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TITANE

de Julia Ducournau ***

TITANE de Julia Ducournau, cinéma,  Agathe Rousselle, Vincent Lindon

Avec Agathe Rousselle, Vincent Lindon

Alexia est une petite fille rageuse qui cherche à attirer l'attention de son père mais hélas c'est Bertrand Bonnello plus elle cherche à l'asticoter plus il l'ignore.

La première scène se passe en voiture et lorsque le père s'énerve pour de bon, il perd le contrôle de son véhicule et c'est l'accident. Il s'en sort indemne mais on doit implanter une plaque de titane dans le crâne d' Alexia. Elle n'est pas rancunière et développe un amour immodéré pour les belles carrosseries. Adulte elle est danseuse dans les salons de l'auto où elle se frotte sur les carlingues reluisantes sous les yeux ébahis des visiteurs qui peuvent regarder mais pas toucher. Qui s'y frotte s'y pique...

Est-ce ce manque d'amour originel qui fait d'Alexia une tueuse en série ? Peut-être mais on ne saura pas. Le premier meurtre auquel on assiste est-il le premier ? Sans doute mais pas sûr. En tout cas, Julia Ducournau (qui ne m'avait guère convaincue avec son Grave qui avait enchanté ses adorateurs) passe avec ce film la vitesse supérieure et nous offre une nouvelle héroïne façon Nikita beaucoup plus attachante. La réalisatrice semble être une personne parfaitement équilibrée au discours intelligent mais ses personnages féminins ont de sérieux problèmes psychologiques qui ont de très fâcheuses conséquences sur leur physique. Les références à Cronenberg sont évidentes et encore plus à son Crash que j'avais trouvé à l'époque parfaitement irregardable mais aussi au pic à glace de Sharon Stone chez Verhoeven. On sait que les scènes de sexe avec des machines sombrent rapidement dans le ridicule. Ici j'hésite parce que l'étonnante actrice, Agathe Rousselle, semble beaucoup plus à l'aise avec la bagnole. Parfaitement dévouée à sa réalisatrice (qui ne lui a pas lâché la main lors de la remise de la Palme) elle offre son corps en pâture à son imagination qui la transforme et la déforme sous nos yeux ébahis jusqu'à lui faire perdre les eaux l'huile de moteur !

Deux parties distinctes dans ce film et une évolution du personnage central sidérante, une transformation tellement radicale qu'on a parfois du mal à croire qu'il s'agit de la même actrice. Pourtant la transformation s'opère sous nos yeux. Dans la première partie, Alexia est une tueuse en série solitaire dont l'acmé est atteint en tuant le père. Dans la seconde, une grossesse non désirée vécue comme un chemin de croix, un changement de sexe, d'identité et surtout une rencontre. Avec un pompier inconsolable d'un deuil infaisable puisque son fils est toujours porté disparu depuis 10 ans. C'est là que Vincent Lindon entre en scène. Avec son nouveau corps façonné en poussant de la fonte, son personnage accro aux stéroïdes est comme il le dit : "Dieu" puis "vieux"... Dire une nouvelle fois que Vincent Lindon est exceptionnel n'est pas inutile parce qu'il l'est comme on ne l'a jamais vu. Il sourit (un peu), il danse, épanoui, il chante la Macarena (il faut voir dans quelle circonstance !)... et il  accueille Alexia en pensant qu'elle est Adrien. Il s'y attache. Ces deux là forment un "couple" bouleversant, chacun devenant la bouée de sauvetage de l'autre. Et c'est beau. Julia Ducournau assure qu'elle réalise des films d'amour. Je la crois.

Alors, que le jury cannois punk de cette année y ait trouvé sa Palme d'Or est sans doute surprenant, car plus que tout autre ce film, interdit aux moins de 16 ans, n'est pas à mettre devant tous les yeux, il est parfois insoutenable et en fera fuir plus d'un mais c'est une expérience que je suis heureuse d'avoir vécue. Et il y a deux acteurs époustouflants.

Commentaires

  • Merci pour cette critique bien détaillée ! Pour le moment, nous hésitons encore, le mot insupportable donné à réfléchir …

  • Franchement je suis entrée dans la salle avec la peur d'avoir peur... J'ai eu peur mais la réalisatrice nous laisse le temps de fermer les yeux. Et puis la palme et les deux acteurs... 3 raisons pour moi de ne pas hésiter.

