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TÀR

de Todd Field *

Tár

Avec Cate Blanchet, Noémie Merlant, Nina Hoss, Mark Strong

Gloire et déchéance de Lydia Tàr cheffe d'un orchestre symphonique allemand.

Je ne m'étendrai pas longuement sur ce film que je n'ai pas du tout aimé, j'ai même failli sortir de la salle tant je m'ennuyais. Mes soupirs accablés surgissaient du fond de mon âme et ont dû perturber mes voisins. Je n'avais pas trouvé la bande-annonce particulièrement attirante. Je dirais même qu'elle me faisait peur. Mais au vu des critiques unanimement enthousiastes qui vont même jusqu'à évoquer le chef-d'oeuvre, je me refusai de passer à côté d'une oeuvre majeure. La chute fut sévère (comme celle de Lydia Tàr) mais au moins j'ai pu entendre quelques mesures de la Symphonie N° 5 de Mahler et replonger dans une cinéphilie d'un autre âge. Je n'avais pas beaucoup aimé l'unique film de Todd Field (réalisateur trop rare pour certains) que j'ai vu jusque là (quoiqu'il me semble avoir vu aussi In the bedroom mais ce blog était trop jeune pour en parler, en fait il n'existait pas pour être précise). Le garçon Todd aime manifestement tourner avec des Cate/Kate aux noms qui finissent en "et" (prononcer ette) et vous pourrez noter qu'il y a une belle cohérence entre les affiches de ses films (même si la seconde Cate est plus habillée, mais rassurez-vous il la déshabille, mais de loin).

Le film se scinde en deux parties distinctes. La césure s'effectue en plein milieu lors d'une scène très symbolique. Pour évoquer le début du commencement de la fin de la gloire de Tàr, le réalisateur... allez, je vous le dis mais je vous préviens ça spoile : fait chuter LOURDEMENT son héroïne. Rétrospectivement et alors que je lis partout que le film est chef-d'oeuvrement génial, je souris un peu devant cette métaphore patapoufesque. Mais bon, qui suis-je pour ?

La première partie donc. Lydia Tàr est au sommet de son art et de sa gloire. Elle brille au cours de master class suivies avec passion mais aussi face aux musiciens de l'orchestre qu'elle mène, allez j'ose, à la baguette tout en décochant quelques oeillades appuyées lorsqu'une musicienne lui plaît. Lydia vit avec le premier violon (Nina Hoss), elles ont une fille et Lydia déclare "je suis son père". Bon. Lydia découvre une violoncelliste qui n'est même pas végétarienne et mange comme un porc mais joue comme un elfe. On sent bien que c'est là que tout va partir en cacahuète. Et là, je vous garantis qu'il ne faut pas être intolérant aux arachides. Lydia, sûre d'elle et de son talent malgré quelques tics nerveux et acouphènes, est un tyran, exerce un pouvoir toxique sur tous ceux qui l'entourent et notamment son assistante qui attend son tour (une sorte de porte chewing-gum comme celle de Mariah (avec un h) Carey (oui, je l'ai déjà vue déposer un chewing-gum dans la main d'une fille qui la suit comme un chien)). Bon sang, depuis que j'ai lu Philippe Jaenada (j'adore) je suis devenue la reine de la parenthèse ! L'assistante c'est Noémie Merlant (je ne suis pas fan fan de son sourire gingival sauf dans L'innocent) et en plus ici elle pleure, sniffe et morve à la Adèle Exar.......os ! Alors bon, déjà que Margot Robbie vomit comme Regan McNeil, s'il faut avoir le nez qui coule dans la bouche pour avoir l'air d'une actrice, moi je rends mon tablier de cinéphile (oui la cinéphile porte un tablier).

La seconde partie est une sorte d'affaire de moeurs dans laquelle sombre Lydia. Son comportement vis-à-vis de ses proches et collaborateurs ou élèves fera l'objet d'un odieux montage (vive les réseaux) vidéo où mises bout à bout toutes ses remarques souvent acerbes mais sorties de leur contexte sont plus abominables les unes que les autres. On est d'accord, ça ne se fait pas et au départ Lydia, tellement imbue de sa position, pense qu'elle n'aura même pas à se défendre de ces ignominies. Ce qui change c'est que pour une fois c'est une femme, lesbienne qui plus est, qui est aux prises avec des accusations de harcèlement mais le réalisateur n'en fait à peu près rien. Il multiplie les scènes aux discussions intellos élitistes où l'on ne sait pas vraiment qui sont les personnages qui donnent la réplique, fait du name dropping à gogo (Karajan, Abbado, Barenboim, Bernstein...), se gargarise de toute cette culture et organise la fuite de son personnage sans autre explication, notamment en Asie avec un fort sous-entendu de tourisme sexuel (mais j'ai peut-être rêvé).

