LE CHANT DES FORÊTS
de Vincent Munier ***(*)
avec Michel, Vincent et Simon Munier
DOCUMENTAIRE FRANCE (Vosges)
Trois générations de Munier, Michel le père, Vincent le fils photographe réalisateur et le petit-fils Simon apprenti naturaliste nous emmènent au coeur de la forêt vosgienne loin des sentiers balisés pour randonneurs à bâtons. La balade est merveilleuse.
Vincent Munier nous avait déjà conviés à Noël 2021 à partir sur les traces de La panthère des neiges en compagnie de Sylvain Tesson. Les deux garçons nous invitaient à nous "contenter du monde, à lutter pour qu'il demeure" et à nous émerveiller avec eux. Cette fois c'est dans leur environnement proche que Michel et Vincent accompagnent le jeune Simon, 12 ans, à partir à la découverte de la faune abondante, complexe et variée de cette forêt souvent enveloppée d'une espèce de mousse blanche nébuleuse qui lui donne un aspect fantasmagorique. La relève est assurée car le jeune garçon est aussi curieux et ébloui que le furent (et le sont toujours) son père et son grand-père par cette nature déroutante et fascinante.
Le titre de ce film aurait pu être Le grand Tétras car ce gros gallinacé a toujours fasciné Michel dont il pleure aujourd'hui la disparition des forêts françaises. L'évocation de ce bel oiseau aux énormes sourcils rouge vif, capable de faire la roue comme un paon et au caquètement aussi étrange que parfaitement reconnaissable ne cessera de revenir au cours des récits jusqu'à ce que les trois garçons décident de se rendre dans le grand Nord là où ce gros coq de bruyère survit encore.
Personnellement j'ai fait connaissance avec le Grand Tétras il y a quelques mois grâce aux courts métrages qui précèdent chaque nouveau film programmé dans mon Caméo. En moins de trois minutes, un sanglier, un grand tétras et une cigogne nous permettent d'approfondir nos connaissances sur le Grand Est. C'est chaque fois très drôle et très intéressant. Je crois n'en avoir manqué aucun et j'espère que l'initiative durera longtemps. Je vous invite à en découvrir un épisode.
Mais revenons-en à la famille Munier, à l'affût de tout ce qui se présente et peut surgir devant leurs yeux ou l'objectif de leurs caméras. Il faut pour cela une infinie patience et un grand calme ce dont Michel, Vincent et Simon ne manquent pas. Embusqués dans des cachettes de fortune faites de branchages, ils attendent et nous aussi. Parfois le miracle se produit. Imaginez quel calme et quelle patience il faut pour que des cerfs, une biche et son faon et surprise ultime un lynx s'approchent et ignorent votre présence ! A l'écran c'est sublime. En "vrai" cela doit être fascinant. Les yeux de l'enfant parfois s'embuent devant tant de merveilles !
Chaque trou d'arbre, chaque excavation recèle des petits trésors vivants. Parfois une petite tête emplumée surgit puis une autre qu'on attendait pas. Les joies sont simples et pourtant extraordinaires car cette forêt est bruissante de toute cette vie, de cette agitation permanente qui offre aussi un concert quasi incessant de sons, de cris, de feulements, de souffles, de chants et de craquements. Un écureuil surgit, une chouette chevêchette se réveille et sort de son trou. Tout est absolument splendide. Et Michel loue les forestiers qui laissent les troncs ou les arbres morts qui rapidement se couvrent de mousse, de végétation et redeviennent des refuges où la vie reprend ses droits*.
S'ils ne dorment pas dans des sacs de couchage à même la mousse humide, Michel, Vincent et Simon se retrouvent parfois dans une cabane (un gîte de montagne) seuls sans électricité et à la lueur de bougies évoquent leurs souvenirs et leurs attentes. Ce n'est jamais niais ou donneurs de leçons.
Et lorsque le père demande au petit Simon ce qu'il espère comme programme pour le lendemain, sa réponse jaillit : "encore des histoires !". Parfois Simon a du mal à s'extraire de son sac de couchage pour repartir en observation mais il n'hésite pas à se baigner joyeusement dans une eau sans doute glacée et à s'émerveiller avec beaucoup d'émotion et d'attention devant tous ces spectacles.
Ce film est un enchantement.
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* A ce propos, je vous invite, si vous avez décoré un véritable sapin pour les fêtes, de le déposer au fond de votre jardin (si vous avez la chance d'en avoir un). Il sera un merveilleux refuge pour les petites bestioles pendant les trois mois d'hiver.





