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Ángela molina

  • BLANCANIEVES de Pablo Berger ***

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    Le conte des frères Grimm revu et corrigé en Espagne à Séville dans les années 20, en noir et blanc, en format carré, muet et dans le monde de la tauromachie. Je précise d'entrée qu'aucun animal ne semble avoir n'a été martyrisé durant le tournage et qu'aucune mise à mort ne conclut les scènes de corrida.

    Carmen n'est pas encore née lorsque son père, torero célèbre et prestigieux se fait encorner par un taureau. Il sort vivant de cet accident mais reste paralysé des bras et des jambes. Sa femme meurt en mettant au monde une petite fille. Inconsolable de la perte de sa femme tant aimée, il rejette immédiatement l'enfant. La petite s'en va vivre avec sa nounou et mène une enfance parfaitement heureuse tandis qu'une infirmière vénale met le grappin sur le toréro paralysé, son magot et son magnifique chateau. Lorsque la nounou meurt à son tour, Carmen revient vivre au chateau paternel mais sa marâtre lui offre un taudis pour chambre, lui coupe sa magnifique chevelure d'ébène, l'empêche de voir son père, et la condamne à n'être qu'une souillon, une bonne à tout faire, un genre de Cendrillon. La rencontre avec une troupe ambulante de nains toreros va changer  une nouvelle fois la vie de Carmen qui sera désormais surnommée "Blancanieves".

    Sans tomber dans la nostalgie, les regrets ou la facilité une peu vaine du "c'était mieux avant", il faut bien reconnaître que ce film muet, en noir et blanc, sublimé par une lumière  exceptionnelle et une musique magnifique est une splendeur. Le réalisateur joue avec les lumières, les ombres, façonne les espaces (la chambre du torero paraît démesurée), il scrute les visages au plus près comme pour ausculter les âmes, et s'attarde particulièrement sur celle irrémédiablement noire et funeste de la marâtre. Incarnée avec sensualité et délectation par la somptueuse Maribel Verdu, elle est une sorcière de conte la plus machiavélique, perverse et sadique qui soit. Je vous laisse découvrir toutes les ruses et perfidies dont elle est capable. Tout comme je ne dis mot sur ce qui la rend folle de rage et l'incite à offrir la fameuse pomme empoisonnée à Blanche-Neige. Si la dame est très préoccupée par son physique et son apparence, elle n'interroge pourtant pas son miroir pour savoir qui de la jeune fille ou d'elle est la plus belle (la jeune Macarena Garcia est elle aussi une beauté rayonnante). Elle entre néanmoins en furie en découvrant ce qu'elle considère comme le pire affront imaginable. Et là, Pablo Berger teinte son propos d'un humour inattendu et fait un magnifique clin d'oeil à la superficialité de notre époque.

    L'esthétique formel indiscutable de ce film inclassable, original d'une fulgurante beauté ne néglige en rien l'histoire. Le réalisateur prend évidemment de grandes libertés vis-à-vis du conte original et les surprises n'en sont que plus appréciables.

    J'aurais comme seul regret à émettre, le manque d'émotion tout au long du récit malgré tous les déboires éprouvés par l'héroïne et une interprétation irréprochable. Cette affirmation, ce regret sont totalement anéantis par la dernière scène et surtout la toute dernière image sublime, déchirante, inattendue.