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CHIEN DE LA CASSE

de Jean-Baptiste Durand ***(*)

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Avant-première - France

Sortie le 19 avril 2023

avec Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Galatea Bellugi, Dominique Reymond, Bernard Blancan

Dog et Mirales sont amis depuis de longues années. Plutôt désoeuvrés, ils passent beaucoup de temps ensemble avec un groupe de copains, à ne rien faire autour de la fontaine d'un village de l'Hérault, Le Pouget (2 000 âmes, j'ai compté cherché).

L'un (Dog, Anthony Bajon comme toujours parfait) est aussi taiseux et introverti que l'autre (Mirales, Raphaël Quenard, surprenant) est expansif. Ce dernier passe d'ailleurs beaucoup de temps à taquiner Dog en public, quitte à l'humilier sans que jamais l'autre ne réagisse. Lorsque Dog prend en stop Elsa une étudiante qui s'installe au village pour un mois et entame une relation avec elle, Mirales en prend ombrage, souffre et multiplie les coups d'éclat. L'amitié va-t-elle résister à l'arrivée de cette jeune fille futée, libre et insolente (Galatea Bellugi, solide) ?

Ce film ne cesse de surprendre tout du long. Avec ses joggings moches, parfois même roses, Mirales a l'air du parfait crétin et pourtant à la moindre occasion et fort à propos, il cite Montaigne, parvient à soutenir une conversation avec Elsa qui fait de brillantes études littéraires et a toujours un livre à la main dès qu'il n'est pas avec ses copains ou ne deale pas. On a du mal à cerner ce personnage, fou de son chien, charmant et admiratif face à une vieille voisine pianiste, charitable avec l'idiot du village (incarné avec beaucoup de douceur par Bernard Blancan) et proche de sa mère dépressive avec qui il vit et à qui il prépare de bons petits plats qu'elle n'apprécie même pas. Deux écoles s'opposent ici : faut-il mettre ou pas de la crème dans les carbonara ? 

Mirales ne cesse d'asticoter Dog qui attend d'entrer à l'armée et a bien du mal à exprimer le moindre sentiment ou aligner deux phrases correctes voire cohérentes. A part pour son charmant minois on a du mal à comprendre pourquoi Elsa l'intello s'y intéresse. Et pourtant malgré leurs travers et leur apparente superficialité, on est contents de faire la connaissance de ces trois zigotos et aussi de partager leur quotidien apparemment insouciant qui va peu à peu se transformer en douleurs.

D'abord on rit beaucoup. Dans le rôle de Mirales, Raphaël Quenard se livre à un véritable one man show absolument irrésistible. Pour ceux qui ont vu Coupez ! de Michel Hazavanicius, il était le grand escogriffe (perchiste je crois) obsédé par l'eau dure. La moindre de ses interventions se transforme en punch line délirante et pourtant le garçon est capable d'une  douloureuse mélancolie tout aussi surprenante. Et on finit par être profondément touché par le vide existentiel de ces jeunes qui ne savent même pas quoi espérer ou à quoi croire. Et on s'y attache, surtout aux deux garçons surtout lorsque l'arrivée d'une tierce personne finit par les séparer. La scène de l'anniversaire de Dog au restaurant est d'une cruauté dérangeante et assez bouleversante. Là encore Dog élude et s'échappe sans réagir malgré la violence des propos de Mirales, incompréhensiblement et inutilement méchant.

Finalement celui qui souffre le plus n'est peut-être pas celui qui semble effacé, humble, voire ignorant. Alors que l'autre, flamboyant, envahissant et parfois méprisant souffre d'un véritable vide existentiel et n'a toujours pas trouvé la femme idéale, celle avec qui on veut partager la même tombe...

Par un artifice scénaristique subtilement amené et pas incohérent, le réalisateur parviendra-t-il à faire triompher l'amitié ? La course folle à travers les rues pavées et les vielles pierres du village pour échapper à des poursuivants très mal intentionnés est de toute beauté.

Et il faut encore insister sur le bonheur et la joie de voir enfin exploser dans un premier rôle Raphaël Quenard, charismatique, ténébreux, inquiétant, imprévisible, séduisant, IRRESISTIBLE, capable de tirades déjantées comme de la plus profonde mélancolie.

Espérons que le titre du film plutôt abscons, même avec les explications du réalisateur présent (il s'agirait d'une expression locale), ne freine pas les spectateurs de se rendre en salle le 19 avril.

Chien de la casse: Raphaël
Quenard

Commentaires

  • Belle rencontre que celle de ces 3 personnages. Un peu paumes. Et c'est vrai Raphaël Quenard à un rôle à son juste talent

  • Raphael Quenard, il faut qu'il soit vite au 1er rang.
    Tu as donc rencontré le réalisateur ! Timide d'abord et ensuite très intéressant.

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