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DÉDALES

de Bogdan George Apetri ****

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Avec Loana Bugarin, Emanuel Parvu, Cezar Antal

Une jeune novice dans un monastère au coeur d'une enquête policière.

On peut ne pas aimer se laisser piéger dans ce genre de labyrinthe. J'ai évidemment adoré me perdre dans ce dédale plutôt linéaire d'ailleurs (le titre original est étrangement Miracol et l'on ne trouve ici ni dédale ni miracle, ou peut-être un peu plus de miracle que de dédales...) puisqu'il est en partie constitué de plusieurs plans séquences à l'intérieur de voitures. Mais l'opacité des personnages, leurs liens entre eux, les évènements qui les relient, sont tellement révélés au compte gouttes, qu'après un temps d'adaptation, le film devient fascinant. D'autant plus que le réalisateur prend le soin de bien éclairer chaque zone d'ombre.

Le départ de Cristina du couvent avec l'accord de la supérieure est entouré de mystères. Elle a un rendez-vous en ville et le taxi qui la prend en charge devait l'y conduire seule mais il prend un autre passager. Il est médecin et va agonir la pauvre jeune fille de ses considérations anticléricales. Elle reste impassible et l'on va découvrir les raisons de son mystérieux rendez-vous. Elle est censée revenir au monastère avec le même taxi mais va en choisir un autre.

La scène suivante se déroule également en voiture. Un enquêteur de police fait la gueule et s'en prend constamment à son binôme. Encore une fois, la conversation est abondante mais l'humour n'est pas absent. Ils enquêtent sur un viol et un meurtre sordides survenus en pleine nature.

La connexion entre les différentes histoires et les différents personnages va se faire peu à peu et je vous garantis une cascade de coups de théâtre et de révélations particulièrement étourdissants. A ce titre, on peut dire que le scenario est soigné et la réalisation à la hauteur.

J'ai lu qu'il avait été reproché au réalisateur un certain long plan séquence qui rend le spectateur encore plus voyeur alors que le réalisateur ne montre rien. Le viol et le meurtre ont lieu en hors champs pendant que la caméra tourne et nous révèle une nature calme et délicieuse. Le bruissement des feuilles, le gazouillis des oiseaux, le passage d'un troupeau de moutons, la promenade de deux cavaliers qui n'entendent par les hurlements de la victime... j'ai trouvé cette séquence admirable. 

L'enquêteur s'acharne d'une façon troublante, violente, à la limite de la légalité, sur un présumé coupable. Le réalisateur conclut deux fois son film et nous laisse scotché au fauteuil.

L'interprétation d'Emanuel Parvu (par ailleurs réalisateur) de l'insaisissable enquêteur acharné est exceptionnelle.

Dédales est le 2ème volet d'une trilogie dont le premier film Unidentified tourné simultanément à celui-ci est sorti en DVD. J'espère pouvoir le trouver.

Le polar poisseux mais ensoleillé de l'été.

Commentaires

  • J'ai dû choisir récemment entre ce film et La nuit du 12, et j'ai choisi le polar français. Celui-ci semble passionnant...et puis l'on voit rarement des films roumains.
    je croise les doigts pour qu'il soit encore visible quand j'aurai enfin le temps de le voir!

  • La nuit du 12 est un excellent choix.
    Mais dans le style polar qui vient d'ailleurs, celui-ci vaut vraiment le coup.
    J'espère que tu pourras le voir.

  • A tous : Attention maxi spoilage et scandaleux divulgachage ci-dessous !
    Bonjour Pascale,
    Je trouve tellement dommage que tu n'aies pas compris la signification du titre original ("Miracolo", en roumain) que je me permets d'intervenir, suite à ton excellent commentaire sur ce très bon film.
    En fait, dans la société roumaine, pas de loi de 1905 ni de bouffeurs de curés - tout-ça tout-ça. Si on peut penser qu'il s'agit d'une n-ième critique de la foi-superstition et de la religion patriarcale et oppressive (l'ironie critique du parent de la novice, chauffeur de taxi à l'allée), c'est en réalité tout le contraire.
    Cette jeune femme, bien que pas réellement religieuse comme tu sais est montrée d'une immense bonté et sans une ombre de méchanceté, une sorte d'ange innocent et bienveillant. En tout cas c'est ce que semble vouloir transmettre le réalisateur lors de l'enquête de personnalité de la victime par le flic.
    Or - oh miracle - elle sauve, au moment de sa mort (scène finale du cadavre en attente d'autopsie), son tortionnaire d'une mort certaine (première fin proposée). D'où la double fin. Lors de la seconde séquence (et non la première ou il y a violence gratuite), avant que le flic ne se relève du bord de l'eau (comme la première fois) pour faire preuve ce coup-ci de mansuétude avec le plus- que-présumé-coupable, on distingue très nettement à sa gauche, sur le cours d'eau où il est penché, bien que - tout aussi très - fugacement, une silhouette féminine, noire et immobile, telle une "dame blanche" - mais noire. Cette fin alternative et moins radicale, après cette "apparition", est évidemment en lien, lors de la scène suivante et finale, avec le corps de la victime, qui, la malheureuse, était mal en point mais toujours bien vivante au moment du baiser à l'enquêteur. Voilà... femme de peu de foi ! ;-)
    Longue vie à ton blog et bonne continuation à toi.

