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FESTIVAL EFFERVERSCENCE MÂCON 2021 (1)

Quel bonheur ! C'est mon premier festival depuis 18 mois. Et c'est une joie de chaque instant de me retrouver dans cette ambiance chaleureuse, conviviale et sensorielle bien entourée par mes amis festivaliers que j'aime d'amour et des acteurs, réalisateurs passionnés et passionnants. Avec masque et pass-sanitaire mais après tout, on ne peut plus s'en passer non ? J'enchaîne les films (les avis que j'aurai le temps d'écrire seront donc courts) avec du temps pour déguster et m'aérer en flânant le long des berges de la Saône. Je découvre des nouveautés enthousiasmantes et me replonge dans des chefs-d'oeuvre (In the mood for love, Cinéma Paradiso) avec délice.

La belle vie loin des soucis !

festival efferverscence macon 2021

ENTRE LES VAGUES d'Anaïs Volpé **(*)

Séance : sens dessus dessous - France - Sortie 22 mars 2022

festival efferverscence macon 2021

Avec Souheila Yacoub, Déborah Lukumuena, Angélique Kidjo, Sveva Alviti, Matthieu Longatte

Synopsis : Rêver, foncer, tomber, repartir, rêver encore, et recommencer. Elles ont l’énergie de leur jeunesse, sa joie, son audace, son insouciance. Deux meilleures amies, l’envie de découvrir le monde. Margot et Alma sont inarrêtables, inséparables.

L'histoire de Margot et Alma c'est aussi celle de deux jeunes femmes qui ont un rève, le même : être comédienne, brûler et briller sur les planches. Lors d'un casting (sauvage au sens propre du terme) l'une est choisie, l'autre pas. L'une se réjouit pour l'autre et pour elle-même, l'autre se sent gênée d'avoir obtenu le rôle. Mais pas de All about Eve ici, les deux amies resteront soudées jusqu'au bout, envers et contre tout... car un drame va se faufiler au coeur de la joie.

L'énergie semble être l'ADN de ce film, mais le montage très "cut" qui passe sans transition d'une scène à l'autre, les plans agités où 10 personnes sont dans le même plan et discutent toutes en même temps me fatiguent un peu. J'ai préféré quand l'agitation fait place à plus de calme et de mesure même si les larmes et le nez coulent beaucoup.

Par contre, il y a comme un souffle d'amour qui passe entre les deux personnages voire les deux actrices qui a fini par atteindre et emplir mon coeur. Margot et Alma symbolisent et incarnent l'amitié comme on la rêve, pleine, entière, sincère, sans ambiguïté ni jalousie, même si par la force des choses, une forme de culpabilité s'installe peu à peu. J'avais franchement le coeur palpitant de les voir ensemble.

C'est aussi une vision très concrète du monde du théâtre, de l'effet de troupe, des répétitions même si l'hystérie des répétitions avec une metteuse en scène despote telle qu'on l'imagine quand on y connaît rien au théâtre a plutôt tendance à m'amuser. 

Mais au bout d'un moment, une chose s'est produite. L'actrice Souheila Yacoub, magnifique, véritable tornade, soleil éblouissant vampirise le film et je n'ai plus vu et entendu qu'elle. Elle passe par toutes les émotions qu'un être humain peut produire et nous les transmet.

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ARTHUR RAMBO de Laurent Cantet ***(*)

Séance : Sens Unique - France - Sortie 2 février 2022

festival efferverscence macon 2021

Avec Rabah Naït Oufella, Antoine Reinartz, Sofian Khammes

Synopsis : Qui est Karim D. ? Ce jeune écrivain engagé au succès annoncé ou son alias Arthur Rambo qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux.

Ce film s’inspire d’un fait réel. Vous vous souvenez peut-être du duo Les Kids qui officiait le matin sur France Inter dans l'émission de Pascale Clark et dans le Bondy blog. Leur jeunesse et leur pertinence faisaient merveille. Karim D. est un peu le double du jeune Mehdi Meklat qui devint un écrivain à succès torpillé par la révélation de tweets racistes, antisémites, homophobes et misogynes.

Ici aussi un jeune auteur révolutionne le milieu littéraire par son livre encensé par la critique. Mais le soir même de son triomphe, les tweets haineux, honteux qu'il a publiés quelques années auparavant refont surface et en un claquement de doigts tout le monde le lâche. Difficile pour lui de justifier ce torrent de haine et de rage juste en prétendant que c'était du 36ème degré, qu'il était jeune, voulait créer la polémique mais aussi amuser la galerie. On a du mal à concevoir qu'un jeune homme qui a manifestement écrit un ouvrage très fort, d'une grande justesse, Le débarquement (l'histoire de sa mère émigrée d'Algérie) puisse avoir un double maléfique, comme il le dira maladroitement, capable de proférer des horreurs.

