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KILLERS OF THE FLOWER MOON

de Martin Scorsese ****

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Avec Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone, Robert de Niro, Jesse Plemmons, John Lithgow, Brendan Fraser

EDIT DU 26 OCTOBRE. J'ai revu ce film (oui déjà) qui me hantait. Malgré mes réserves (l'interprétation de Leo, le manque d'émotion même si elle survient épisodiquement), je précise que je considère ce film comme immense, voire monumental pour la profondeur et la force de l'histoire qu'il raconte, pour la façon dont il est raconté et la puissance de sa réalisation. En voulant être objectivement factuel, Martin Scorsese a peut-être sous-estimé le besoin d'émotion dont la spectatrice (moi) a besoin. Il n'en reste pas moins un film dont chaque image, chaque scène mériterait qu'on s'y arrête.
Et la renversante musique de Robbie Robertston (mort le 9 août 2023 à 83 ans) qui habille et habite le film de son coeur battant.

A la fin du XIXème siècle le peuple Osage a été chassé de ses terres de l'Ohio, du Kansas et du Missouri pour s'installer en Oklahoma. Des gisements de pétrole sont découverts et les Osages qui possèdent les terres en sont donc propriétaires. Ils deviennent immensément riches, le peuple le plus riche du monde même, au point d'avoir des "blancs" à leur service. Leur fortune gérée par des blancs attire la convoitise et des américains épousent des femmes Osages dans l'espoir d'hériter au plus vite.

L'histoire commence après la première guerre mondiale. Ernest Burkhart revient chez son oncle William King Hale, éleveur et grand propriétaire. King n'a de cesse de vanter les mérites des Osages dont il parle la langue et se prétend leur ami. Ses intentions sont beaucoup moins louables évidemment, nous le découvrirons rapidement. Il offre un travail de chauffeur à Ernest et l'encourage à s'intéresser à Mollie une Osage très riche et célibataire. Contre toute attente, Ernest et Mollie tombent sincèrement amoureux, se marient, ont des enfants. Et Mollie souffrant de diabète se voit proposer par les médecins de King, un traitement révolutionnaire auquel seules cinq personnes ont accès aux Etats-Unis. Elle exige que ce soit Ernest qui lui administre le traitement par piqûres. Son état décline peu à peu...

J'ai vu un beau film, un grand film mais pas le film exceptionnel que j'attendais. Un film de Martin Scorsese avec Leonardo DiCraprio et Robert de Niro quand même, au sujet très fort. L'histoire vraie des Osages relatée dans La note américaine de David Grann, une sorte de western du XXème siècle où subsistent les indiens, le racisme, la cupidité et où apparaît le pétrole, la voiture. Visuellement c'est somptueux et bluffant ce mélange de monde nouveau et de monde ancien. Le film est historiquement passionnant puisqu'il s'articule autour d'évènements dramatiques autant universels que plus resserrés sur une famille en particulier, celle de Mollie qui va perdre ses trois soeurs et sa mère. Car la convoitise consistant à essayer de s'attribuer les dividendes des affaires juteuses du pétrole ne va rapidement plus suffire et il faut passer la vitesse supérieure et en venir aux meurtres pour que les époux puissent hériter. Manipulé par son oncle, Ernest faible et pas bien malin va se plier à ses exigences quitte à se prendre une fessée sans broncher s'il exécute mal les ordres.

Les morts suspectes se multiplient et ne donnent lieu à aucune enquête. Jusqu'à ce que Mollie fasse appel à un détective qui subira un triste sort et alerte le gouvernement en se rendant, bien que très malade à Washington. Sous l'égide de J. Edgar Hoover un agent du Bureau d'investigations, Tom White (Jesse Plemmons, très bien) pas encore nommé FBI se rend sur place et enquête. Je précise au passage que les personnages ont réellement existé.