  • Miracol, et pas Miracolo - au temps pour moi.

  • Merci pour cette explication.
    Malgré mon manque de religion, je trouve que le toubib du début abuse un peu de lui faire ce discours dans le taxi.
    Par contre je n'ai pas vu en quoi elle serait "d'une immense bonté et sans une ombre de méchanceté". Elle subit même si elle prend des décisions mais sans éclat. Mais l'ange innocent avait une relation avec un homme marié. Je ne juge pas et ne lui jette pas la pierre Pierre mais ce n'est pas l'idée qu'on se fait de l'ange innocent.
    On ne sait pas ce qu'elle chuchote à l'oreille du flic. Ça ne peut être que supposition.
    J'ai bien vu son ombre lorsque le flic est accroupi au bord de l'eau mais mon côté mécréant n'aurait jamais imaginé qu'elle donnait son absolution au meurtrier. Mais ça se tient parfaitement. Donc oui, il y a bien un Miracol dans le film. Merci de me remettre dans le droit chemin.
    Je pense que tu devrais intervenir plus souvent car il y a beaucoup de films que je ne comprends pas.
    En tout cas quelle idée débile le titre français !
    Merci pour le blog. Déjà 16 ans, m'étonnerait qu'il dure encore aussi longtemps, mais why not.
    Tu es l'Achille de Strasbourg ?

  • Me revient aussi la scène où l'inspecteur lui montre la photo du coupable et où elle choisit de... ne pas le dénoncer ! C'est pousser un peu loin la notion de "pardon des offenses", non ?

  • Oui c'est poussé loin. Mais Dieu lui a donné la foi.

  • PS. Information officielle du cinéma aujourd'hui : réouverture le 7 Septembre, enfin !!

  • Plus qu'un mois à tenir...
    Il y aura combien de salles ?
    Ce sera un art et essai ?

  • Zut... démasqué !
    Tu manques beaucoup à ma belle ville (sauf sous le cagnard).
    Désolé pour le "mansplaining", comme on dit maintenant, mais tu as raison, j'ai peut-être un peu trop forcé sur le côté "angélique" de la victime, formidable actrice par ailleurs, comme tout le casting.
    D'autant que le chuchotage se termine par un french kiss !
    Semper fidelis.

  • M'étonnerait que je manque à la belle ville mais c'est gentil de le prétendre.
    Pour le mansplaining, je pardonne car tu n'es qu'un homme.
    J'ai trouvé l'actrice un peu trop "fermée à double tour". L'acteur aussi mais purée... il agit, il fonce.

  • 8 salles, toutes Art et Essai + un grand café, lieu de rencontres. J'en attends beaucoup. Leur programmation était très bonne, pas de raisons que ça change vu que c'est la même équipe.

  • Ah oui, 8 salles, comme dans le mien. ça promet de bons moments.
    C'est dans quelle ville ?

  • Eh ben... Je ne serais pas aussi dithyrambique, intéressant , des idées un bon climax, mais trop de trous (pas d'ADN, Le suspect trouvé très vite, un flic peu crédible...) dommage car on a envie d'aimer, excellent climax, un beau personnage, un propos de fond riche...

  • On a envie d'aimer ? Ça tombe bien, j'ai BEAUCOUP aimé et adoré le personnage opaque du flic. Et ce que tu appelles trous sont pour moi des ellipses.

  • C'est à Rouen ; les salles marchaient très bien avant les travaux, mais le bâtiment était vraiment trop vétuste et plus aux normes. Au passage, il y a une salle de plus et surtout le café. Il manquait un endroit convivial. Autre avantage pour moi, il est au centre ville et pas à la périphérie comme les multiplexes.

  • Ça va être super.
    Vu l'état de mon art et essai, je me dis qu'il va subir un jour ce même sort. Je l'adore en l'état mais certains endroits sont mal en point, il n'y a pas d'accès handicapés... ils peuvent juste accéder aux 2 salles au rez-de-chaussée... L'endroit convivial est moche, on a pas envie d'y séjourner.

