Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

bahman ghobadi

  • Les chats persans de Bahman Ghobadi ***

    Les Chats persansLes Chats persans

    Les Chats persans

    Negar et Ashkan sont chanteurs, compositeurs et interprètes et désirent former un groupe puis se produire en concert à Londres. Ce projet sincère semble simple sauf que ce jeune couple vit à Téhéran en Iran et que là-bas la musique comme beaucoup d'expressions artistiques est interdite. D'ailleurs Negar et Ashkan sortent de quelques jours de prison pour avoir été surpris en répétition.

    Ils vont entrer en contact avec Hamed, jeune homme débrouillard et survolté qui se prend pour Marlon Brando et qui va les aider dans un véritable parcours du combattant pour mener à terme leur rêve fou. Hamed se charge de tout... c'est-à-dire de leur trouver des passeports et des visas qui coûtent des fortunes en milliers de dollars pour quitter l'Iran, mais également leur faire rencontrer d'autres musiciens désireux eux aussi de fuir le pays pour réaliser leur ambition.

    Dans ce road movie musical à l'intérieur d'une seule ville, la bouillonnante Téhéran, le réalisateur se sert des différentes rencontres que vont faire Negar et Ashkan pour nous présenter la situation de la jeunesse dans un pays où la musique est jugée "impure". C'est terrible et effrayant mais la vitalité, l'optimisme, l'acharnement, la détermination sans faille et l'espoir de ces jeunes est vivifiant et admirable. Là où nous serions anéantis, ils puisent leur force dans l'adversité et ne renoncent à rien surtout pas à leurs rêves même s'il faut en passer par l'exil pour obtenir ce qui nous semble à nous évident comme un dû : la liberté. C'est forcément très beau et bouleversant de suivre ces jeunes obligés de se cacher sans cesse dans des caves tapissées de boites à oeufs pour amortir les sons, ou dans des granges au fin fond de la campagne, de se produire à la seule lueur des bougies pour éviter que les éclairages n'éveillent les soupçons, de se méfier des voisins capables par ennui ou par pure bêtise de les dénoncer à la police !

    L'autre aspect réjouissant de ce film est qu'il nous donne un aperçu vraiment complet de la création musicale underground iranienne qui va du folklore au rap, en passant par le rock indie, le blues ou des chants traditionnels. Et c'est magnifique, surprenant, d'une qualité exceptionnelle et nous offre un échantillon saisissant de talents et de virtuosité hélas méconnus. Rien que pour ces découvertes musicales le film vaut le voyage. Mais plus encore il témoigne de la complexité et du péril de vivre dans un pays sous un régime despotique. Et il est poignant de suivre ces jeunes dont certains n'ont d'autre objectif que de fuir pour vivre enfin et d'autres qui affirment qu'ils ne quitteront jamais l'Iran parce que c'est leur pays, comme ce rappeur qui scande un rap magnifique et étonnant.

    Malgré la gravité et l'urgence qui se manifestent, le réalisateur n'est jamais lourd et désespéré. On peut même rire franchement à plusieurs reprises grâce au surprenant Ahmed  (l'acteur Ahmed Behdad, impressionnant) et notamment dans une scène hilarante d'interrogatoire dans un commissariat qui prouve en quelques minutes tordantes à quel point ce régime est corruptible.

    Mais le final sans concession fige le spectateur.