On sent, pendant les 3 h 26 du récit (qui se regarde sans ennui) à quel point Scorsese est sensible et ému par son sujet au point d'apparaître dans un épilogue très surprenant qui démontre que le film aurait pu durer deux heures supplémentaires. Et pourtant il prend son temps pour raconter sans esbroufe mais avec panache ce drame terrible, son Il était une fois en Amérique, son Once upon a time... Maître absolu dans l'art de filmer, faire voir et faire entendre, Marty orne son film d'une ligne musicale continue, comme un tam-tam indien ininterrompu, survole l'immensité du ranch de King (on dirait un tableau de Hopper), s'offre une course de voitures, puis un plan séquence à l'intérieur de la maison et racle jusqu'à l'os la cupidité humaine. Et régulièrement, il revient à la belle et triste histoire d'amour. Entre la bêtise, la crétinerie abyssale d'Ernest et la naïveté, la confiance aveugle de Mollie, on ne cesse de trembler en attendant le dénouement qu'on anticipe et on se trompe. A plusieurs reprises elle va tenter de faire réagir son idiot de mari... A ce titre, Mollie, interprétée par la merveilleuse Lily Gladstone au magnifique et doux visage de princesse autochtone est le plus beau personnage féminin vu au cinéma ou au moins chez Scorsese depuis longtemps. Elle porte et incarne avec douceur et dignité toutes les souffrances et les injustices perpétrées contre un peuple. Et une classe évidente. Qui peut porter une couverture sur les épaules et avoir cette allure ?

Face au couple sacrifié se tient droit, mielleux et hypocrite comme jamais, un grand, très grand, immense Robert de Niro qui a abandonné toute sa panoplie de cabotin. Pas de doute, c'est bien dans les films et les rôles dramatiques qu'il est le meilleur et pas dans ces comédies bécasses qu'il semble affectionner depuis quelques années.

Et puis, il y a Leo ! Leo qui tient ici (je crois) son premier rôle de crétin intégral. Et là je dis, non Leo, être un crétin ne signifie pas faire la tête de Marlon Brando dans le Parrain I en forçant un rictus atroce, lèvres vers le bas. Déjà que pour paraître plus vieux, quand tu faisais si jeune même la trentaine largement dépassée, tu as creusé ta ride du lion qui maintenant doit atteindre trois centimètres de profondeur... il ne fallait pas en ajouter dans l'acting grimaçant. Compte tenu du contrôle absolu que tu dois avoir, j'imagine, sur ton rôle, ton personnage, la façon de le jouer, ton image... Je pense que la seule à avoir réussi sur terre à s'opposer à toi est Kate Winslet en t'empêchant de monter sur une porte où il y avait de la place pour deux. D'ailleurs, à ce titre, et puisque depuis toujours tu ne parviens pas à te fixer et à trouver la femme de ta vie, j'ai la réponse à ce drame existentiel. La femme de ta vie Leo, c'est Kate Winslet (pas ta mère). Fin de la parenthèse pipole.

Puisque donc tu dois TOUT contrôler, je suppose que tu valides ce faciès récurrent :

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Pas nous Leo,

pas moi.

C'est quoi cette cascade du visage sans effets spéciaux ? Sans parler que parfois tu avances dangereusement la mâchoire vers l'avant au risque de te la déboîter. Pourquoi tu fais ça ? Cela dessert le personnage et le film, n'ayons pas peur des mots. D'accord, tu ne veux plus jouer le beau gosse de service mais il y a des limites. Avec ton visage (et le reste) très empâtés, tes dents crasseuses, tes cheveux gras, ta raie au milieu, cela suffisait à nous faire comprendre que tu ne concours plus pour le titre de Mister Univers (sauf lorsque tu fais ton marché chez Victoria Secret). Et pourtant contre toute attente et ce qui m'empêche de 5 étoiles à ce film fleuve est qu'il y manque un élément essentiel malgré tous les drames qui s'y jouent : L'EMOTION, et bien malgré ce manque très gênant, le seul qui parvient pourtant à faire surgir cet état d'esprit indispensable dans un film de cette force, c'est toi. Quand tu te rends compte, quand tu avances (bêtement mais au moins tu avances) vers une forme de rédemption, que tu arrêtes de faire ton Brando Corleone, tu émeus Leo.

Commentaires

  • 100% d'accord avec toi, un grand film auquel il manque juste un chouïa d'émotion en plus.

  • Voilà, c'est dommage. J'aurais aimé pleurer avec les Osages.

  • J'adore ta tirade sur Léo ! Dommage pour le manque d'émotion. 3 h 30 ce n'est pas pour moi, je le verrai autrement parce que l'histoire des Indiens Osage par contre, elle m'intéresse beaucoup.

  • Je comprends pour la durée même s'il n'y a aucun moment où l'on baisse la garde et l'attention.

