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la nostra vita de daniele luchetti

  • LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti ***

    LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti LA NOSTRA VITA de Daniele Luchetti

    Bien que parents de deux garçons et que son ventre bien rond laisse présager sans difficulté l'arrivée imminente d'un troisième, Elena et son mari Claudio sont amoureux comme au premier jour et passent tellement de temps dans leur chambre qu'on comprend pourquoi (et comment) ils vont bientôt former une famille nombreuse. Toutes les ruses leur sont bonnes pour essayer de n'être que tous les deux. Claudio est chef sur un chantier et si la vie de ce couple n'est pas royale, il ne s'en sort pas trop mal financièrement. Claudio et Elena passent beaucoup de temps avec leurs enfants mais sont aussi entourés d'amis fidèles et d'une famille chaleureuse avec qui ils partagent les week ends au bord de la mer. Hélas, ce bonheur se volatise brutalement lors de l'accouchement qui se passe on ne peut plus mal puisqu'Elena y trouve la mort. Totalement brisé, Claudio, seul avec ses trois enfants va faire toute une succession de choix étranges et hasardeux.

    Il va avant toute chose croire que dorénavant le bonheur de ses enfants ne pourra passer que par l'acquisition de biens matériels. Il ne va dès lors plus rien leur refuser et se met à dépenser sans compter. Il abandonne son travail, se met "à son compte" et entreprend un chantier avec tout ce que cela comporte d'actes hors la loi : embauche de main-d'oeuvre étrangère au noir, pots de vin entre autre. La mort accidentelle d'un roumain sera même dissimulée à la police. Après le prodigieux Mon frère est fils unique en 2007, Daniele Luchetti s'attarde de manière frontale sur l'Italie berlusocinienne en évoquant les petits arrangements dont Claudio sans état d'âme se rend coupable pour s'en sortir. Les leçons du "Cavaliere" semblent porter leurs fruits et l'appât du gain, le désir de paraître, un racisme sournois mais omniprésent sont les nouvelles valeurs prônées comme gage de réussite. Claudio n'est pas un personnage éminemment sympathique et lorsqu'il sera dans la panade jusqu'au cou et même au-delà, rien ne l'arrêtera pour se sortir des emmerdes colossales dans lesquelles il s'est fourvoyé. Claudio n'est pas un père rassurant. Il court, s'agite, hurle, confie ses enfants, se débat contre l'adversité, le chagrin et mollement contre sa conscience, mais tout ce qu'il fait il ne le fait que pour le bien de ses enfants. On n'arrive donc pas à détester le personnage mû par le précepte du chacun pour soi, mais qui veut surmonter sa peine et sa colère par la réussite.

    Evidemment, la conclusion beaucoup trop artificielle comparée à la montée en puissance de la terreur qui s'empare du spectacteur devant les décisions extravagantes et inquiétantes de Claudio, déçoit un peu. Mais il est à noter que Elio Germano, déjà fabuleux dans Mon Frère est fils unique, a reçu la Palme d'Interprétation à Cannes en 2010 pour ce film ci, et qu'il est une nouvelle fois éblouissant, volcanique et profondément attachant.