Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

DECISION TO LEAVE

de Park Chan-Wook ****

DECISION TO LEAVE Park Chan Wook, cinéma, Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-pyoDECISION TO LEAVE Park Chan Wook, cinéma, Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-pyo

Avec Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-Pyo

Un homme est retrouvé mort au pied d'une montagne. Hae-Joon qui se désolait que la période soit bien calme (entendre dépourvue de meurtre) est chargé d'enquêter.

Il rencontre Sore, la très jeune femme du défunt pas vraiment bouleversée par la mort de son mari. L'attirance peu à peu réciproque du flic et de la femme de la victime, rapidement suspect numéro un, va compliquer l'enquête.

L'enquêteur fasciné qui tombe amoureux de celle sur qui il est chargé d'enquêter, je ne vous fais pas un dessin, les références sautent aux yeux. Sauf qu'on est chez Park Chan-Wook et que forcément, en se débarrassant de sa violence habituelle (à l'exception près de la chute de la victime et de quelques baffes...) qui faisait la marque de Old boy par exemple, on se doute qu'il va nous surprendre. Et puisqu'il maîtrise toujours absolument la mise en scène, il va encore une fois nous mettre à genoux notamment avec deux scènes, l'une en haut d'une montagne, l'autre au bord de la mer pour clore son enquête. Toutes deux donnent le vertige pour des raisons bien différentes. On comprend que Cannes se soit laissé séduire en lui accordant le Prix de la mise en scène.

En mêlant polar et histoire d'amour, le diabolique réalisateur penche parfois du côté du renversant In the mood for love de Wong Kar-Wai en évacuant toute scène de sexe superflue.

Ici, deux détails sur l'affiche de gauche ci-dessus suffisent à me mettre en émoi. Allez, je vous aide :

decision to leave park chan wook,cinéma,tang wei, park hae-il, go kyung-pyodecision to leave park chan wook,cinéma,tang wei, park hae-il, go kyung-pyo

decision to leave park chan wook,cinéma,tang wei, park hae-il, go kyung-pyo

Decision to leave

decision to leave park chan wook,cinéma,tang wei, park hae-il, go kyung-pyo

In the mood for love

J'ai même un instant pensé à Lost in translation de Sofia Coppola dont le moment le plus érotique consistait en une main qui se pose sur une cheville. Je n'ai pas trouvé la photo, mais l'instant d'après, Bill pose sa main sur la cheville de Scarlett.

decision to leave park chan wook,cinéma,tang wei, park hae-il, go kyung-pyo

Alors oui, on se perd un peu dans l'histoire parfois tortueuse mais on est happé par l'ambiance et les personnages qui se perdent aussi. Autant il peut être désagréable de ne pas comprendre certains films et de rester sur notre faim, autant ici il n'en est rien. Le rythme, l'ambiance, l'interprétation nous emportent et on se laisse dépasser par les évènements comme Hae-Joon dont le rythme cardiaque (et le nôtre) s'accélère. Il lui arrive même de maudire ce coeur sensible qui bat trop fort, au détriment de son enquête et de son efficacité à la résoudre, de douter de ce qu'il voit et ressent. Et comme le réalisateur n'est pas à une entourloupe près, il nous invite à nous embrouiller davantage l'esprit en convoquant de nouvelles sueurs froides et une enquête qui vient se greffer ou succéder à la première.

Des détails, s'hydrater constamment les yeux avec un collyre, partager un baume à lèvres, demander à l'autre "est-ce que je suis si perfide ?" constituent de petits moments où les personnages désemparés font accélérer notre rythme cardiaque. Vont-ils enfin se tomber dans les bras l'un de l'autre ?

Decision To Leave- PARK Chan-Wook New Clip [Cannes] - YouTube

Park Chan-Wook n'oublie pas l'humour. L'escalade de la montagne par les flics est un moment plutôt comique. Et la femme de Hae-Joon, obsédée par la jeunesse et la performance délivre tous les "trucs" pour résister au vieillissement, retarder la ménopause. Le flic se plie avec application à toutes ses exigences et fantaisies. Et comme moi, vous êtes-vous laissés piéger par le personnage prénommé June et qu'on ne verra que de façon fugace ?

Decision to leave est ce genre de film qui reste en tête bien après qu'on l'ait vu. Des jours après, les images défilent encore. Et notamment cette longue scène finale dans un environnement sublime. La panique s'empare de nous. Le calme et la détermination de Sore contraste avec l'agitation de Hae-Joon. L'électrocardiogramme du spectateur s'emballe et...

Rien que pour cette scène dingue, j'ai déjà envie de revoir le film.

Commentaires

  • Bonjour Pascale, je reconnais que la dernière séquence est magnifique mais pour le reste, je suis restée assez dehors de l'histoire qui ne m'a pas émue ni vraiment intéressée. Désolé. Et pour info, j'ai vu deux personnes dans la salle partir largement avant la fin. J'avais préféré Mademoiselle. Bonne journée.

  • Bonjour dasola. Ah dommage.
    C'est complètement différent de Mademoiselle mais j'ai été happée.

  • Très belle chronique, Pascale. La manière dont tu décryptes les influences de Park Chan-wook est très judicieuse (c'est intelligent et ça n'en dit pas trop sur le film). Bravo ! Merci !

    Pour ma part, j'ai beaucoup aimé le film, même si j'aurais aimé tout comprendre. Il demande quand même à être très attentif. C'est une qualité, bien sûr, mais entre la nécessité de lire les sous-titres et la part de cerveau consacrée à l'admiration des images, je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi aux tenants et aboutissants. Reste que cette ambition cinématographique fait du bien, d'autant que les influences ne réduisent pas la forme à un simple film "à la manière de".

