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mesrine : l'instinct de mort

  • Mesrine : l’instinct de mort **(*)

    Mesrine : L'Instinct de mort - Vincent Cassel

    Premier volet du dyptique retraçant la vie, les amours, les emmerdes et la mort de Jacques Mesrine nous suivons celui qui fut « l’Ennemi Public N° 1 » dans les années 70, de Paris en Espagne et au Canada.
    Que Mesrine (le vrai) exerce une quelconque fascination et qu’on lui attribue des actes héroïques me semble être une aberration. Raciste, misogyne, colérique, caractériel et violent, ce type est un voyou, un truand, un gangster, un tueur, un rebelle qui ne défend aucune cause. Ce film le démontre et si l’on ne savait pas que Mesrine a réellement existé, on dirait que les scénaristes ont un peu chargé la mule. Les prétendus actes glorieux qu’on lui attribue sont en fait complètement irresponsables, le faisant toujours flirter de près avec la mort, comme sa spectaculaire évasion de sa prison au Canada (dont les méthodes n’auraient sans doute pas été reniées par les nazis) ainsi que la tentative insensée de libération plus tard de ses co-détenus. Les quelques démonstrations d’affection envers ses enfants par exemple ne font pas de ce type quelqu’un de sympathique. Il brandissait son nom comme un titre de gloire ou un trophée « je suis Jacques Mesrine » répétait-il à l’envi (dites bien « Mérine » paraît-il si vous ne voulez pas vous en prendre une entre les deux yeux). Quant à son prétendu code de l’honneur qu’il agite comme une évidence, il ne l’empêchait nullement de pointer une arme dans la bouche de sa femme quand elle lui avait un peu trop mis les nerfs. Donc, Mesrine est un sale type et ce film l’illustre bien. Mais derrière ce personnage, il y a un acteur et quel acteur ! Les allergiques à Vincent Cassel devraient fuir d’emblée car il compose là un rôle très « actor’s studio » et son travail sur le physique, la démarche, la voix est impressionnant et phénoménal. Tour à tour inquiet mais surtout inquiétant, tendu, imprévisible, il est une véritable bombe à retardement dont on se demande à chaque instant quand elle va exploser. En ce qui me concerne, je trouve que le spectacle de cette interprétation qui ne fait évidemment pas dans la dentelle mais au contraire dans la démesure, vaut largement le déplacement.
    A ses côtés, plein d’acteurs formidables qui sont à leur meilleur, notamment Gilles Lelouche (toujours parfait), Cécile de France (malgré un rôle bâclé) très convaincante et étonnante dans son rôle de Bonnie Parker amoureuse et Gérard Depardieu (et oui, dans la famille Depardieu, j’aime le père, le fils, la fille et même le sain d’esprit) massif, colossal, immense (dans tous les sens du terme) qui sans forcer, sans surjouer, d’une discrétion et d’une simplicité exemplaires emporte chaque scène.
    Les « plus » de ce film qui donnent évidemment envie de voir le second volet sont donc l’interprétation haut de gamme et le style « à l’américaine » qui donne du rythme et permet de ne pas avoir le temps de souffler un instant.
    Les « moins » résident dans le fait qu’on ne comprend pas vraiment comment Mesrine en est arrivé là, si ce n’est qu’il méprise ses parents, ses débuts prometteurs en assassin lors de la guerre d’Algérie et ses mauvaises fréquentations lorsqu’il rentre en France. Tant qu’à faire un film de quatre heures on aurait pu nous inviter à découvrir comment était le jeune Mesrine. Par ailleurs, le rythme trépidant évite au réalisateur de créer un véritable lien entre les différentes scènes et épisodes de sa vie. Des indications (telle année, tel endroit) nous informent… mais comment fait-il pour voyager alors qu’il est recherché, pour préparer ses « coups », pour faire ses rencontres ? Tout est éludé. Dommage.