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  • Ezra de Newton I. Aduaka ***

     

    Ezra

    Ezra n’a que 9 ans lorsqu’un matin débarquent dans son école une horde de types effrayant qui embarquent manu militari tous les garçons. Ezra sera comme ses compagnons, embrigadés et entraînés au fin fond de la jungle pour commettre les pires atrocités. On retrouve Ezra quelques années plus tard. Il a réussi à échapper à ses tortionnaires sauvages et doit faire face à un tribunal international de réconciliation nationale organisé par l’ONU. Le jeune homme par ailleurs, complètement traumatisé vit dans un centre de réhabilitation psychologique. Au tribunal, qui n’est pas là pour juger, mais pour comprendre et aider les anciens enfants soldats et permettre le pardon et la compréhension, Ezra doit faire face à sa sœur. Lors d’une nuit d’enfer et de cauchemar, complètement drogué et alcoolisé, il aurait lui-même tué ses propres parents et coupé la langue de sa sœur… Ezra ne se souvient de rien.

    Le film, très beau, très bien fait réussit l’exploit d’être à la fois une fiction et un témoignage implacable sur une réalité qui frappe encore actuellement l’Afrique sans que le reste du monde s’en émeuve. Il y aurait encore aujourd’hui 300 000 enfants soldats. Ici, dans ce pays imaginaire, pas de luttes de classes, de religions ou de « races » mais simplement l’appât du gain et les réserves d’or convoitées. Les scènes de tribunal et de la vie d'Ezra et de ses jeunes compagnons dans la jungle et des actes qu'ils commettent alternent. Les premières permettant quelque peu au spectateur horrifié de "digérer" les secondes révoltantes, insupportables...

    Les deux acteurs principaux, le frère et la sœur, non professionnels, sont extraordinaires.

    Voici comment le réalisateur parle de son film :

    « Ces enfants ont connu l'enfer pour valoriser le prix des diamants, de l'huile, pour permettre à Wall Street de se maintenir à flot. Tout cela m'affecte profondément, et c'est ce qui a nourri Ezra. Le reste, c'est du cinéma".

    Je suis fasciné par la mémoire. Comment elle fonctionne, comment elle oublie ou se souvient, ses différentes strates, comment nous la reconstruisons, consciemment ou non, comment nous nous arrangeons avec elle. Ezra est porteur de tout cela. Sur un plan symbolique, je crois qu'Ezra, c'est nous. Tout le monde. Nous avons tous été effrayés par la violence institutionnalisée, drogués par les médias trop peureux. Comme Ezra, nous avons tous été trompés. Oui, Ezra est semblable à toute une génération d'enfants qui, comme lui, ont pris conscience que pendant qu'ils mourraient de faim ou à la guerre, une poignée de gens avides en profitait. Et ce qu'il y a d'ironique, c'est qu'ensuite, ce sont les mêmes gens, à travers leurs institutions, qui viennent les juger... Les guerres dans le monde peuvent être évitées, mais seulement si toutes les vies valent le même prix. »