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THE FABELMANS

de Steven Spielberg *****

A.P. sortie le 22 février... patience !

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Avec Gabriel LaBelle, Paul Dano, Michelle Williams, Seth Rogen

A six ans en 1952 Sam Fabelman va au cinéma avec ses parents pour la première fois. Il pleure beaucoup car il redoute l'écran géant et toutes les choses géantes qu'il va y voir.

Pour tenter de le rassurer, son père lui donne quelques explications scientifiques sur le fonctionnement de ces images animées qui ne sont qu'une illusion d'optique (je résume grossièrement) tandis que sa mère, des étoiles plein les yeux lui vante le bonheur d'assister à un spectacle magique. Finalement, yeux écarquillés et bouche (très grande) bée Sam découvre le merveilleux film de Cecil B. DeMille The greatest show on earth (traduit chez nous par Sous le plus grand chapiteau du monde) Golden globe et Oscar du meilleur film à l'époque.

Je revois régulièrement ce film monumental et s'il en reste quelques-uns parmi vous qui ne le connaissent pas, je vous le recommande vivement. Commencer sa cinéphilie par un tel spectacle est une chance inouïe. Les parents de Stev... Sam ont vraiment fait un excellent choix. Le spectacle, le technicolor et le casting (Charlton Heston, Betty Hutton, Cornel Wilde, James Steward, Gloria Grahame, Dorothy Lamour entre autres) sont prodigieux. Fin de la parenthèse (même pas ouverte).

La vision de cette féerie rend Sam presque mutique mais la scène de l'accident de train, très spectaculaire suscite chez l'enfant quelques nuits blanches et cauchemars. Sa mère lui offre donc une petite caméra et lui propose de reconstituer l'accident grâce au train miniature qu'il a reçu en cadeau à hanouka. Il pourra ainsi filmer, revoir l'accident traumatisant autant qu'il le souhaite et ainsi mesurer la distance entre réalité et fiction. Ou accorder la juste valeur aux images. Ce moment de la reconstitution est une scène enthousiasmante comme toutes celles au cours desquelles Samy filme ses 2 puis 3 soeurs, puis ses copains selon des scenarii qu'il imagine ou évoquant par exemple "la guerre de son père" dans un court-métrage qui conjugue déjà maîtrise, action et grande émotion. Car dès lors Sam sera toujours armé de cet instrument étrange qu'est la caméra qui filme ce que le réalisateur voit, et plus encore sans que parfois il s'en doute. C'est par "l'oeil" de la caméra qu'un secret de famille lui sera révélé, fondateur et bouleversant pour le jeune homme, et lui fera d'ailleurs un temps abandonner l'objet trop indiscret.

Sam vit dans une famille unie. Ses parents bien que mal assortis s'aiment et aiment leurs enfants. Les soeurs sont un peu en retrait (dans le film) mais de toute façon, le centre du monde ici c'est Sam et sa passion dévorante, envahissante, incontournable. Le père de Sam (Paul Dano, formidable), comme celui de Steven, est un précurseur dans le domaine informatique. Sa mère (Michelle Williams) est pianiste mais avec quatre enfants a dû renoncer à ses rêves de concertiste. Elle soutient Sam dans tout ce qu'il entreprend et s'émerveille à chaque fois qu'elle découvre les films de son garçon. Fantasque, joyeuse et imprévisible elle cache un secret. Si elle trouve qu'elle a le mari le plus gentil du monde, ce dernier qui rêve que son unique fils fasse des études, vénère littéralement sa femme et s'extasie dès qu'elle pose ses mains sur le clavier du piano ou danse à demi nue à la lumière des phares de voiture.  L'ami de toujours, omniprésent (Seth Rogen, vraiment très bien) observe et participe à la vie de la famille dans toutes les occasions. La relation très fusionnelle entre Sam et sa mère sera quelque peu mise à mal au moment du drame...

