se transforme en vieille mendiante étrangère que tout le monde ignore sur un pont de Paris. A l'issue de chaque scène ? sketche ? épisode ? Monsieur Oscar remonte dans la limo se démaquille et se métamorphose à nouveau devant son miroir de loge de théâtre. Il sera successivement un père de famille déçu par sa fille menteuse, un acteur en motion-capture (prétexte ridicule au tournage d'une scène porno), la créature monstrueuse de Tokyo, Monsieur Merde (mon personnage préféré mais prétexte à une scène grotesque dans les égoûts avec Eva Mendès), un tueur chargé d'abattre son double (la scène la plus réussie), un oncle mourant qui se confie à sa nièce, un amoureux qui revoit son ex (prétexte à laisser Kylie Minogue pousser la chansonnette pour nous expliquer pourquoi elle est si triste : attention, trauma) et j'en oublie sans doute. Voir Céline/Edith Scob remettre deux billets de 20 €uros à Monsieur Oscar qui rentre finalement chez lui et retrouve sa chérie et ses deux filles qui sont trois chimpanzés est la cerise sur le clafoutis qui me fait réellement penser à un gros foutage de gueule, pour être polie ! Même la sublime chanson de Gérard Manset (qu'il convient d'écouter sans les images) ne parvient pas à sauver cette scène qui fait définitivement sombrer le film dans le porte nawak et le ridicule.
Mes moments préférés restent cette scène tralalaïesque où une dizaine d'accordéonistes en folie investissent une église, et le final grandiose où après qu'Edith Scob (morte de honte sans doute) ait remis son masque des Yeux sans visage, des limousines commencent à discuter entre elles de l'avenir du pauvre monde... soit environ 4 minutes !

Commentaires

  • Il ne me tente absolument pas celui-là, alors çà ne me gêne pas que tu lui mettes un petit rond désapprobateur. Je sais que ce n'est pas pour mon malheureux cerveau de bipède ordinaire.

  • Hélas le décodeur n'est pas livré avec la projection.

  • Tristoune je suis.
    Tu n'as pas rêvé que Denis te captait avec ses capteurs ?

  • Ouais on y entre ou pas quoi ! Avec ce genre de cinéma radical ... je verrais bien de quel côté je suis.

  • Fred : ne sois pas déçue.
    Et sûrement pas que j'ai rêvé des capteurs. Scène idiote selon moi, pas de quoi en faire un rêve ni un cauchemar ! Ridicule.
    Je sais; je m'enlise.
    J'aurais plutôt rêvé aller jouer de l'accordéon comme une fofolle... mais Leos ne sait pas s'amuser longtemps. Il préfère jeter ses actrices dans les égoûts ou du haut de la samar.

    Lalalère : oui viens me dire !

  • Voilà qui fait plaisir. Ouf, je ne suis pas la seule. Restent en effet la sublime chanson, l'interprétation et la scène dans l'église... Et pour le reste, beaucoup d'exaspération devant ce film narcissique et prétentieux. Il faut dire que voir Leos Carax en conférence de presse n'a pas aidé à aimer le film que lui-même ne donnait pas du tout envie d'aimer...

  • On ne sera pas trop de deux. Et pourtant je n'ai pas rencontré Leos. Mais j'imagine bien qu'il donne plus envie de se jeter du haut de la Samaritaine que d'aller au cinéma. Je me mets à l'accordéon moi en tout cas.

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