  • Re.
    Ce film me trotte dans la tête, surtout après les deux daubes intergalactiques que j'ai vues aujourd'hui (Brad Pitt, puis le requin).
    A propos de daubes, comme j'adore quand tu n'aimes pas : Ah les °, °°, °°° et autres °°°°... j'en suis nostalgique !
    Rien que pour ça... vive les déambulations solitaires en forêt de Brocéliande d'une improbable Marie-Madeleine exotique... j'en redemande.
    Mais revenons à nos Dédales pour un nouveau mansplaining (je me calmerai avec l'andropause).
    Avant tout, respect à tous les mécréants du monde, surtout s'ils l'assument, le revendiquent. Au moins ils ne font de tord à personne, eux.
    Mais là il s'agit de distinguer spiritualité et religion .
    Le témoignage des nones montre, pour le moins, une brave fille (tu vois je me modère).
    Or, sa relation adultérine et féconde, la raison très "mon corps mon choix" pour laquelle elle se réfugie dans un couvent, puis le quitte pour consulter, et enfin le baiser de fin d'entretien à l'enquêteur, semblent vouloir nous dire qu'un comportement charnel - donc "impur" au sens religieux (ici orthodoxe, mais peu importe) - n'empêche pas d'être une "âme pure", au sens spirituel.
    On peut avoir une conscience spirituelle éveillée et active sans être attaché à aucun dogme.
    A l'inverse de certains tartuffes et faux dévots qui n'ont pas plus de vie spirituelle que nos amis à quatre pattes, bien qu'ostensiblement rigoureux dans l'application de tous les rites et coutumes, et parfois même prosélytes.
    Je sais que tout ça te passe très loin au-dessus, et je t'envie un peu pour ça, mais comme je pense que c'est en filigrane et en substance le message du film (s'il y en a un), ça m'a fait du bien de l'écrire ici.
    Et pour finir, steuplaît : Fais-nous profiter davantage de tes déceptions cinématographiques (depuis un moment ça ne doit pas manquer), car tu sais très bien que tes fidèles sont friands de les lire.
    Bien à toi.

  • Je n'ai pas aimé L'année du requin (c'est CHIANT) mais me suis régalée à Bullet Train (mais trop long).

    Aaaaah Marie Madeleine... ses atouts restent la durée du film et la canicule... 1 h 18 à l'abri actuellement ça se prend. Mais je ne regarderai plus jamais les mûres de la même façon. Et oui, certaines choses qui nous dépassent m'échappent. Mais pas aux Cahiers : "Rarement a émergé au cinéma avec une telle évidence la spiritualité (chrétienne ou autre) comme expression d’une absence insondable, que Wolliaston réussit à rendre émotionnellement et physiquement palpable." Mouais.

    Surtout ne rate pas le train de l'andropause pour te calmer un peu.

    On est d'accord, Cristina est une brave fille. Mais pas besoin de porter le voile pour commettre des actions généreuses. Et je ne jette pas la pierre à une fille majeure consentante (quoique très jeune) qui couche avec un adulte plus âgé et consentant et marié.
    Mais je ne pense que ce soit là ton propos. Néanmoins, prie pour moi à l'occasion.

    J'essaierai d'écrire sur les navets mais j'ai tendance à ne plus vouloir perdre trop de temps à parler de la mochitude du monde. Mais en fait ça devait m'amuser aussi. A voir.

  • Bonjour Pascale, je ne savais pas que le film est le deuxième d'une trilogie et que l'acteur principal est aussi réalisateur. Merci pour ces infos. C'est vraiment un film à voir. Bonne fin d'après-midi.

  • Bonjour, En effet un film TRES intéressant, intrigant, passionnant.

  • SPOIL SPOIL SPOIL spoil ALERTE
    Alors moi je ne savais pas que c'était un meurtre, d'ailleurs elle ne meurt pas tout de suite. Ce qui est troublant dans ce film c'est que rien n'est dit frontalement (sa grossesse, le fait qu'elle ne fait finalement pas d'ivg, qui est le père du petit qu'on découvre avec une main sur son ventre). La scène du viol est abominable et admirable à la fois car on ne voit rien. J'ai préféré la première partie, mais c'est dans la 2ème qu'on a les clefs. Et ça fait du bien de voir un peu de cinéma venu de l'est.

  • On se doute qu'elle passe un sale quart d'heure même si on ne voit rien. Les critiques ont trouvé cette scène plus obscène que si on voyait tout... Jamais contents.
    Je me suis laissée porter par ce film ambitieux.

  • C'est un vrai film de metteur en scène, assez brillant, même s'il se regarde parfois un peu trop tourner. J'ai globalement aimé, même si je trouve qu'il y a des longueurs.

    Sans vouloir trop en dire, je pense qu'il y a derrière le comportement de certains personnages le fait que si le père de l'enfant avait accompagné sa maîtresse au rendez-vous médical, le drame ne se serait pas produit. Cela n'exonère en rien l'auteur du viol, mais cela finit par beaucoup "travailler" l'ex-futur papa.

  • Le père est très justement torturé jusqu'à une (double) scène finale hallucinante.
    L'interprétation du flic m'a tellement impressionnée...
    Je ne le trouve pas prétentieux du tout ce film.

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