Je ne m'étends pas sur l'intérêt du personnage de la voisine qui meurt dans sa merde (la merde et le vomi sont devenus du dernier chic ; je suis une fée, mais je vais m'entraîner) maltraitée par sa fille folle, ni sur l'intérêt du retour aux sources de Lydia dans sa famille : appartement misérable pour nous montrer le chemin parcouru. C'est LOURD !

Le réalisateur a la chance d'avoir des adorateurs qui assurent que sa réalisation est imparable et sophistiquée visuellement irréprochable. Je l'ai trouvée froide et mécanique, prétentieuse et tapageuse malgré (ou plutôt à cause de) la profusion de gris et de beige et d'ombres savamment mises en scène. Il semble adorer les longs couloirs vides, les tunnels sordides, les parkings plus rutilants que la voiture de Lydia (Oh my god, Cate Blanchet conduit une voiture, un peu vite, ok, mais quel exploit !) et s'arrête, plante sa caméra pour s'extasier lui-même devant tant de beautitude et de talent. Ceux qui connaissent reconnaîtront sans doute Berlin.

Et surtout, il est à genou devant son actrice principale (associée à la production) pour laquelle il a écrit le film :  "Si elle avait refusé, le film n’aurait jamais vu le jour. Les spectateurs de cinéma, cinéphiles et autres, ne s’en étonneront pas. Après tout, elle est maîtresse absolue dans son domaine. Sa virtuosité et la vraisemblance de son interprétation, qui dépassent toutes communes mesures, nous ont stupéfiés tout au long du tournage. Elle nous tire tous vers le haut. Il est difficile de rendre justice à l’impact qu’une collaboration avec une artiste de sa carrure peut avoir sur un film. Celui-ci est, de tous points de vue, son film."
Ok, au-delà de la froideur de l'actrice, mais c'est normal c'est son personnage, dans la vraie vie Cate n'est que douceur et tendresse et elle porte Si de Giorgio Armani, moi j'affirme qu'à ce niveau de cabotinage insupportable, l'Oscar lui est acquis.

Je trouve que le spectateur doit être très patient, très indulgent pour endurer cela. Alors pourquoi une étoile ? Pour Mahler. Les quelques trop rares scènes musicales sont merveilleuses. Pas celle où Lydia se veut compositrice bien sûr. En peinture on parlerait sans doute de croute ! Ici, elle paniote à trois doigts une composition qui vient laborieusement devant laquelle sa violoncelliste s'extasie. Mais la symphonie de Mahler est un monument et elle est aussi à l'origine du seul sourire que le film provoque. Un comble compte tenu de l'aspect sombre et dramatique de l'oeuvre mais ça fait du bien quand même. Lydia qui a l'oreille absolue, interrompt constamment et doctement les répétitions et lors du célébrissime et merveilleux adagio qui n'atteint pas ce qu'elle attend, à cours d'argument elle dit :

"Oubliez Visconti". Drôle non ?

Ah non, j'allais oublier un autre moment qui active un peu les zygos. Le beau Mark Strong, que j'ai eu bien du mal à reconnaître, a un rôle insignifiant (ah ben non, pardon, j'oubliais la dernière scène, il a un rôle primordial) qui a dans la vie le crâne aussi lisse qu'un cul de bébé porte ici quelques poils sur le caillou. Non mais allo les coiffeurs !!! Un accessoiriste a dû retrouver ces trois poils sous un tapis et s'écrier : "c'est bon, je l'ai !', c'est pas possible ? Je crois qu'ils sont bien payés les acteurs, mais pourquoi ils acceptent ça ? La dépense shampoing n'a pourtant pas dû éclater le budget. (Il faut aller sur le blog pour découvrir la chose)

Finalement, je me suis un peu étendue.

