artus de penguern
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LA CLINIQUE DE L'AMOUR de Artus de Penguern ***
La clinique Marshall est dirigée par Monsieur Marshall et ses deux fils chirurgiens. John l'aîné, timide et compétent, Michael le cadet beaucoup plus dilettante et tombeur en série de blouses d'infirmières. Michaël est fou amoureux de la délicieuse Priscilla mais par manque d'audace, il se fait souffler la belle par son frère qui l'épouse. Dépité, Michaël s'enfuit à l'autre bout du monde soigner des esquimaux et rencontrer un ours... John en profite pour faire une formation accélérée en chirurgie esthétique et fait rapidement péricliter la clinique à cause de ses erreurs médicales. Manipulé par une nouvelle infirmière fatale, la pernicieuse Samantha tout en décolleté et en chuchotements suaves, il va tenter de vendre ses parts à l'ennemi, un laboratoire qui a la mainmise sur tout le secteur médical français. Contraint de revenir au pays suite au malaise cardiaque du père, John va tout faire pour remettre de l'ordre dans la clinique.
Artus de Penguern a une tête impossible et il prête son visage de Pierrot lunaire et tourmenté à John. Son film est à l'image de son personnage, éminemment sympathique et positif, drôle et poétique. Son exil volontaire au début du film n'est sans doute qu'un prétexte pour se donner l'occasion et la possibilité de concocter et de réussir un bel hommage, en forme de copier/coller, à Charlie Chaplin dont on ne doute pas un instant qu'il soit son maître à penser. Passé ce court métrage dans le long, La Clinique de l'amour se veut surtout être un pastiche savoureux des soap opera, ces feuilletons (Dallas, Les feux de l'amour) qui enchaînent les invraisemblances et accumulent les personnages la plupart du temps limités à un seul trait de caractère. Il y a donc la gentille infirmière qui rêve d'une vie tranquille avec un amoureux qui ferait cuire du bacon sur le barbecue pendant que les enfants papillonneraient dans le jardin, l'empathique, la féministe, la garce, mais aussi le tombeur, l'amoureux éconduit, le toubib qui pose des diagnostics longs comme un jour sans pain rien qu'en posant la main sur le front du malade... sans compter tous les rôles secondaires encore plus caricaturaux et qui gravitent autour des principaux ! Les acteurs s'en donnent à coeur joie avec le plus grand sérieux autour de leur réalisateur/acteur, et le spectateur déguste.
Mais contrairement à ces séries interminables, le réalisateur nous le sert ici à la sauce Y'a t'il un pilote dans l'avion ? Et c'est peu dire que l'on s'amuse à voir ces quelques individus se dépatouiller de situations improbables qui en toute logique mêlent argent, magouilles, arrivisme et surtout l'Amour. Car c'est la rengaine de chaque personnage : trouver l'Amour. Et ce n'est qu'à l'issue de maints coups de théâtre et péripéties plus farfelus et invraisemblables les uns que les autres, que chacun trouvera sa chacune, son double ou sa moitié. Mais aussi que les méchants seront punis (mais pas trop) et les gentils récompensés. Et sous ses airs inoffensifs de plaisante bagatelle un rien j'm'en foutiste, Artus de Penguern nous embarque dans sa folie douce et emballe son scenario jusqu'aux twists de la dernière bobine. Une gourmandise vraiment bienfaisante !