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JANE PAR CHARLOTTE

de Charlotte Gainsbourg ***

JANE PAR CHARLOTTE de Charlotte Gainsbourg, cinéma, Jane Birkin


Avec Jane Birkin, Charlotte Gainsbourg, Jo Attal

Pour sa première réalisation Charlotte Gainsbourg choisit de filmer sa mère. Quel beau cadeau elle lui fait et elle se fait !

Evidemment, Charlotte a la possibilité de faire ce cadeau à sa mère encore en vie et de le conserver pour elle quand elle ne sera plus là. Mais au-delà des deux artistes universellement connues, on voit surtout une mère et sa fille, une fille et sa mère et c'est vraiment beau, touchant. Bouleversant dans la toute dernière partie lorsque Charlotte fait écouter ce qu'enfin elle ose lui dire : "Je t'aime depuis toujours, je n'imagine pas la vie sans toi, j'ai peur de ton âge, j'ai peur de ta maladie". Et oui, l'ordre des choses quand elles sont bien faites, est de voir mourir ses parents. Et on est pas prêts en règle générale.

Finalement elles ne se parlent pas tant que ça, mais elles s'écoutent et sans doute se sont-elles mieux comprises ensuite. Elles sont tellement différentes, et la timidité de Charlotte tellement paralysante. Le pire ce sont les choses qu'on a pas dites et il y en a entre Jane et Charlotte et elles sont toutes surprises de découvrir l'une comme l'autre qu'elles n'ont pas parlé pour la même raison : "je n'ai pas osé", alors que peut-être l'autre n'attendait que cela.

On pourrait se sentir voyeurs de voir ces fragments de leur vie privée mais tellement étalée, surexposée depuis des décennies et finalement puisqu'elles sont d'accord pour nous montrer tout ce qu'elles nous montrent on a plutôt la sensation de les accompagner. Et de les comprendre car on est tous parent ou enfant de quelqu'un voire les deux. C'est donc un film qui "parle" et donne à s'interroger. Quand on a plus ses parents on s'interroge sur sa propre vieillesse qui vient peu à peu. A ce titre, Charlotte filme sa mère à la démarche désormais hésitante, parfois sans fard, montre ses mains, son cou... ces endroits du corps qui accusent tellement plus l'âge que d'autres. Et là où Charlotte se montre réellement artiste c'est lorsqu'elle photographie Jane, modèle idéal qui commence enfin à 75 ans à se foutre de son apparence.

Près des deux femmes, une petite fille, Jo, la plus jeune fille de Charlotte et si c'est très étrange d'entendre Jane se faire appeler "mamie", on voit les liens maternels puissants que ces femmes créent autour d'elle. Jane a eu un enfant avec chaque homme important de sa vie, Charlotte a trois enfants avec Yvan Attal. Alors les fantômes de John Barry et surtout ceux de Serge Gainsbourg et Kate surgissent. Jacques Doillon est à peine évoqué. Et l'on visite l'appartement du 5 bis rue de Verneuil où Gainsbourg a vécu jusqu'à sa mort. Il appartient désormais à Charlotte qui n'a strictement touché à rien depuis 1991. Les cigarettes sont encore dans le cendrier. L'appartement va devenir un musée d'ici quelques semaines. Jane est d'accord et n'y était jamais revenue.

Ce qui touche davantage c'est de découvrir la maison normande de Jane. Incapable de jeter quoique ce soit, "ça doit être une maladie" dit-elle, elle annonce à Charlotte qu'elle aura du boulot pour faire le tri. Plus tard.

Le talent de cinéaste de Charlotte ne saute pas aux yeux. On sent qu'elle cherche parfois à faire des plans travaillés et dans ces moments là le film devient maniéré. On préfère de loin quand elle se pose en Normandie dans la maison bric à brac ou qu'elle tourne autour de sa mère pour une séance photos dans laquelle elle capte à la fois la vieillesse et la jeunesse de celle qui fut si belle.

La sincérité est évidente mais j'imagine qu'il faut beaucoup de tendresse pour ces deux femmes pour se rendre en salle. C'est mon cas et je ne regrette aucunement cette séance parfois dure, drôle quand Jane se laisse aller à des confidences (celle de la tante morte trop tôt est hilarante) mais surtout intime et tendre. Comme un câlin.

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Commentaires

  • J'ai hésité à le mettre dans ma liste, je ne sais pas si j'irai le voir. Mais ton texte m'a touché. Beaucoup :)

  • J'ai pas mal hésité aussi. Je ne m'attendais pas à être cueillie ainsi. Mais les angoisses de Charlotte à l'idée que sa maman meure sont tellement compréhensives et visibles. Les regards échangés sont souvent très émouvants. ça m'a évoqué ce texte que j'avais lu au moment où... Comment j'ai vidé la maison de mes parents. Une des épreuves infernales de la vie.

  • Ca fait un an aujourd'hui que mon papa est parti. Je redoute plus que tout le jour où ma mère le suivra. Comme tu le dis, vider la maison, quelle terrible épreuve. J'irai peut être habiter chez elle, pour perdurer le souvenir, mais j'espère juste que ce sera dans longtemps. Je pense que je vivrais avec beaucoup d'acuité les angoisses inéluctables de Charlotte si je voyais le film. Il n'y a pas d'âge pour avoir peur de perdre ses parents.

  • Mes parents sont morts à trois mois d'intervalle. Et la maman de Mouche était morte 6 mois (tous avant 70 ans) avant. Quelle époque ! J'ai déjà dû en parler. On était deux pour traverser ça. ça aide. Je suis encore allée voir la dernière maison de mes parents il y a quelques mois, alors qu'elle est à 400 kms de chez moi et que je n'y ai pas vécu. Je revois dans la foulée celle où je suis née. Ils ont abattu des arbres du jardin, c'est révoltant :-)
    Ma petite fille est dingue de ma maison actuelle. ça me fait mal (pour elle) quand je me dis qu'elle sera sûrement vendue pour payer les frais de succession mais parfois je me dis que je ne serai plus là pour le voir. Ils se débrouilleront. Quand on perd ses parents, on se sent de la génération de ceux qui doivent partir et c'est très étrange aussi.
    Mais le film de Charlotte fait fortement écho aux angoisses de la disparition. Et la façon dont elle filme Jane, la regarde et l'écoute, c'est très beau.

  • L'amour, la mort, les souvenirs, ça a l'air très touchant. Je le verrais bien mais sans doute pas au ciné.

    Jane, Charlotte, et rien sur Gaspard encore ?

  • C'est TRES touchant mais pas autant que la mort de Gaspard.

  • Coucou Pascale
    Quelle tendresse dans ce film
    Quel moment de douceur
    Charlotte est encore la petite fille de sa maman
    A 50 ans (elle fait tellement pas son âge )
    Quelle authenticité
    Un bonheur
    Très touchant lorsque kate Barry est évoquée notamment et bien sûr Serge est avec nous pendant tout le film
    Merci de m’avoir donné envie de voir ce film

  • Bonjour Marijo.
    Oui elles sont belles à voir.
    Et Charlotte, on a toujours du mal à la voir adulte, mère de famille.
    Contente que ça t'ait plu.

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