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cow-boy - cinéma

  • Cow-Boy de Benoît Mariage **

    Cowboy
    CowboyCowboy

    Coup de mou existentiel pour Bruno qui est mal dans sa vie, dans son travail, dans son couple. Journaliste pour la télévision, il se retrouve à s’humilier dans des clips pour la sécurité routière. Alors que sa femme, en plein désir d’enfant, le considère comme atteint du syndrome de Peter Pan, il décide de retrouver Sacchi, héros révolutionnaire de sa jeunesse qui avait pris les enfants d’un bus en otages pour protester contre le licenciement abusif de son père. L'obsession de Bruno devient de rassembler tous les acteurs de ce drame et d’en faire la reconstitution sous forme de documentaire. Il parvient à convaincre son patron qui l’associe pour ce projet à une équipe de bras cassés. Il va effectivement retrouver Sacchi qui a perdu tous ses idéaux en devenant un gigolo pathétique (ou l’inverse), ainsi que tous les otages et leur proposer un voyage de trois jours dans LE bus, jusqu’à la mer du Nord (ah la mer du Nord !!!).

    Nouveau festival Poelvoorde qui ne décevra pas ses fans dont je suis. Quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, il est bon, il est excellent et surprenant. Quand il doit convaincre, il trouve des arguments dont on a toujours l’impression qu’il les invente au fur et à mesure et qu’il parvient à se convaincre lui-même. Quand il affirme à son collègue terre à terre : « Le conflit c’est l’essence même du cinéma. Tu t’emmerdes s’il n’y a pas de conflit », on le croit, même si on n’y comprend rien et qu’on ne voit pas le rapport. Quand il rencontre dans un restaurant le « vrai » Olivier Gourmet et qu’il s’approche de sa table pour l’inviter à la sienne, il lui balance "ben alors les frères Dardenne vous ont laissé tomber" ou  « attention, la palme dort »… on rit, alors que dans la bouche de quelqu’un d’autre, ce serait limite très con. Mais Benoît a l’art et la manière. Il ne craint pas le ridicule et lorsque sa femme l’emmène dans des réunions de puériculture et qu’il se retrouve à faire du « portage de bébé », il est drôle et même touchant. Tout autre que lui aurait l’air d’un plouc, c’est ainsi.

    En dehors de la prestation très anxieuse, la plus belle à ce jour, de Benoît Poelvoorde, il y a le tournage du film dans le film (exercice que j’apprécie toujours) et la manipulation des images par ceux qui les créent. Bruno n’hésite pas, entre autre, à modifier les cadrages pour provoquer l’émotion du spectateur. Le tournage est un fiasco. Personne ne se prête réellement à ce jeu de dupe et Bruno sombre de plus en plus.

    Autour de l’acteur extraordinaire Poelvoorde, il y a Gilbert Melki qui se régale visiblement à jouer les gigolos, blasé, profiteur de toutes les situations mais avec aussi plusieurs fêlures qu’on découvre peu à peu, et ce formidable acteur belge qu’est François Damiens (déjà vu dans « OSS 117 »), à la fois naïf, attentif, sensible et généreux.

    Mais c’est pour Benoît (et la bonne idée du faux reportage sur le vif…) que le film mérite le voyage. Mieux et plus que jamais on sent ici le tourment et les angoisses du personnage et peut-être de l’homme, qui c’est certain, nous fera pleurer prochainement. Pour achever de vous convaincre, j’ajouterai qu’il faut le voir reprendre goût à la vie en chantant « Non, non rien à changer des Poppies »… Je ne vous en dis pas plus, mais son sourire…