    Je continue de préférer "Mademoiselle", mais ce "Decision to leave" arrive pas loin derrière.

  • Merci Martin. Je lis surtout partout que l'influence serait hitchcockienne. J'en ai donc vu d'autres :-)
    Oui il faut être attentif mais j'ai aimé être emberlificotée.
    Mademoiselle est magnifique mais c'est un film d'époque et je n'arrive pas à comparer les deux. Le réalisateur fait de sacrés grands écarts.
    Et malgré tout mon préféré, malgré sa violence (chorégraphiée) complètement insensée, reste Old Boy. L'as-tu vu ?

  • Je pense que "Vertigo" s'impose comme une influence : Park Chan-wook en parle lui-même comme d'un film qui a forgé sa cinéphilie et, ici, il reprend le thème de la femme qui attire le flic qui est censé la surveiller. Chuuuuuut ! Je ne veux pas spoiler...

    C'est moins évident à l'image, en tout cas, pour moi, mais j'ai tout de même fait tilt sur la comparaison Hitchcock / Park Chan-wook devant la lumière verte qui, de manière fugace, illumine le visage de l'héroïne. Comme dans "Vertigo" !

    Et pour te répondre, oui, j'ai vu "Old boy"... attends que je regarde dans mes archives... il y a bientôt dix ans. Je crois que c'était mon premier film coréen, d'ailleurs, mais ça doit être en fait le deuxième après "My sassy girl". Bref. Je n'avais pas accroché, à l'époque, n'étant pas coutumier de ce genre d'intrigues ultra-complexes et de cette stylisation de la violence (ce pour quoi on me l'avait conseillé, en comparant Park Chan-wook à Quentin Tarantino). Je pense que je le reverrai un jour pour envisager une possible réévaluation. Mais, tant qu'à faire, j'ai surtout envie de voir les autres films de Park Chan-wook que je ne connais pas encore...

  • J'avais assisté à une master class passionnante de Park Chan Wook (j'en parle un tout peu ici http://www.surlarouteducinema.com/archive/2017/04/03/festival-international-du-film-policier-de-beaune-2017-le-bi-5928768.html).
    J'étais surprise de découvrir un garçon aussi charmant. Et effectivement Hitchcock est son maître à penser.
    Il faudrait que je revois Stocker que je n'avais guère apprécié.
    J'ai vu 2 fois Old boy. Un choc à chaque fois. Et cet acteur !!!
    Je n'ai pas remarqué la lumière verte.

  • Ah un très bon Park, d'un très grand cru.
    J'ai beaucoup aimé. J'ai mis tout de même un peu de temps à rentrer dans le film, mais après la demi-heure, ce fut passionnant. Et quel final.
    Un très grand film...
    Moi aussi, il faut que je revois Stoker, je ne m'en souviens plus...

  • Oui Park, c'est de la bonne came.
    Non mais cette scène finale, quel stress !!! Quelle émotion ! Je me suis bien demandée ce que Sore allait faire avec son seau...
    Je me souviens juste que je n'avais pas aimé Stoker mais je suis prête à lui donner une seconde chance.
    En attendant que j'écrive, j'ai vu Peter Von Kant et Ennio et deux fois j'ai pleuré. C'est bon signe.

  • C'est noté pour Peter Von Kant. En règle générale (mais comme toute règle, il y a des exceptions), j'apprécie le cinéma d'Ozon...

  • Superbe film, il m'a manqué un mobile solide pour l'intrigue policière, mais Park Chan-Wook n'est pas mon réalisateur coréen préféré pour rien, sa mise en scène est élégante, semée d'idées subtiles qui allie grâce et venin à merveille.

  • Je constate au fil du temps que tu es rarement complètement satisfait :-)
    Le cinéma coréen en règle général, c'est du haut de gamme.

  • J'avais froid (la clim mal réglée de la salle), j'étais crevé, ... et pourtant je ne demande qu'à ce que Tang Wei me remette du baume à lèvre.
    Toutes les autres belles choses du film, tu les as parfaitement écrites dans ton article.

  • La clim dans les cinés, toute une histoire. Je n'oublie jamais, même et surtout s'il fait 30° dehors de m'équiper d'une écharpe et je m'emballe dedans.
    Tang Wei a des attentions délicates mais une désespérante façon de trancher...

  • Le cinéma coréen est du haut de gamme, je confirme ! Pour moi il y a pas mieux depuis plus de 20 ans :)

  • Un de mes "cinémas" préféré.

  • La scène finale est en effet magnifique.
    Nous n’avons pas compris l’intérêt de l’autre enquête sinon d’embrouiller un peu plus le spectateur.
    Dans l’ensemble le réalisateur met à rude épreuve notre attention … mais ça en vaut la peine !

  • Oui il faut rester bien concentré mais ça vaut le voyage.
    Impossible de me sortir cette scène finale de la tête même des semaines après :-)

  • Tiens... je viens de voir - je ne crois pas l'avoir vu à sa sortie ou après - l'un des premiers films de Tang Wei. Violemment sensuelle, sublime. Lust, Caution d'Ang Lee. A voir, à revoir...

  • Ah oui, je l'avais vu et aimé. J'aimerais le revoir.
    http://www.surlarouteducinema.com/archive/2008/01/18/lust-caution-d-ang-lee.html
    Tony Leung est magnétique aussi.

Écrire un commentaire

Optionnel