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ON VOUS CROIT

de Charlotte Devillers, Arnaud Dufeys ***(*)

ON VOUS CROIT, Charlotte Devillers, Arnaud Dufeys, cinéma, Myriem Akheddiou, Laurent Capelluto, Natali Broods, Ulysse Goffin, Adèle Pinckaers

BELGIQUE

Avec Myriem Akheddiou, Laurent Capelluto, Natali Broods, Ulysse Goffin, Adèle Pinckaers

Alice est convoquée au tribunal avec ses deux enfants, Lila une ado de 17 ans et Etienne un petit garçon de 10 ans.

Le père dont elle est divorcée et qui n'a pas vu ses enfants depuis deux ans en demande subitement la garde. Etienne se montre particulièrement récalcitrant. Il hurle, se roule par terre, refuse de monter dans le bus. Nous comprendrons rapidement pourquoi cet enfant est terrifié à l'idée de revoir son père. Finalement, face au juge et accompagnés de trois avocats (celui de la mère, celui du père et celui qui représente les enfants isolés dans une autre pièce) le père et la mère vont successivement exposer les faits.

"On vous croit"... ce sont les seuls mots que ces enfants veulent entendre. Ils n'en peuvent plus de répéter les mêmes choses, d'avoir à se justifier depuis des années. Ils n'ont que cette certitude : ils ne veulent plus revoir ce père, jamais. Il a violé Etienne qui depuis est atteint d'un trouble très invalidant, l'encoprésie.

Le dispositif minimaliste est original et inédit. Pendant près d'une heure, les deux réalisateurs nous enferment dans le bureau de la juge (une actrice) avec trois avocats (trois authentiques baveux) et deux acteurs qui jouent les rôles des parents. On ne quittera cet endroit que lors de la toute première scène déjà éprouvante et de la scène finale lorsque l'audience est terminée et que la juge annonce qu'elle rendra son verdict... plus tard car le temps de la justice n'a que faire du désarroi des victimes. C'est d'un réalisme et d'une authenticité implacables. Nos nerfs et nos émotions sont mises à rude épreuve car chacun leur tour les deux parties doivent exposer les faits sans être interrompus par qui que ce soit et surtout pas par la partie adverse qui conteste. On ne doute pas un instant de la culpabilité du père et pourtant le suspense est parfois insoutenable. Le récit des faits est insupportable. La mère ne mâche pas ses mots pour les relater. Evidemment, il n'y avait aucun témoin mais jamais ce qu'un petit enfant raconte de ces abjections ne devraient être mis en doute. Comment pourrait-il inventer de telles saloperies ?

En évitant le sensationnalisme et le voyeurisme, les réalisateurs se concentrent en priorité sur la mère (incarnée avec une puissance rare par Myriem Akheddiou) qui porte sur le visage la détresse, la colère, l'épuisement et la rage d'une femme qui se bat pour protéger ses enfants en danger. La caméra ne rate rien de la moindre de ses réactions même lorsqu'elles sont violemment épidermiques parce que l'homme qu'elle a jadis aimé la frôle.

Mais il ne faut pas négliger le courage de Laurent Capelluto (qui n'a ni pris ni perdu 10 kilos pour le rôle) qui réussit  l'exploit avec son regard perdu et sa forme de sincérité à donner une part d'humanité à son personnage détestable. L'ado est un concentré de rage et hyper protectrice avec son petit frère qui lui, crève le coeur.

La scène que j'appellerais "du cadeau", dont je ne dirai rien, est un moment d'une rare violence qui m'a coupé le souffle. On a envie de vomir.

Un film choc qui dépeint la triste réalité que la plupart des enfants violés le sont au sein de leur famille.

NB. : Chaque année 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, dont 77 % au sein de la famille (estimation CIIVISE  - Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants).

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