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LES PIRES

de Lise Akoka, Romane Gueret ****

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avec Mallory Wanecque, Timéo Mahaut, Johan Heldenbergh, Loïc Pech, Mélina Vanderplancke,

Un réalisateur belge-flamand et son assistante organisent un casting auprès d'enfants et d'adolescents dans un quartier défavorisé de Boulogne-Sur-Mer, la cité Picasso.

Le thème du film qui va se tourner est très dur, enfants livrés à eux-mêmes, ado enceinte... et le choix se tourne vers des enfants qui ont également une vie difficile

Ce film m'a emportée dans un torrent d'émotions constant. Alors, peut-être me suis-je laissée un peu trop influencée voire manipulée par les réalisatrices qui ont tendance à transformer ces jeunes graines de délinquants en petits anges. Ils n'aiment pas l'école, traînent, parlent un langage où se bousculent quelques mots de vocabulaire, se moquent, se battent, s'agressent verbalement ou physiquement. Bref, on a l'impression de se dire en les observant qu'ils sont perdus d'avance et qu'on ne naît pas tous égaux face à l'adversité. Mais ils ont des parents absents, malades, incompétents ou inconscients, eux-mêmes manifestement confrontés à une réalité miséreuse.

Les pires ce sont donc ces jeunes qu'on imagine sans avenir et qui brusquement se trouvent propulsés à devenir acteurs. Il n'y a pas plus grand écart entre ces deux univers que la Cité Picasso et le monde du cinéma. Et les réalisatrices n'éludent pas les critiques qui sont faites à l'équipe du film dans le film. Ce film va, en insistant sur les stéréotypes sociaux, encore davantage donner une image négative de la cité, la stigmatiser alors qu'elle cherche à s'en sortir par des actions associatives, culturelles, sportives. Tout comme elles ne contournent pas le problème que sera la vie après le tournage qui est source de déprime pour tout le monde ou la possible manipulation voire le caractère prédateur du réalisateur.

A tous ces titres, je trouve le film courageux, objectif, réaliste et donc pas manipulateur comme je l'évoquais au début de cette chronique. Le film a obtenu le Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022 et le Valois de diamant (récompensant le meilleur film) au Festival du film francophone d'Angoulême.

Parmi le choix du casting se trouvent notamment Lily une Lolita de 16 ans à la réputation déplorable parce qu'en 4ème elle a fait des choses avec des garçons dans les toilettes, l'image de "pute" lui colle à la peau, Jessy un crâneur grande gueule, déjà condamné, décontenancé par les sentiments, Ryan un gamin frondeur au visage souvent tout griffé à cause des bagarres et en proie à de violentes colères. Et ces bons à rien, considérés comme "les pires" vont finalement se révéler très bons dans quelque chose en se révélant particulièrement talentueux devant la caméra. Ce n'est rien de dire qu'ils crèvent l'écran et qu'ils auront chacun leur tour des scènes où ils vont briller. Mention spéciale au petit Ryan de l'affiche (Timéo Mahaut) absolument bouleversant à plusieurs reprises. Je vous mets au défi de retenir vos larmes lorsqu'il dit "ça tremble à l'intérieur de mon corps" ou encore à la toute fin lorsqu'il s'exclame "tu as vu, j'ai réussi !" (et je ne vous dis pas ce qu'il réussit enfin, c'est un crève-coeur).

Mais le film évoque aussi la tolérance, la notion de consentement, les jugements hâtifs (pourquoi une fille en mini jupe et décolleté serait une salope ?), le poids sur les épaules d'un petit qui doit choisir ou pas de retourner chez sa mère, qui dit oui pour ne pas lui faire de peine et pense non parce qu'il est beaucoup mieux ailleurs, etc... C'est très dur, très fort, superbement bien amené.

Et comme pour une fois je suis d'accord avec quelques mots de Sandra Onana de Libé, les voici : "Les Pires est un film qui se moque de lui-même, se cherche des crosses, et l’entreprise d’autocritique est si vive qu’on se demande tout du long comment il compte sauver sa peau. Le pire (ou le mieux ?), c’est qu’il y parvient, avec les honneurs et en collant la larme à l’œil, il faut le voir pour le croire".

L'avis du Parisien n'est pas mal non plus : "Époustouflant, ce film, où chaque action et chaque dialogue sont très écrits, conte le parcours de quatre jeunes issus d’environnements sociaux et familiaux complexes au cours d’un tournage qui va les voir passer par tous les états, du traitement indigne à la grâce."

Et allez, l'Obs m'a pas mal convaincue aussi : "Ces non-professionnels imposent leur parler chti, leur vérité stupéfiante, leur talent électrique, notamment Mallory Wanecque, déchirante lolita des classes popu, et Timéo Mahaut, spontanéité cosmique."

Un film aussi, fort, sincère, énergique, vivant, émouvant... qu'attendez-vous ?

Commentaires

  • En attente du début de ce film bien au chaud au cameo.. Je lirais ta chronique après...
    Ai vu que tu voulais voir mes rencontres avec Leo.. Je lai vu à St Max....!

  • Oui, ils ont enfin rallumé le chauffage.
    Ah zut, là je n'y vais pas à cause du sale type qui tient le ciné (affaire personnelle).

  • Oui tu m'avais dit que tu ne fréquentais plus St. Max et je suis d'accord avec toi concernant le patron même si j'y vais encore lorsque cela m'arrange...
    Pires nous fait rencontrer de bonnes personnes qui en dépit de la famille, d'histoires personnelles se trouvent dans des situations particulières et difficiles.
    Je me demande toujours comment les gamins et les ados arrivent à vivre avec de tels passés. Mais heureusement ils ont souvent des forces cachées.
    Même si le personnage est invisible le film met dans la lumière un personnage qui exerce le même métier que moi AVS ( Aesh termes exacts Accompagnant d'Enfant en Situation de Handicap) dont la grand sœur espère qu'il va pouvoir aider Rayan dans sa vie sxolaore.
    Des confrontations parfois difficiles : la mère avec ses deux enfants qui veut récupérer son fils, une jeune fille avec la mort et le regard des autres... Mais des destinées qu'on a envie de connaître

  • En plus ce type n'aime pas le cinéma... Bref.
    Et bien, métier bien difficile que tu exerces et qui doit te mettre en contact avec des parcours peu ordinaires et difficiles.
    Les enfants du film me font une de ces peines et pas sûre que le cinéma les sorte de leur situation et de leur avenir un peu bouché. Je me souviens du jeune Dylan Robert qui avait fait sensation dans Shéhérazade et obtenu un César. Aujourd'hui, il est en prison.

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