  • Bonjour Pascale, je suis assez d'accord en ce qui concerne le couple Di Caprio / Winslet... Bonne après-midi.

  • Bonjour dasola. C'est important de le dire.

  • Moi aussi entièrement d'accord un grand film manque juste un peu d'émotion. Et dès le départ je me suis demandé c'était quoi cette moue et ces lèvres pour. DI Caprio.
    Malgré tout les 3h30 passent vite et sans ennui, moi qui ai du mal parfois à aller voir un film qui dépasse les 2h.
    Merci de m'avoir fait rire avec les lignes sur Leonardo.

  • Oui il a abusé sur les grimaces Leo.
    Mais le film est GRAND dans tous les sens du terme.
    Ravie de t'avoir fait rire.

  • Ah le couplet sur Leo, j'adore. Plus que Brando, il se prend surtout pour De Niro en faisant ces moues sur quelques plans du film. En tout cas, moi je trouve qu'il joue très bien l'abruti.
    Quant à Lily, je n'en dis pas plus, tu l'as fait mieux que moi.
    Mais là où je m'insurge en lisant ton article, c'est sur le manque d'émotion ??? Non mais tu l'as vu où, quand, comment, dans quelle condition ce film ? L'émotion est là dès les premiers plans, à chaque prière face au soleil couchant, jamais démonstrative, sans sombrer dans le mélo à grand renforts de violons. Juste un vieux blues continu que feu Robbie a composé avant sa mort. Moi, à la fin, ça m'a fait comme quand le jeune Fabelman rencontre John Ford/Lynch. Quand Marty s'approche du micro, je n'ai pas pu retenir ma petite larme. La conclusion est juste brillante, magnifique. Et, en général, un film qui ne rate pas sa fin est un très bon film.
    Moi, je suis prêt à me refaire les trois heures et demi dès que possible.

  • Quelques plans ??? Oui, si on estime de 95 plans de grimaces dans un film représentent quelques, ok. Lorsqu'il marche dans le couloir du tribunal, j'ai cru voir Brando version Corleone.
    Et je sais de quoi je parle car j'ai (oui, déjà) revu le film qui me hantait. Je t'ai devancé !

    Je l'ai vu et revu dans de très bonnes conditions je pense. Séances d'après-midi avec chaque fois beaucoup de gens très très attentifs. Quel silence dans la salle. J'étais impressionnée. Et impressionnée aussi par le mélange de générations.

    Les scènes avec les indiens sont fortes et magnifiques c'est vrai. Celle aussi où Lilly est emmenée par ses ancêtres. Je parlais de manque d'émotion compte tenu des évènements terribles qui surviennent. Marty ne nous donne pas la possibilité de nous "attacher" aux personnages qui meurent. Les soeurs, les garçons... on les connaît à peine. Alors oui, j'étais révoltée et écoeurée mais pas émue.
    A la deuxième vision, j'étais encore plus troublée par Molly. Est-elle inconsciente de ce qui se passe ou aveuglée par son amour ?

    Et comme le dit Dasola chez elle, qui a lu le livre, Marty est comme l'auteur : factuel. Il ne cherche pas à émouvoir. Il raconte et à ce titre le livre est parfaitement illustré.

    Le vieux blues continu est absolument admirable. A la deuxième vision j'ai pu encore davantage m'y attarder. Il y a ce moment où la musique semble s'interrompre, mais non, c'est juste une pause, un silence ! Et elle reprend. C'est DINGUE.

    La conclusion, tellement originale est exceptionnelle. Voir Marty tellement ému m'a émue aussi je dois le dire. J'aurais aimé qu'il continue à nous faire la lecture.
    Et à un jeunot qui demandait à Johnny Halliday (tu vas voir il y a un rapport) un conseil pour sa carrière, il a simplement dit : rate pas ton entrée et rate pas ta sortie. On peut dire que Scorsese maîtrise les deux et qu'entre les deux, il nous tient.

  • Rien à dire à cette réplique qui me semble refléter parfaitement mon sentiment sur ce film.
    Sur l'attitude très digne de Lily/Mollie, baignée de tristesse et de fatalisme, je pense qu'on trouve là la force essentielle du film, qui tranche effectivement Ernest à son rôle de bouffon influençable qui essaie de "tout bien faire", mais aussi à celui du patriarche Hale qui inocule son venin capitaliste pour parvenir à ses fins. Lily, c'est le nom d'une fleur aussi.

