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LES HERBES FOLLES (DVD)

d'Alain Resnais ****

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Avec André Dussollier, Sabine Azéma, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric

Hier soir j'ai décidé de ne pas une fois de plus m'imposer une soirée zapping infernal et j'ai choisi de placer un DVD dans le lecteur. Bien m'en a pris. Adapté du roman de Christian Gailly, L'incident, ce film est une pépite de bonheur.

Marguerite s’achète de nouvelles chaussures mais se fait voler son sac à la sortie du magasin. Georges trouve le portefeuille de Marguerite que le voleur a jeté dans un parking souterrain. Il hésite puis le ramasse et après avoir comparé la photo sur la carte d’identité avec celle sur une licence de pilote d’avion, et en avoir tiré conclusions et analyses… il se met à fantasmer sur sa propriétaire. De retour chez lui, il trouve le numéro de Marguerite dans l’annuaire, essaie de lui téléphoner et décide finalement de porter l’objet au commissariat. Plus tard, Marguerite cherche à remercier Georges d'avoir rapporté son portefeuille…

Ce qui suit tient de l’improbable, de l’invraisemblable, du magique, du farfelu et du bonheur de tous les (im)possibles ! Et Marguerite s'appelle Muir comme la Madame Muir de Mankiewicz qui en son temps dépérissait d'amour pour un fantôme. Est-ce un hasard pour cette douce folie romantique, échevelée ? Folle comme les herbes, celles qui poussent malgré tout entre les fissures des trottoirs. 

De la première à la dernière seconde, j’ai une nouvelle fois été embarquée par cette histoire exaltante, angoissante et drôle, dont on a du mal à percevoir de quel côté elle va nous pousser et nous emmener. Ce film est de cette espèce délectable : encore meilleur quand on y repense, de celle qui donne envie de le revoir pour en saisir toutes les nuances, toutes les subtilités… et à quels moments l’entourloupe finale, réjouissante et facétieuse aurait pu être visible. Des indices sont semés, je pense. Une machine à écrire peut-être...

Ce film est exaltant, vertigineux, on retient son souffle en permanence alors qu’assez paradoxalement un sourire persistant reste accroché au visage. Jusqu’où, jusqu’à quelle folie irrémédiable les personnages vont-ils aller ? Vont-ils résister à leur désir, céder, hésiter encore, se perdre, se calmer ?

J'ai l'impression qu'on se jette dans les bras de ce film qui ne ressemble à aucun autre, heureux, différent, jouissif, grave, espiègle. Un film dont l’écran devient noir tout à coup, comme pour laisser au spectateur le temps de reprendre son souffle, de rassembler ses émotions et de lire la phrase de Balzac Flaubert :

 « N’importe, nous nous serons bien aimés » !..

Ce film semble s'accomplir en harmonie : les couleurs, la lumière, la musique, les dialogues et… évidemment l’interprétation. C’est Edouard Baer qui se charge de la narration en voix off. Et sa voix a le charme suranné, désuet, le second degré qui convient au texte décalé.

Quelques seconds rôles de choix complètent avec bonheur l’équipe du duo de tête, Emmanuelle Devos de plus en plus déroutée par sa meilleure amie, Roger Pierre en vieux monsieur dragueur, Anne Consigny en femme (presque…) trompée et compréhensive (mais toujours chuchotante), Sarah Forestier, Nicolas Duvauchelle, Annie Cordy, Michel Vuillermoz et Mathieu Amalric, assez drôle et décalé en flic compatissant.

Mais évidemment, ce sont les deux stars qui étaient pratiquement indissociables des films de Resnais depuis de longues années, qui sont ici en Majestés. Sabine Azéma, hélas toujours affublée de sa coiffure tête de loup mais qui ici, exceptionnellement, convient parfaitement au rôle et surtout au titre échevelé, est plus sobre et profonde qu’elle ne l’a jamais été.

Quant à André Dussoller, que dire sinon qu’il est au top du sommet. D’une classe insensée… un peu moins (mais hilarant) la braguette ouverte ! Qu’il est drôle tout en ayant perdu ses tics de bon gars un peu lunaire, un peu farfelu. Bien qu’on ne sache pas grand-chose de lui, sinon qu’il a perdu ses droits civiques (ce qui ne le contrarie guère), qu’il est peut-être au chômage… on est sûr d'une chose, il est border line, constamment inquiet et parfois, parce que cela arrive aussi brutalement qu’il était calme et doux l’instant d’avant, inquiétant, menaçant avec les drôles d’idées de meurtres qui lui passent par la tête. Son inquiétude permanente, son impatience et ses obsessions installent un malaise et une vive appréhension : quand va-t-il passer à l’acte ?

Mais ce qui le rend absolument fabuleux c’est son charme dévastateur, sa voix, sa diction, son pouvoir de séduction, son élégance. Lorsqu’enfin il croise Marguerite en vrai, son regard, les mots qu’il prononce, son sourire à cet instant le rendent à jamais inoubliable ! J'avoue que c'est pour cette réplique "vous m'aimez alors ?" que j'ai eu envie de revoir le film. Ce moment n'est pas décevant.

Etourdissant, chaleureux et déroutant, ce film libre, léger et fou comme les herbes de son titre envoie en l'air... car il est MERVEILLEUX !

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Commentaires

  • Yep,
    Vu ces jours-ci : The Last Duel **** - Flag Day *** Minamata ** Cry Macho °.
    ++

  • Flag day *** ????
    On parle du même jour du drapeau ?
    Je comprends mieux pourquoi on est rarement daccord.

  • J'ai passé une soirée merveilleuse. Et le lendemain j'ai re-regardé la scène de la rencontre (vous m'aimez alors ?).

  • J'ai découvert ce film à sa sortie et j'en garde un souvenir merveilleux (ce mot lui sied si bien).

  • Oui c'est ça, merveilleux.

  • Tu m’as donné rudement envie de mettre a mon tour la galette dans lecteur ! Visiblement, une bonne grosse dose de bonheur comme savait en distribuer le malicieux Resnais.

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