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CORSAGE

de Marie Kreutzer *

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Avec Vicky Krieps, Florian Teichtmeister, Katharina Lorenz

Elizabeth d'Autriche fête son 40ème anniversaire ou plutôt assiste à la fête donnée en son honneur en cette fin d'année 1877. Il lui reste 20 années à vivre. 

Depuis plus de vingt ans qu'elle est Impératrice d'Autriche elle semble ne jamais s'être adaptée au protocole et à l'étiquette de la Cour. Elle s'ennuie, n'a qu'un rôle d'apparat et de représentation mais a la contrainte de toujours rester belle et jeune. Elle s'astreint donc depuis très longtemps à un régime alimentaire des plus stricts (potage transparent, fruits coupés en tranches squelettiques), des exercices physiques quotidiens (équitation, barre de traction dans ses appartements), elle prend des bains glacés (Vicky Krieps a l'habitude) fume clope sur clope, coupe ses cinq kilos de cheveux et se soumet à la mesure quotidienne de son tour de taille. Sa seule joie semble venir de Valérie, sa dernière fille, qui elle, est parfaitement soumise à l'étiquette et paraît avoir un peu honte de sa mère qui tente de lui inculquer avec beaucoup de mal un peu de sa folie et de son insubordination.

Visconti avait déjà déboulonné l'image de poupée sucrée vivant dans un univers de guimauve de Sissi et ça avait une autre allure. Je ne suis pas contre le fait de déconstruire une biographie et même de lui donner un côté moderne et d'envoyer bouler les codes du biopic et de la réalité historique. Sofia Coppola avait autrement mieux réussi la révolution en mettant des Converse aux pieds de Marie-Antoinette voire Tarantino en tuant Hitler.

Est-ce qu'une Impératrice qui dit "merde", "gros connard", fait un doigt d'honneur en direction de son époux désemparé (François-Joseph), écoute As tears go by des Rolling Stones à la harpe, nous la rend plus proche, plus familière, plus moderne ? Pas sûre. Pas sûre non plus que lui faire gravir un escalier au ralenti sur le magnifique She was de Camille (notre Björk à nous) donne au film un attrait supplémentaire.

On s'ennuie ferme. Comme Elizabeth finalement. Alors si faire ressentir l'abattement et la mélancolie de Sissi était le but de la réalisatrice, la mission est réussie. Sissi étouffe prête à perdre connaissance à force de serrer plus fort ses corsets, elle rend visite à Ludwig qui repousse ses avances, se fait remplacer par une doublure qui manque vomir parce que décidément un corset serré, ça serre ! So what ?

J'aurais aimé aimer ce film, être bouleversée par cette femme qui prend enfin son destin en mains. Visconti faisait dire ceci à son Elizabeth : "Les rois ne laissent guère de traces dans l'histoire. Nous sommes en vitrine. L'histoire nous oubliera. A moins qu'un fou ne parvienne à nous rendre importants en nous assassinant"... Marie Kreutzer choisit une fin peut-être pas invraisemblable mais absurde et une longue scène pendant le générique, belle mais incompréhensible et sans intérêt, et l'électrocardiogramme reste plat. 

Vicky Krieps n'y est pour rien. Quoique, elle est en partie je crois à l'origine du projet. Mais comme toujours elle manie trois langues à la perfection et s'abandonne totalement à son personnage. Hélas, ce n'est pas suffisant. Le film manque de souffle, de vie, d'âme. Bref, il manque de tout. Et surtout de passion. C'est beaucoup trop.

Commentaires

  • J'étais à deux doigts d'aller me glisser dans ce "Corsage" mais ton article ne me rassure pas (pas plus qu'un article des Inrocks qui l'encense). N'est pas Sissi qui veut, restons-en à Visconti pour le moment.

  • Rien ne t'empêche vu comment il est encensé ce film, pas que par les Inrocks.

  • Malgré le choix de l'uchronie, ce film reste historiquement le plus fidèle à la réalité des faits et rien que pour cela ce film mérite le détour. L'austérité même du film nous plonge dans un réalisme saisissant, et sur le fond le propos féministe est d'une acuité intéressante. Un très bon film pour ma part

  • Historiquement fidèle ? J'en doute un peu. Mais ce n'est pas important. Un film n'est pas forcément un livre d'histoire.
    Quant au propos qui te semble féministe, je ne vois pas ce que ce personnage égocentrique, narcissique et tyrannique a de féministe !

  • Bonsoir Pascale, la bande-annonce ne m'a pas donné envie de voir le film donc je passe sans regret. Bonne fin d'après-midi.

  • Bonjour dasola, pour moi un ennui abyssal. Bonne journée.

  • Tes fameux radars ! :-)

  • Flûte, ça me tentait une Sissi débarrassée des sucreries que l'on nous inflige encore autour de Noël (en fait on ne m'inflige rien parce que je ne regarde jamais). Mais je ne prendrai pas le risque d'un tel ennui.

  • Ah ça des sucreries il n'y en a pas, ça fait grossir.
    Tu ne t'ennuierais peut-être pas.

  • Ah, je ne savais pas qu'une féministe ne pouvait pas être égocentrique ou narcissique ?! Néanmoins, le fond l'est en montrant une femme qui tente de se défaire du carcan patriarcal, qui veut s'émanciper, qui veut aussi être autre chose qu'une vitrine...

  • Une féministe peut être égocentrique et narcissique mais je ne vois pas du tout en quoi cette Sissi est féministe. Elle cherche à se sortir de sa condition qui ne lui convient pas, ça se comprend mais ça a n'en fait pas une féministe.
    Émancipation et féminisme : de grands mots qu'on met à toutes les sauces.

  • Je le répète, ce n'est pas Sissi qui est féministe... Mais comme tu le dis, finalement "ça se comprend" ;)

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