  • Je crois que nous sommes d'accord, nous avons vu un film immense.
    Et cette reconstitution entre western et modernité, les grands espaces, le troupeau du domaine, la vapeur qui s'échappe du train. Et Robert (sa démarche hésitante m'a fait de la peine) et Leo malgré tout.
    Et Molly-Lily ♡

  • Pour ma part j'ai. aimé découvrir la réalité de ce peuple Osage. (J'avais noté le livre de David Grann) que je connaissais pas.
    J'ai trouvé pleine d'émotion ce personnage de Mollie, c'est elle qui donne de l'épaisseur au film et incarne le mieux le drame qui se joue, c'est elle qui rend ce film beau.
    J'ai aussi aimé le personnage de De Niro.
    J'ai aimé ce film, un chouia trop long mais je ne me suis pas ennuyée.

  • C'est vrai on ne s'ennuie pas un instant.
    Et Mollie est au centre de l'histoire en effet. J'ai pourtant lu qu'une américaine native s'indignait du traitement accordé aux indiens dans cette horrible histoire.

  • Je suis complètement d'accord avec toi ! Léo m'a déçue, il était caricatural. Et quelle absence d'émotion.
    Pour le reste, je n'ai pas tellement senti les 3h26.
    Et j'ai découvert Lili gladstone

  • Oui Leo en fait vraiment trop.
    J'ai lu qu'il avait imposé beaucoup de choses sur le film sur son personnage et l'interprétation. Que Robert et Marty ne cessaient de lui dire de calmer le jeu...
    On ne voit vraiment pas le temps passer c'est incroyable.
    Mais en principe, nous aurions dû être en larmes. Ce n'est pas le cas.

  • Ah bah il aurait du écouter ses ainés. Je n'ai que rarement eu à redire sur le jeu de Léo qui est un des plus grands acteurs de sa génération, mais là je le trouve un peu en surégime, comme beaucoup de spectateurs.

  • Les avis sont partagés sur cette prestation un peu... excessive.
    J'espère qu'il va se calmer en bouffant ses congénères dans les Naufragés du Wager. Mais là encore, il risque de faire la grimace.
    C'est aussi un de mes acteurs favoris.

  • C'est un très grand film, les acteurs sont excellents, mais nous sommes d'accord, Leo n'avait pas besoin de se la jouer Marlon !

  • Le film aurait été plus que parfait sans les abus de grimaces de Leo qui m'ont bien gênée lors de la première vision.

  • Coucou,
    je sors tout juste de ma séance de cinéma. Alors je ne m'attendais pas vraiment à cette histoire qui a un rythme lent mais qui avance implacablement dans cette vilaine emprise et cette cupidité.
    Pour ma part j'ai beaucoup aimé la prestation de Léonardo Di Caprio, oui énormément. Je n'ai pas trouvé qu'il en faisait trop pour camper ce genre de personnage terriblement à la merci de plus malin (malin dans tous les sens du terme). J'ai d'ailleurs moins aimé la prestation de De Niro qui pourtant campe comme toujours (ou presque) une très méchant personnage.
    Et Lily Gladstone m'a vraiment émue.
    Voili voilo pour mes émotions à chaud
    Bises

  • Merci de passer ici juste en rentrant du cinéma.
    La lenteur sert le propos. On ne voit pas le temps passer.
    Nos avis divergent sur Leo et Robert mais d'accord pour Lily.

  • Leo en restera à un Oscar.
    En revanche, si on pouvait en donner un à Lily, ce serait largement mérité !

    Grand film, qui vieillit très bien dans mon esprit, même s'il est moins flamboyant que d'autres Scorsese sortis avant lui. Finalement, je me dis que c'est une qualité.

  • Va savoir. J'ai remarqué que les américains aimaient le cabotinage grimaçant. Mais il y a Cillian Hoppie.
    Et oui pour Lily.

    Oui, c'est tellement fort, il reste bien en tête.

  • Un film emballant, sur la forme comme sur le fond, malgré ses longueurs, malgré DiCaprio, malgré certains penchants de Scorsese. C'est du cinéma haut de gamme, celui qui fait qu'on se rend dans une salle pour être transporté, dans tous les sens du terme.

  • C'est tout à fait cela. Avec le recul je me dis que mes réticences sont dues au fait que c'est Scorsese qui ne doit pas décevoir. Interdiction.

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