Le film tourne autour de l'enfance et de l'adolescence de Sam, avatar évident de Spielberg, et de sa vocation, et il est dédié à Leah et Arnold ses parents disparus il y a peu. Loin de toute entreprise spectaculaire Spielberg a choisi la réserve et la simplicité tout en appliquant un sens du récit inattaquable, parfaitement maîtrisé. On est aimanté à ce récit d'un apprentissage peu commun qui semble transformer l'obsession en passion. Lettre d'amour à ses parents, à sa famille mais aussi au cinéma et parfois même au sien. Un seul plan d'ados à vélos suffit à nous replonger directement dans l'aventure d'E.T. mais ici personne ne s'envole et les difficultés scolaires, l'intégration impossible dans un lycée californien ("j'ai l'impression d'être au pays des humains séquoias géants" dira Sam) peuplé de bellâtres antisémites ne sont pas esquivées.

On est souvent ému, car les difficultés familiales sont bouleversantes pour Samy et l'on comprend pourquoi dans de nombreux films de Spielberg la recherche d'une enfance heureuse se heurte à l'indifférence tenace des adultes souvent présentés comme des êtres mystérieux, incohérents. Mais on rit franchement aussi, notamment lorsque Spielberg évoque son éducation sentimentale. La rencontre avec Monica, en terminale comme Sam et amoureuse de Jésus, quasiment en lévitation à l'idée d'avoir rencontré un juif (comme Jésus donc) fait partie des meilleurs moments du film (qui d'ailleurs ne compte que des meilleurs moments pour faire simple). Chloe East qui interprète cette folle de Jésus hilarante est avec Gabriel LaBelle qui interprète Samy, la révélation du film. Toute l'interprétation est unanimement parfaite. Mais le jeune Gabriel LaBelle est particulièrement impressionnant par son charisme et son naturel pour ce rôle écrasant.

Dans un film relativement intimiste finalement, refusant tout spectaculaire tout en proposant des images fabuleuses, une lumière, une musique... le grand Spielberg nous murmure à l'oreille que le cinéma est fascinant et nous offre en guise de cerise sur le gâteau une dernière scène gourmandise tellement emballante qu'elle a vocation à être culte. Un cinéaste (en retrait depuis quelque temps, je ne l'ai pas reconnu et je vous souhaite de n'avoir rien lu à ce sujet pour avoir la surprise) personnifie tout en mimétisme et tendre raillerie le plus grand réalisateur de l'époque pour nous rappeler que le cinéma c'est avant tout de la magie.

Inexplicable donc.

Merci !

The Fabelmans: Tony
Kushner, Seth
Rogen, Steven
Spielberg, Kristie
Macosko Krieger, Julia
Butters, Keeley
Karsten, Sophia
Kopera

Commentaires

  • Oui je ressortirai la note le moment venu.

  • Comme tu le sais, j'ai adoré le film également. Et comme tu le dis, Gabriel LaBelle est formidable !

  • J'espère que tout le monde sera aussi ébloui que nous. (et je n'ai même pas parlé des yeux :-)))

  • Alors là celui-ci je le note en tête de liste !
    Pour le plaisir du cinéma

  • C'est un merveilleux film.

  • ça y est, je t'ai lu. Et j'ai déjà envie de revoir ce film. Rien que le fait de me dire que le public ricain ne lui a pas fait un triomphe me donne mal au bide pour lui. Mais ça rendrait presque le film encore plus beau. S'ils n'y sont pas allés, c'est qu'ils ne le méritent pas. J'ai dû verser ma larme au moins deux fois.

  • J'y retourne aujourd'hui. C'est incroyable ce film.

  • Arrête, tu me donnes déjà envie d'y retourner aussi.

  • Quand l'horizon est en haut, c'et bien.
    Quand l'horizon est en bas, c'est bien.
    Quand l'horizon est au milieu, c'est mortellement chiant !

  • Tu parles le John Ford à la perfection.

  • Oui je sais. Faut dire qu'il a une façon de résumer le cinéma qui fait que ça inspire :-)

  • "Moi je ne bouge jamais. Je fais bouger les acteurs" JF
    Offert par la maison. ;-)

  • Euh JF ?

  • John Ford. Tu es fatiguée toi non ?

  • Merci pour le kdo.
    Oui. Mon ok google confirme : vous avez dormi moins longtemps que d'habitude et votre sommeil était agité.

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