J'ai trouvé ce film puissant qui démontre en 1 h 30 la fragilité de l'être humain et l'étrangeté d'un monde nouveau gangrené par la réalité virtuelle et les réseaux "sociaux"... Que sommes-nous face à un tweet de 140 caractères ?

Lors d'une soirée mondaine puante organisée par la maison d'édition, le jeune auteur adulé, que tous les media s'arrachent passe en quelques instants de l'adoration au rejet total. C'est sidérant. Même ses (anciens) amis qui avaient bien ri à ces tweets à l'époque se désolidarisent. Les propos nauséeux défilent à l'écran. Et Laurent Cantet, présent à l'issue de la projection nous a confié à quel point ce fut embarrassant et déplaisant d'avoir à réfléchir à l'ignominie. En effet, il fallait bien montrer de quoi étaient faits ces tweets. On a du mal à imaginer que toute cette boue puisse séjourner dans un esprit sain.

Ce film est difficile parce qu'il nous oblige à nous positionner. On se refuse à trouver ce garçon sympathique car ce qu'il a écrit est dégueulasse mais on ne peut s'empêcher de le plaindre face à la solitude qui s'abat sur lui. On le suit dans sa déambulation nocturne pour trouver un soutien. Jusqu'à une scène sidérante, d'une grande puissance émotionnelle où Karim découvre que son petit frère, fier de son aîné, a sans doute pris les tweets au premier degré.

Un film à faire découvrir aux jeunes sans doute mais à condition qu'ils soient bien encadrés pour les inciter à décrypter le message et peut-être à prendre la mesure de certains dangers. J'aurais presque envie de dire que c'est déjà trop tard (concernant les dangers des réseaux).

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UN MONDE de Laura Wandel **

Séance Quintessence - Film en compétition Belgique - Sortie 5 janvier 2022

festival efferverscence macon 2021

Avec Maya Vanderbeque, Günter Duret, Karim Leklou, Laura Verlinden

Synopsis : Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école.

La traduction du titre en anglais est Playground qui correspond beaucoup mieux à ce film je trouve. En effet ici, on quitte à peine la cour de récréation que j'ai trouvé filmée comme une cour de prison telle qu'on la représente à l'écran : le solitaire dans un coin, les groupes, les indifférents... Le film ne dure qu'1 h 13 et tant mieux. C'est bien suffisant car il est éprouvant. Je ne vous ferai pas une nouvelle fois mon couplet sur ma difficulté à voir l'enfance souffrir, pour d'autres c'est les chiens, mais pour moi c'est véritablement une épreuve.

Si le film n'obtient que deux étoiles c'est surtout parce qu'il manque complètement de contexte. On ne comprend pas pourquoi le père est à la fois si présent et absent, sans travail, où est la mère, pourquoi les autres adultes parlent à peine même quand ils ont connaissance des actes ? J'ai bien compris que le point de vue était celui des enfants et la caméra reste au ras des petits mais j'ai trouvé un peu "facile" de filmer toute cette souffrance sans la replacer dans un contexte.

Au départ, on pense que c'est Nora, en larmes en ce jour de rentrée qui va être la victime toute désignée tant elle est triste, butée et silencieuse. Mais c'est en fait son frère aîné qu'on prenait pour un petit dur qui subit mille tortures. C'est insoutenable. Les enfants sont entourés d'adultes qui ont sans doute oublié à quel point la cour de récré doit rester sous haute surveillance et ne décèlent strictement rien dans le comportement des enfants qui souffrent. Pourtant j'ai trouvé Nora et Abel, surtout Abel particulièrement tristes, malingres, yeux cernés, mal coiffés, mal habillés comme s'ils cochaient toutes les cases de la victime... La relation fraternelle est belle même si elle subit quelques soubresauts.

Les enfants sont formidables bien sûr mais le film me laisse un arrière sale goût d'inachevé.

Commentaires

  • "In the Mood for Love" a eu aussi les honneurs du Festival Lumière de Lyon. Belle occasion pour ma fille d'en découvrir les charmes immarcescibles, et me donner envie d'y revenir à mon tour.
    Un Cantet en lisse, et un bon visiblement. Je note.

  • Immarcessible en effet :-) S'y replonger est indescriptible. La beauté à l'état pur.

  • Le Cantet n'est pas en "lisse". Les films en compétition sont des premiers ou seconds films. Mais il met KO.

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