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Actrice inspirée :

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Et après avoir lu la belle chronique d'un Prince des écrans à propos d'un film devant lequel je me prosterne, j'affirme à nouveau que l'ingrédient indispensable d'un film, c'est l'émotion. Celui-ci en est absolument dépourvu vous l'avez compris. Et avec lui je partage ce que disait Dominique Sanda : 

«Quand j’ai vu le film pour la première fois, j’ai compris que rien n’est plus concret, je dirais plus physique, plus charnel que l’émotion et je ne me suis pas trompée car voyez-vous, plus de trente ans plus tard, il me suffit d’évoquer quelques images du long métrage pour ressentir un état d’exaltation tel que celui qui m’avait envahie à sa vision

Commentaires

  • Merci de nous éclairer sur ce chef d'oeuvre. Je pense que je vais me contenter d'un CD de Malher. Je comprends que certaines cheffes d'orchestre n'aient pas été ravies ravies de ce film. Pour une fois qu'on les montre quelque part, c'est plutôt gratiné.

  • Oui écouter Mahler donne plus de frissons.
    Et pour voir un film sur une chef d'orchestre formidable, je te recommande Divertimento. Pas mal de clichés mais un beau personnage et une belle réussite.

  • Très déçue de ta phrase "je ne m'étendrai pas longuement", j'ai été rassurée, 5 mn plus tard (Tar ?) de n'avoir pas terminé la lecture de ton exquise chronique.
    Bon, on est d'accord : même pas un film d'avion...
    Bonne fin de semaine !

  • Contente de t'avoir ravie :-)
    Non, surtout pas en avion. A moins que tu aies envie de te jeter par le hublot.

  • J'adore quand tu fais court. ;-)
    En tout cas, me voilà bien refroidi. Ceci dit, vu comment j'ai soupiré devant "Babylon", peut-être que celui-ci me conviendrait mieux.
    L'essentiel, c'est qu'on se retrouve chez Mrs Muir. ;-)

  • J'imagine que Strum et toi pourraient trouver leur bonheur dans ce pensum prétentieux à la réalisation clinquante et visible à chaque scène. Quant au cabotinage de Cate, franchement, elle me mettait mal à l'aise : regardez-moi, regardez comme je peux être laide et vilaine. Pathétique.

  • La bande annonce ne m'avait pas donné envie.... Ta toute petite étoile a fini de me convaincre.

  • Et si tu lis le texte, tu vas courir en sens inverse. Et l'étoile n'est pas pour le film mais pour la musique. J'ai vraiment failli mettre °

  • Bonjour Pascale, je n'ai pas encore vu Tar (j'hésite beaucoup surtout après t'avoir lu et il dure 2h30). En revanche, je suis d'accord, Divertimento est un film épatant où on entend beaucoup de musique, ah le Boléro!. Un bonheur de film que je reverrais bien. On n'était pas assez nombreux dans la salle. Bonne journée.

  • Bonjour Dasola, J'ai l'impression que Divertimento n'attire que les "vieux". Quel dommage !
    Bon courage pour Tar éventuellement :-)

  • Ah super. Même l'interprétation de Miss Cate n'est pas géniale. Tout ce cabotinage ça finit par être voyant.

  • Au vu des critiques unanimement enthousiastes (sauf la tienne) qui vont même jusqu'à évoquer le chef-d'oeuvre (sauf pour toi), j'avais bien envie de voir ce film... Si en plus Cate vomit comme Margot ou Regan, j'en suis presque convaincu !

  • (et je ne me souviens plus trop bien, (moi aussi je peux utiliser des parenthèses), je crois que Little Children m'avait dans l'ensemble plutôt plu, mais ça reste un très lointain souvenir)

  • Et bien bon courage. :-)

    Ne rate pas les Asada à cause de Cate.
    Et les Asada vomissent aussi si ça peut t'inciter...

    Vive les parenthèses.

  • Vu à la dernière semaine de programmation dans notre petite ville. Entièrement d’accord avec vous : film trop long et prétentieux, cabotinage de Cate. Fait exceptionnel, nous n’avions pas lu votre critique lors de sa sortie pour cause de voyage. Nous la savourons maintenant que nous avons vu ce pensum qui se prend au sérieux.
    PS : pas fans non plus de Noémie Merlant. Surestimée elle aussi.

  • Quelle plaisir de vous lire. Je me sens souvent bien seule sur la planète des vénérateurs de Cate (et Noémie). Plus je pense à ce film plus je le déteste :-)

  • Vergessen Visconti, signifie oubliez Visconti, donc tout le contraire de ce que vous dites.

  • Ok. Je corrige. C'est quand même drôle car Visconti n'est pas musicien.

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