  • Je n'ai pas du tout envie d'y aller, c'est le genre de film que je ne saisis pas du tout.

  • Ah ah ah, je comprends. Je ne t'imagine pas devant un tel spectacle :-)

  • Bonjour Pascale, moi, j'attends d'avoir ma deuxième injection de vaccin le 28/07 pour retourner au cinéma le 04/08. J'irai peut-être mais j'hésite. Crash de Cronenberg a été une très mauvaise expérience. Bonne après-midi.

  • Bonjour dasola, Moi j'ai eu ma double dose :-) Il y a évidemment des références à Crash compte tenu de l'amour de la demoiselle pour les voitures mais ce film est bien personnel. Mais évidemment il est un peu... gore.

  • Je dis oui à tout !
    Ton texte touche les points sensibles du films et tu as raison car c'est davantage dans les creux de ce scénario que se cache sa belle âme. Les effusions violentes, les déchirements corporels sont comme les tatouages d'Agathe Rousselle, des motifs de surface, un habillage pour corps dénudés. Alors que le Titane du film se trouve bien à l'intérieur, solide et brillant.
    Tu serais donc plus bagnole que barbaque donc.

  • Je dépiste l'amour à 100 lieux à la ronde :-)
    Je ne suis pas très bagnole et je mange rarement de la viande... mais les personnages qui souffrent ça me parle. Les 2 acteurs rendent leurs personnages attachants et bouleversants par moment.
    Et je suis plus touchée quand Alexia se gratte que quand elle agite son pic à glace. J'ai mal pour elle.

  • Si j'avais été membre du jury cannois, j'aurais plutôt attribué le prix d'interprétation à Agathe Rousselle. Le film dans son ensemble m'a moins emballé que "Grave". Mais je suis content qu'une véritable oeuvre cinématographique française ait été récompensée.

  • Je n'ai pas encore vu le film de l'actrice qui a eu le prix mais effectivement puisque le jury a été sensible au film, c'est surprenant qu'Agathe n'ait pas eu le prix. Mais il me semble qu'un film ne peut plus obtenir deux prix (à vérifier). Elle est incroyable et sa transformation !!!
    Je trouve qu'il y a plus de cinéma dans ce film. Cette histoire d'ado végétarienne qui bouffe de la viande, l'ambiance bizutage de Grave m'a vite gavée.
    Ici, malgré les références, tout m'a paru original.

  • Alors moi j'ai préféré Grave.
    Je suis sortie de Titane sans trop savoir ce que j'en pensais, et je suis toujours pas sure. J'ai vraiment bien aimé la seconde partie, mais ce film en deux parties me trouble. Enfin, ce n'est pas forcément mauvais signe d'être troublé au cinéma ^^

  • Oui il y a clairement deux parties et deux identités.
    L'univers de Grave, le bizutage chez les ados et une veggie carnivore : BOF.

  • Comme tu le dis, Agathe Rousselle est épatante. Même si j'ai des réserves sur ce film hybride en deux actes, comme tu l'as vu chez moi, merci de m'avoir donné envie de le voir !

  • Un film imparfait en effet mais qu'il fallait que tu vois pour en parler :-)

  • Bon. Je viens de le voir.
    Bon. Je ne sais pas quoi en penser.
    Ai-je aimé ? Je n'en sais rien en fait.
    Du mal à trouver un sens, un pourquoi à l'histoire...
    Certains scènes difficiles (je retiens celle où elle essaie de se casser le nez contre le lavabo qui m'a fait baisser les yeux et arracher une douleur intérieure)
    Et puis, elle n'est pas un peu bizarre cette caserne de pompiers ?
    Après, il y a Vincent Lindon, bodybuildé, ça vous change un homme !
    Agathe et Vincent, sont touchants, glaçants, émouvants, dérangeants...
    Peut-être faudra-t-il que je le regarde à nouveau pour me dire si j'ai aimé ou pas.

  • Oui c'est un film dérangeant, brutal mais c'est une expérience, et c'est un film d'amour :-)
    Cela dit, pas sûre d'avoir envie de le revoir.

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