PRIS AU PIÈGE - CAUGHT STEALING
de Darren Aronofky ***(*)
ETATS-UNIS
avec Austin Butler, Zoé Kravitz, Regina King, Liev Schrieber, Vincent d'Onofrio, Griffin Dunne
Hank était un joueur de baseball prometteur.
Un accident de la route sonne la fin de sa carrière mais aussi le laisse blessé, inconsolable, coupable et traumatisé car son ami est mort dans l'accident. Depuis il travaille dans un bar de New York où il consomme autant d'alcool que ses clients, fréquente Yvonne une jeune femme stimulante qui aimerait que leur relation se concrétise au-delà de leurs rendez-vous polissons et chaque jour il appelle sa mère qui vit en Californie et est fan des Giants de San Francisco. La routine est assez banale jusqu'à ce que son voisin Russ lui confie son chat (un rageux qui mord) pendant qu'il ira rendre visite à son père mourant en Angleterre. Mais Russ n'a pas de bonnes fréquentations. Il cache un secret et qui sait, peut-être un magot revendiqué par des mafieux russes qui tabassent Hank, lui font perdre un rein et promettent de revenir. A peine sorti de l'hôpital, Hank porte plainte pour les coups qu'il a reçus. L'inspectrice lui révèle que son ami Russ est un trafiquant de drogues recherché également par deux frères hassidiques qui fouillent l'appartement de Hank. Tout cet imbroglio et un évènement très moche en forme de twist inattendu nous conduisent à la moitié du film qui prend alors une tournure différente. Jusque là plutôt tranquille (malgré quelques scènes violentes dont une qui m'a forcée à fermer les yeux (avec des agrafes sur une plaie...)) l'histoire amorce un virage et une accélération bienvenue car Hank doit échapper à tous ses poursuivants mais aussi retrouver une clé, une cachette, tout cela sans savoir à qui il peut encore faire confiance...
Je redoutais un peu ce nouveau Darren Aronofsky, car après The whale, film aussi léger qu'un parpaing dans la gueule qui dépeignait le calvaire de l'agonie misérabiliste et indécente d'un obèse mourant... je craignais le pire. Mais la bande-annonce était plutôt alléchante et jamais je n'aurais imaginé que ce réalisateur aurait pu commettre un film survitaminé et drôle. Une comédie en somme, malgré la noirceur de certaines péripéties. Et même si son personnage principal ne cesse de dégringoler et de se relever malgré un rein en moins, une cicatrice qui pisse le sang, une profonde et sincère tristesse, un amour certain pour sa maman, il lui offre néanmoins une porte de sortie. Et puis il a fait le bon choix en la personne d'Austin Butler qui a commencé pianissimo et confirme de film en film (il a sauvé Elvis de Baz Luhrman avec sa prestation hallucinante et The bikeriders de Jeff Nichols par sa seule présence) qu'il est l'acteur qui n'a peur de rien et avec qui il faut désormais compter. Ce film-ci avec la course délirante qui lui est imposée (je n'ai pas vu un acteur courir autant depuis Robert Redford dans L'arnaque) lui doit beaucoup. Dans cette farce folle, il parvient également à être émouvant. Il est toutefois parfaitement entouré par toute une bande de seconds rôles bien déjantés dont certains hilarants tels Liev Schrieber et Vincent d'Onofrio en hassidiques pas très regardants sur le shabbat, une Regina King comme on ne l'a jamais vue et un chat cyclothymique et expressif (pour une fois). Les gentils se débattent avec un quotidien par reluisant dans un New York des années 90 pas touristique voire franchement poisseux, les méchants sont d'une cruauté sans nom.
Darren Aronofsky filme son grand barnum ludique les doigts dans la prise et nous soustrait à l'ennui. Même si le démarrage est un peu lent, il est suffisamment intrigant pour nous scotcher à l'écran et aux basques de Hank/Austin (mais qu'il est beau !!!).
Et comme Darren avait vraiment une envie folle de s'amuser et nous en mettre plein la vue jusqu'au bout, il nous offre une dernière petite surprise en nous dévoilant la maman de Hank que nous n'entendons qu'au téléphone dans le film. Une actrice chérie adorée...
Morale de l'histoire : n'oubliez pas d'attacher votre ceinture !
P.S. : j'adore l'affiche.
Fin de transmission.

Commentaires
Beaucoup aimé dans le genre, mais un peu déçu pour un Aronofsky beaucoup plus "classique" que son cinéma habituel
Ah je n'ai pas trouvé ce film classique et je suis plutôt ravie que le réalisateur nous surprenne.
Un scénario inhabituel pour le réalisateur, on dirait.
C'est mieux que "Last stop : Yuma County", à tes yeux ?
Très inhabituel en effet.
Je pense que c'est du même niveau. Il prend son temps puis nous entraîne dans une course folle (alors qu'à Yuma on bouge peu). J'ai été totalement embarquée.
Embarqué je le fus également. Et pourtant, comme toi, je n'étais pas forcément séduit par le nom d'Aronofsky sur l'affiche (un peu plus par Butler, Smith, Zoe et surtout les Idles). Le chat est génial (je ne le dis pas assez dans mon article à paraître), les frangins Drucker sont énormes (sans parler de leur maman), et les deux pitbulls russkofs aussi d'ailleurs. Ça part un peu dans tous les sens, on pige pas toutes les subtilités (genre Lebowski), mais c'est un très bon kiff.
Nettement au-dessus de "Yuma", faut être honnête. Le budget aussi fait dire.
Butler embarque, oui.
Les animaux dans les films, ce n'est pas ce qui m'attire le plus. Mais celui-ci sort (pour une fois) un peu du lot. Je suis donc sûre que tu en parles suffisamment.
Ils ne sont pas si gros les Drucker !!!
Contente que tu aies apprécié. C'est ce que j'ai vu de mieux ces dernières semaines et de loin. Trois déceptions à suivre... Ras le bol je dois dire.
Je vais m'orientier vers des re-sorties (Palombella rossa par exemple).
Yuma avec son manque de moyens sort du lot. Je l'ai revu et ça fonctionne très bien.
Patience, le prochain arrivage devrait compenser cette morne fin de saison.
J'ai commencé par Connemara qui m'a beaucoup plu -et que tu devrais détester.
Sans ta chronique y serais sans doute pas allé.. Mais très bon moment déjanté avec le chat et toute la clique!!
Ah je suis contente de t'avoir donné envie de le voir. Le bon souvenir de ce film reste bien présent.
J'ai eu l'impression de voir un film de Guy Ritchie. C'est pas complètement réussi mais comme tu le dis; on voit que le réal a envie de s'amuser. C'était un divertissement très acceptable !
C'est bien mieux qu'un film de Ritchie (qui m'amuse bien parfois), mieux réalisé.
Et Austin qui court...